Traité de Fort Laramie (1868)

Le traité de Fort Laramie était un accord entre les États-Unis et le peuple Indien Lakota qui fut signé le à Fort Laramie dans le Wyoming. Ce traité garantissait la possession par les Indiens de la région des Black Hills à cheval sur le Dakota du Sud, le Wyoming et le Montana.

Traité signé par William T. Sherman et les Sioux à Fort Laramie dans le Wyoming. Photo par Alexander Gardner (1868).

Le traité prévoyait la protection (dans la réserve) de la population amérindienne et de sa culture mais prévoyait également différentes formations permettant aux Amérindiens de développer leur agriculture. Des violations permanentes du traité par des Blancs occasionnées par la découverte d'or dans la région conduisit à la guerre des Black Hills. Les États-Unis en profitèrent pour saisir les terres en 1877 en violation du traité. Environ 90 millions d'acres furent pris et vendus à des blancs.

Cent ans plus tard, la nation Sioux, dont font partie les Lakotas, remporta une victoire devant la Cour suprême américaine. Le , celle-ci refusa quand même de rendre les terres aux Natives, mais condamna en effet le gouvernement à payer un dédommagement d'un montant de 105 millions de dollars (intérêts compris).

Les indiens refusèrent et exigèrent la restitution de leurs terres à la place, sans succès. A ce jour le montant du dédommagement est de 600 millions de dollars qui restent en suspens.

Un premier traité avait été signé dix-sept ans auparavant, beaucoup plus restrictif en termes d'arrivée de Blancs, mais il avait été remis en cause par la ruée vers l'or de Pikes Peak de 1859, ce qui déclencha la signature en 1861 du traité de Fort Wise, contesté par la plupart des Amérindiens.

Contexte modifier

 
Partie des territoires concernés par le premier traité de Fort Laramie de 1851. Plus tard et à des moments différents, chaque tribu conclura de nouveaux traités avec les États-Unis. Le résultat sera un patchwork souvent changeant de parties plus grandes et plus petites des attributions initiales, de réserves nouvellement établies et d'anciennes terres tribales devenues parties du territoire des États-Unis. Le contour en gras délimite le territoire attribué aux Sioux par le traité de 1851.

Le premier traité de Fort Laramie, signé en 1851, a tenté de résoudre les différends entre les tribus et le gouvernement des États-Unis, ainsi qu'entre les tribus elles-mêmes, dans les régions actuelles du Montana, du Wyoming, du Nebraska, et dans les Dakotas du Nord et du Sud. Il stipulait que les tribus feraient la paix entre elles, autoriseraient certains accès extérieurs à leurs terres (pour des activités telles que les voyages, l'arpentage et la construction de certains avant-postes et routes gouvernementaux), et que les tribus seraient responsables des torts commis par leur peuple. En retour, le gouvernement américain devait offrir une protection aux tribus, et leur payer une annuité de 50 000 $ par an[1],[2].

Aucune terre couverte par le traité n'était revendiquée par les États-Unis au moment de la signature. Les cinq « territoires respectifs » des tribus participantes — Sioux, Arapahos et Cheyennes, Crows, Assiniboines, Arikaras, Hidatsas[note 1] et Mandans — ont été définis. Au nord des Sioux, les Arikaras, Hidatsas et Mandans détenaient un territoire commun. Le territoire des Crows s'étendait à l'ouest à partir de celui des Sioux, leurs ennemis traditionnels[3]:103, 105, 134-136. La rivière Powder séparait les deux territoires[4].

Lorsque le Sénat a réduit les annuités à 10 ans contre 50 à l'origine, toutes les tribus à l'exception des Crows ont accepté la réduction. Néanmoins, le traité a été reconnu comme étant en vigueur[5].

Le traité de 1851 comportait un certain nombre de lacunes qui ont contribué à la détérioration des relations et à la violence qui a suivi au cours des années suivantes. D'un point de vue inter-tribal, l'absence de dispositions d'exécution protégeant les frontières de 1851 s'est avérée un inconvénient pour les Crows et les Arikaras, Hidatsas et Mandans[6]. Le gouvernement fédéral n'a jamais respecté son obligation de protéger les ressources tribales et les terrains de chasse, et n'a effectué qu'un seul paiement pour les annuités[1],[2],[7].

Bien que le gouvernement fédéral fonctionnait via la démocratie représentative, les tribus l'ont fait par consensus, et bien que des chefs locaux aient signé le traité en tant que représentants, ils avaient un pouvoir limité pour contrôler les autres qui n'avaient eux-mêmes pas consenti aux termes du traité. La découverte d'or dans l'Ouest, et la construction de la ligne ferrée de l'Union Pacific, a conduit à une augmentation substantielle des déplacements dans la région, en grande partie en dehors du territoire des Sioux de 1851. Cela a conduit a de plus en plus d'affrontements entre les tribus, les colons et le gouvernement américain, et finalement à une guerre ouverte entre les Sioux (et les réfugiés cheyennes et arapahos après le massacre de Sand Creek au Colorado en 1864)[8]:168–70 et les blancs en 1866[1],[2],[7].

 
Carte montrant les principales batailles de la guerre de Red Cloud, ainsi que les principales frontières du traité de 1851. Pendant la guerre de Red Cloud, les Sioux ont défait l'Armée des États-Unis dans les mêmes plaines où ils avaient auparavant vaincu les Crows. En 1868, les États-Unis et les Sioux ont entamé des négociations concernant la partie occidentale du bassin de la rivière Powder, bien qu'aucun des deux ne détienne de droits sur ces terres[4].

Aucune des autres tribus signataires du traité de 1851 n'a engagé de bataille avec les soldats américains[9],[10],[11],[12]:xi, et la plupart se sont alliées à l'armée[13],[14],[11],[15]:129. Avec la paix intertribale de 1851 bientôt rompue[16]:572-3[17]:226, 228,[18],[19]:119, 125-140, 178, les Arikaras, Hidatsas et Mandans ont appelé à un soutien militaire de l'Armée américaine contre les raids des Sioux en 1855[20]. À l'été 1862, les trois tribus avaient abandonné tous leurs villages permanents de huttes de terre situés dans le territoire qui leur était attribué par le traité au sud du Missouri, qui était désormais sous contrôle sioux, et vivaient ensemble à Like-a-Fishhook Village (en), au nord de la rivière[21],[22]:408.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Appelés Gros Ventres.

Références modifier

  1. a b et c (en) « Section 3: The Treaties of Fort Laramie, 1851 & 1868 », sur North Dakota Studies, North Dakota State Government (consulté le ).
  2. a b et c (en) « Fort Laramie Treaty of 1851 (Horse Creek Treaty) », sur National Park Service (consulté le ).
  3. (en) Mallory Gerrick, Annual report of the Bureau of Ethnology to the Secretary of the Smithsonian Institution 4th 1882–1883, Smithsonian Institution, Bureau of American Ethnology, (OCLC 855931398, lire en ligne), « The Dakota Winter Counts », p. 89-127.
  4. a et b Kappler 1904, p. 595.
  5. Kappler 1904, p. 594.
  6. Hoxie 1995, p. 87.
  7. a et b (en) « Wyoming: Fort Laramie National Historic Site », sur National Park Service (consulté le ).
  8. (en) John Stands In Timber, Margot Liberty et Robert Marshall Utley, Cheyenne Memories, Yale University Press, (ISBN 9780300073003, lire en ligne).
  9. Kennedy 1961, p. LVII.
  10. Meyer 1977, p. 54.
  11. a et b Malouf 1963, p. 161.
  12. (en) Joseph Medicine Crow, From the Heart of the Crow Country : The Crow Indians' Own Stories, University of Nebraska Press (ISBN 080328263X, lire en ligne).
  13. Hoxie 1995, p. 91.
  14. Meyer 1977, p. 127.
  15. (en) Mary J. Schneider et Carolyn Schneider, The way to independence : memories of a Hidatsa Indian family, 1840-1920, Minnesota Historical Society Press, (ISBN 9780873512183, lire en ligne).
  16. (en) Garrick Mallery, Picture-writing of the American Indians, Courier Corporation, (ISBN 9780486228426, lire en ligne).
  17. (en) Candace Greene, « Verbal Meets Visual: Sitting Bull and the Representation of History », Ethnohistory, vol. 62, no 2,‎ , p. 217-240 (DOI 10.1215/00141801-2854291).
  18. McGinnis 1990, p. 103.
  19. (en) Charles Wesley Allen, Red Cloud et Sam Deon, Autobiography of Red Cloud: War Leader of the Oglalas, Montana Historical Society, (ISBN 9780917298509, lire en ligne).
  20. Meyer 1977, p. 106.
  21. Meyer 1977, p. 108.
  22. Serial 1220, 38th Congress, 2nd Session, Vol. 5, House Executive Document No. 1.

Annexes modifier

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Bibliographie modifier

  • (en) Frederick E. Hoxie, Parading Through History : the Making of the Crow Nation in America 1805–1935, Cambridge University Press, (ISBN 9780521485227, lire en ligne).
  • (en) Charles J. Kappler, Indian Affairs : Laws and Treaties, vol. 2, United States Government Publishing Office, (OCLC 33039737, lire en ligne).
  • (en) Michael S. Kennedy, The Assiniboines : from the accounts of the Old Ones told to First Boy (James Larpenter Long), Norman, University of Oklahoma Press, (OCLC 6095929).
  • (en) Carling Isaac Malouf, Crow-Flies-High (32MZ1), a Historic Hidatsa Village in the Garrison Reservoir Area, North Dakota, United States Government Publishing Office, (OCLC 911830143, lire en ligne).
  • (en) Anthony McGinnis, Counting Coup and Cutting Horses : Intertribal Warfare on the Northern Plains, 1738-1889, Cordillera Press, (ISBN 9780917895296, lire en ligne).
  • (en) Roy Willard Meyer, The village Indians of the upper Missouri : the Mandans, Hidatsas, and Arikaras, University of Nebraska Press, (lire en ligne).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier