Théorème de Hilbert (géométrie différentielle)

En géométrie différentielle, le théorème de Hilbert, publié par David Hilbert en 1901, affirme qu'on ne peut pas représenter le plan hyperbolique dans l'espace usuel, ou plus rigoureusement qu'il n'existe pas de surfaces régulières de courbure constante négative immergées isométriquement dans .

Historique modifier

Démonstration modifier

Un énoncé rigoureux du théorème est que

Théorème — Si   est une variété riemannienne complète de dimension 2, de courbure négative constante  , il n'existe pas d'immersion isométrique de   vers  .

La démonstration est complexe et passe par une série de lemmes. L'esquisse qui suit, proche de la preuve de Hilbert, mais s'appuyant sur la présentation faite dans les livres de Do Carmo et Spivak, consiste essentiellement à montrer l'impossibilité d'une immersion isométrique   d'une surface   (déduite de   et isométrique au plan hyperbolique  ) vers l'espace euclidien  .

On commence, sans perte de généralité puisque les similitudes de   multiplient la courbure par une constante, par supposer  . L'application exponentielle   [3]est un difféomorphisme local (en fait, un revêtement, d'après le théorème de Cartan-Hadamard), elle induit donc un produit scalaire (et une métrique) en chaque point de   le plan tangent à   en  . On note   ce plan muni de cette métrique ; si  est une immersion isométrique, il en est de même de  . On montre successivement que   et   sont isométriques, que   est d'aire infinie, et que l'aire de l'image de   par   est finie, d'où la contradiction cherchée.

Lemme 1 :   et   sont isométriques.

Définissant   comme variété riemannienne, on construit une application   par l'intermédiaire des applications exponentielles vers les plans tangents, et on applique des résultats de géométrie différentielle pour montrer (théorème de Minding) que   est une isométrie locale, puis (  étant simplement connexe) que   est une isométrie globale.

Lemme 2 : l'aire de   est infinie.

Utilisant la première forme fondamentale, on peut identifier   à   en prenant autour de chaque point de coordonnées   les coefficients de la jacobienne   ; on a donc comme expression de l'aire  .

Lemme 3 : pour chaque  , il existe une paramétrisation de   par un ouvert de  ,  , tel que les courbes coordonnées sont asymptotes ; l'aire de tout quadrilatère formé par ces courbes est inférieur à  .

Lemme 4 :   peut se prolonger en un difféomorphisme bijectif.

  peut donc être couvert par une réunion de quadrilatères inclus les uns dans les autres, et d'aires bornées par  , d'où la contradiction cherchée.

Voir aussi modifier

Notes et références modifier

  1. Erik Holmgren, « Sur les surfaces à courbure constante négative », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, Paris, Gauthier-Villars, t. 134,‎ , p. 740-743 (lire en ligne  , consulté le ).
  2. (ru) Nikolai Efimov, Непогружаемость полуплоскости Лобачевского. Вестн. МГУ. Сер. мат., мех. — 1975. — No 2. — С. 83—86. (Il n'existe pas de submersion du demi-plan de Lobatchevski).
  3. Elle est bien définie sur tout le plan tangent, puisque   est complète (c'est le théorème de Hopf-Rinow).

Bibliographie modifier