ST Dupont
S.T. Dupont[3] est une entreprise française spécialisée dans la conception d'accessoires de luxe (briquets, instruments à écrire, maroquinerie, horlogerie, bagagerie, prêt-à-porter, parfums). Elle est cotée à la bourse de Paris.
S.T. Dupont | |
Création | 1872
1957 sous la forme juridique actuelle |
---|---|
Fondateurs | Simon Tissot Dupont |
Personnages clés | Alain Crevet, PDG[1]. |
Forme juridique | SA à conseil d'administration |
Action | Euronext : DPT |
Siège social | Paris France |
Direction | Mounir Moufarrig (vice président) |
Actionnaires | voir tableau |
Activité | Autres activités manufacturières |
Produits | Briquets, stylos, maroquinerie, montres et accessoires |
Société mère | Sequana Capital |
Effectif | 209 en 2018/2019 |
SIREN | 572 230 829 |
Site web | www.st-dupont.com |
Chiffre d'affaires | 41 518 000 € à fin mars 2019 |
Résultat net | -3 242 000 € à fin mars 2019[2] |
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Historique
modifierL'entreprise S.T. Dupont voit le jour en 1872 dans l'atelier parisien de Simon Tissot-Dupont, d'où proviennent les initiales « ST ». Issu de la migration savoyarde de la seconde partie du XIXe siècle[4], Simon Tissot-Dupont est né en 1847 au village de Saint-Ferréol, à proximité de Faverges où il décède en 1922[5],[6].
À l'origine, Simon Tissot-Dupont crée une entreprise de carrosserie qui disparaît après un incendie. Il rachète ensuite un atelier de fabrication de porte-documents de qualité qu'il fait fleurir. En 1919, âgé de 72 ans, il lègue son affaire à ses deux fils, Lucien et André[4]. Rapidement, la société s'agrandit et emploie 250 personnes. En 1923-24, les frères décident d'installer une usine de production à Faverges[4], qui possède déjà un tissu industriel avec les soieries de la compagnie Duport et la société suisse Stäubli.
Face à la crise de 1929, et à la suite d'un voyage à New York, Lucien décide d'orienter l'entreprise vers la production de produits de luxe, notamment des mallettes de voyage[7], à destination du « Gotha » international. La qualité des produits gagne, notamment avec l'utilisation de la laque de Chine et l'or. La fabrication des premiers briquets démarre en 1939[6]. Il s'agit d'un briquet en or, intégré à la mallette de Yadavindra Singh, Maharaja de Patiala (en)[8].
Pendant la guerre, les acheteurs de mallettes étant moins nombreux, André suggère l'idée de fabriquer des briquets à essence. La demande de brevet est déposée en décembre 1940 à Annecy et avalisée en 1941. À la fin de la guerre et compte tenu de la restriction de la durée des voyages, la société S.T. Dupont oriente sa production vers les briquets. Parmi les utilisateurs célèbres de briquets Dupont, on note Andy Warhol, Coco Chanel, Marilyn Monroe, Louis Renault, Jackie Kennedy ou encore Humphrey Bogart et Audrey Hepburn. Les deux derniers nommés ont chacun donné leur nom à une ligne de briquets[9]. Le duc et la duchesse de Windsor ont donné la dénomination « Windsor » à plusieurs briquets à essence et à gaz (D57, BS, BR ou Ligne 1, PN ou Ligne 2), possédant une esthétique commune mêlant laque de Chine de différentes couleurs et placage or, pendant plusieurs décennies.
Le prestige de la marque s'accroît à l'occasion du mariage de la princesse Élisabeth du Royaume-Uni, en 1948, lorsque le président de la République française Vincent Auriol lui offre une mallette de voyage signée S.T. Dupont, la dernière produite[6].
Afin de ne pas être supplantée par la société Flaminaire dans la course à l'innovation, la société commercialise en 1952 son premier briquet à gaz utilisant du butane, le modèle D57 qui possède initialement un brûleur de forme ronde fabriqué par Primagaz ne donnant pas grande satisfaction. Ce brûleur est très rapidement remplacé par un brûleur de forme carrée conçu et fabriqué par la maison S.T. Dupont qui dotera aussi les modèles à gaz BSP et BSG de la génération suivante.
Au début des années 1960, l'entreprise de luxe se lance dans l'aventure du briquet jetable[10],[11], créé en 1948 par Marcel Bich. La filiale Samec est créée en 1961[10]. Le Cricket avec une recharge Dupont, premier briquet jetable européen, fait son apparition en 1964[11],[10]. Si le produit marche en France, les ventes ne décollent pas aux États-Unis[12]. En 1966 sort le premier briquet dont la hauteur de flamme est réglable sans outil dénommé BRP (Briquet Réglable Petit) pour le modèle adapté à la taille des mains des femmes et BRG (Briquet Réglable Grand) pour celui adapté à celle des hommes. Ces deux modèles remplacent les modèles BSP (Briquet Standard Petit) et BSG (Briquet Standard Grand) dont la hauteur de flamme est réglable avec un petit outil agissant sur le brûleur et une roue dentée, située sur la platine du briquet, manipulable avec un doigt permet d'interrompre le débit du gaz lorsque le capot du briquet est fermé ou ouvert.
Dès 1969, Michel Vinaver, PDG la société américaine Gillette, négocie l'acquisition de l'entreprise ST Dupont[13]. Celle-ci est achetée en 1971 et obtient 48 % du capital[12],[14]. L'État français n'autorisait pas encore une prise de contrôle majoritaire des entreprises[12].
En 1973, afin d'élargir sa gamme de produit, elle fabrique le premier stylo, sous le nom « Classique ».
En mars-, le site de Faverges est le théâtre d’un mouvement de grève avec occupation d’usine typique de l’après 68[15].
Le briquet Cricket est revendu au suédois Swedish Match en 1984[16].
Afin de promouvoir son offre, la société ouvre son premier magasin parisien au 84 rue du Faubourg-Saint-Honoré, en 1980, un second est ouvert en 1987, 58 avenue Montaigne, puis un troisième rue Saint-Germain-des-Prés. D'autres boutiques sont ouvertes ensuite dans le monde (Hong Kong, Milan, Moscou, Munich).
En 1987, l'entreprise est rachetée à Gillette pour 250 millions de Fr ($52 million[17]) par le groupe hongkongais 'Dickson Concepts, Ltd.' de Dickson Poon[4], qui possède de nombreuses franchises pour de grandes marques occidentales et qui devient quelques années plus tard le propriétaire des magasins londoniens Harvey Nichols (1991)[18].
Vers la fin de l'année 1996, Dickson Concept décide de mettre en Bourse 49,9 % du capital de l'entreprise[19].
La cotation sera suspendue en [20] pour être remise en [21]. Toutefois, l'entreprise connaît des difficultés[21]. Après un nouveau plan salarial fin 2006 (150 postes supprimés en France et une cinquantaine dans le monde[22],[23]), la société subit un nouveau préjudice.
Dans la nuit du 5 au , le centre industriel de Faverges est ravagé par un incendie[24],[25], détruisant une partie des archives de la société. 140 salariés sont au chômage technique.
Activité
modifierLa société élargit sa gamme de produits en développant les montres, la maroquinerie, le parfum, le prêt-à-porter hommes, les bijoux :
- en 1997, en parfumerie, elle signe un contrat de licence mondial exclusif avec Interparfums ;
- elle s'associe, en 2010, au groupe Aoyama pour la fabrication de lunettes.
- ST Dupont (1998)
- ST Dupont Essence Pure (2002)
- Passenger (2008)
- Passenger Cruise (2011)
- 58 avenue Montaigne (2012)
- So Dupont (2014)
- ST Dupont Paris Saint-Germain (2014)
Implantation et effectifs
modifierLa société S.T. Dupont est implantée à Paris, où se trouve son siège social, et à Faverges, où est située son unité de production principale.
- Siège social : Paris, quartier du Montparnasse, 65 personnes
- Centre industriel : Faverges, 250 personnes en 2014[27] (600 en 2007[28], 700 en 1989)
Chiffre clés (2007)
modifier- Chiffre d'affaires : 74,6 millions d'euros
- Exportation : 90 %
- Leader mondial des briquets de luxe, 2e sur le marché des stylos de luxe
- Cotation : second marché de la Bourse de Paris depuis 1996[19], suspension le [20], reprise le [21].
Actionnaires
modifierSequana Capital | 417 894 746 | 79,7 % |
Alain Crevet | 2 159 283 | 0,41 % |
Sharon Emma Flood, MBA | 677 400 | 0,13 % |
Allianz Global Investors GmbH (France) | 100 000 | 0,019 % |
Mise à jour au [29].
Les 79,7 % sont en fait détenus par la société de droit néerlandais D and D contrôlée par Safechain, elle-même contrôlée par Broad Gain (Hong Kong) détenue par Mr Dikson Poon via sa holding Dikson Poon Corporation[30].
Notes et références
modifier- « Les 15 patrons les plus puissants à Annecy », L'Expansion, (lire en ligne), no 752.
- « ST DUPONT », sur verif.com (consulté le ).
- « Chiffre d'affaires, résultat, bilans et données juridiques de la société décrite. », sur www.societe.com (consulté le )
- Anne Dalmasso, « Industries et territoires dans les Alpes, xixe-xxe siècles : tentative de typologie », dans Jean-Claude Daumas, Pierre Lamard et Laurent Tissot (dir.), Les territoires de l’industrie en Europe (1750-2000). Entreprises, régulations et trajectoires, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-84867-178-9, DOI 10.4000/books.pufc.27384, lire en ligne), p. 99
- Justinien Raymond, La Haute-Savoie sous la IIIe République : histoire économique, sociale et politique, 1875-1940, Seyssel, Atelier national de reproduction des thèses, , 1171 p. (ISBN 2-903528-25-X), p. 388.
- Michel Germain, Personnages illustres des Savoie : "de viris illustribus", Lyon, Autre Vue, , 619 p. (ISBN 978-2-915688-15-3), p. 550.
- Article paru dans L'Express, n° 2095-2111, 1991, p. 105.
- Bernard C. Galey, De mémoire de marques : Dictionnaire de l'origine des noms de marques, Tallandier, , 324 p., p. 99.
- Florence Halimi, « Un Dupont pour Humphrey », Le Figaro Magazine, semaine du 4 mai 2012, page 94.
- (en) Ad Van Weert, Joop Bromet et Alice Van Weert, The Legend of the Lighter, Abbeville Press, , 192 p. (ISBN 978-1-55859-854-6), p. 13.
- Paul Boutié et Bertrand Roussel, La grande aventure du feu : histoire de l'allumage du feu des origines à nos jours, Edisud, , 95 p. (ISBN 978-2-7449-0630-5).
- (en) Gordon McKibben, Cutting Edge : Gillette's Journey to Global Leadership, Harvard Business Press, , 429 p. (ISBN 978-0-87584-725-2), p. 101-104.
- Hervé Joly, Danièle Fraboulet, Patrick Fridenson et Alain Chatriot, Dictionnaire historique des patrons francais, Flammarion, , 1617 p. (ISBN 978-2-08-125516-6, lire en ligne), Fiche biographique de « Michel Vinaver ».
- (en) Rita Ricardo-Campbell, Resisting Hostile Takeovers : The Case of Gillette, Greenwood Publishing Group, , 254 p. (ISBN 978-0-275-95830-5, lire en ligne), p. 77.
- Irène Favier, « L’usine théâtre du pouvoir. Direction et salariés à Faverge, mars-avril 1976», Territoires contemporains, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2015, 229 p., consulté le 17 mars 2017 (lire en ligne).
- (en) Rita Ricardo-Campbell, Resisting Hostile Takeovers : The Case of Gillette, Greenwood Publishing Group, , 254 p. (ISBN 978-0-275-95830-5, lire en ligne), p. 29.
- (en) Rita Ricardo-Campbell, Resisting Hostile Takeovers : The Case of Gillette, Greenwood Publishing Group, , 254 p. (ISBN 978-0-275-95830-5, lire en ligne), p. 114.
- Hervé Sérièyx et Philippe Le Corre, Quand la Chine va au marché : leçons du capitalisme à la Chinoise, Éditions Maxima, , 267 p. (ISBN 978-2-84001-143-9), p. 161-162.
- Valérie Leboucq et T. L. M, « Dickson Concept espère 550 millions de la mise en Bourse de ST Dupont », Les Échos, (lire en ligne), no 17280, p. 12.
- La Rédaction, « Luxe : ST Dupont suspendu en Bourse », Les Échos, (lire en ligne), numéro 19483, p.16.
- « Le titre ST Dupont s'effondre en Bourse », Les Échos, (lire en ligne), no 19622, p. 21.
- « ST Dupont supprime près du quart de ses effectifs », L'Expansion, (lire en ligne).
- Michel Quéruel, « ST Dupont peine à finaliser son plan social », L'Usine nouvelle, (lire en ligne).
- « Incendie chez ST Dupont à Faverges », Le Dauphiné libéré, .
- Gabrielle Serraz, « ST Dupont : Phénix renaît de l'incendie de l'usine de Faverges », Les Échos, (lire en ligne), no 20319, p. 18.
- Parfums S.T. Dupont pour homme et pour femme
- Céline Aubert, « S.T. Dupont à Faverges, une usine occupée par les salariés jour et nuit », France 3 Régions, (lire en ligne).
- La Rédaction, « S.T. Dupont : Alain Crevet et ses équipes raniment la flamme », L'Express, (lire en ligne).
- « ST Dupont : Actionnaires, dirigeants et description métier | DPT | FR0000054199 », sur www.zonebourse.com (consulté le ).
- nc, « décisions et informations - franchissement de seuil », journal officiel république française, .
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie
modifier- Jean-Claude Daumas, Alain Chatriot, Danièle Fraboulet et Hervé Joly (dir.), Dictionnaire historique des patrons français, Paris, Flammarion, 2010.
Liens externes
modifier
- Site officiel
- Site Groupe Dickson Concepts
- Jérôme Daviet, « Atelier S.T. Dupont puis école de musique », sur site de la Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel en lien avec l'Assemblée des Pays de Savoie - patrimoine.rhonealpes.fr, (consulté en ).