Mouvement Moorish
Le mouvement Moorish est un mouvement nationaliste extrémiste marocain qui milite principalement sur les réseaux sociaux. Il revendique comme objectif de « faire revivre le passé glorieux du Maroc » et de s'opposer aux « ennemis de la nation ». De plus, il promeut la suprématie d'une « ethnie maure »[1],[2].
Historique
modifierLe mouvement Moorish commence à être actif en 2017[3].
Initialement axées sur des publications attrayantes, ces pages suscitaient des réactions positives autour du folklore marocain. Cependant, à mesure que ces comptes attirent de nouveaux sympathisants, le ton des tweets prend une tournure plus radicale : devenant ultranationaliste, voire raciste, avec une fascination marquée pour des figures autoritaires telles que Poutine ou Erdoğan, et une hostilité exacerbée envers les « islamistes », les « gauchistes » et l'Algérie[4].
Analyse
modifierEn mars 2022, le journal arabophone marocain, Assabah, publie un article intitulé « Avez-vous été confronté à la droite marocaine ? ». Dans cet article, il est expliqué qu'une tendance émergente sur les « plateformes virtuelles » glorifie la « suprématie d'une ethnie maure » et prône l'expulsion des migrants « originaires des pays situés au sud du Sahara » à travers des pages Facebook, et que ces idées raciales ont trouvé un écho parmi certains Marocains, contribuant à la propagation de l'« influence de l'extrémisme ». Par conséquent, le pays est confronté à la perspective d'une montée réelle d'un « mouvement extrémiste »[5]. Le journal qualifie ce mouvement de virus semblable au Covid-19[6].
Objectifs
modifierL'objectif revendiqué par le mouvement est de « faire revivre le passé glorieux et ancestral du Maroc impérial et de défendre la singularité du royaume face aux menaces venant de toutes parts ». Et il attaque tous ceux qu'ils considèrent comme « ennemis de la nation »[4].
Attaques et diffamations
modifierDans un rapport publié par le groupe Meta en , il est mentionné que Meta a « supprimé 385 comptes Facebook, 6 pages et 40 comptes Instagram en raison de violations de leur politique contre les comportements coordonnés non authentiques. Ce réseau était principalement basé au Maroc et visait un public national »[7].
Le rapport indique que les responsables de ce réseau utilisaient des « faux comptes » et qu'ils publiaient « simultanément » dans plusieurs groupes pour donner l'« impression d'une plus grande popularité de leur contenu ». De plus, ces comptes étaient fréquemment utilisés pour commenter des actualités et des « articles favorables au gouvernement » provenant de divers médias, y compris Chouf TV[7].
Selon un rapport de Freedom House publié en 2021, les comptes associés à ce mouvement sur les réseaux sociaux ont joué un rôle dans la diffusion de la « désinformation et de la propagande pro-gouvernementale ». Ils ont adopté une esthétique en ligne similaire à celle de l'« extrême droite » et partagé du contenu « ultranationaliste, ethnonationaliste, misogyne et raciste ». Le rapport rajoute que « les responsables marocains ont été observés interagissant régulièrement avec ces comptes, en aimant et en partageant leur contenu, tandis que certains comptes du mouvement ont activement promu le contenu provenant de comptes officiels, y compris ceux de diplomates et d'ambassades, tout en ciblant des activistes et des journalistes en ligne »[8].
L'ex-footballeur international Abdeslam Ouaddou a été la cible d'attaques et d'insultes en raison de son appel au fair-play entre les supporters algériens et marocains lors du match de la Coupe arabe. Ces attaques, souvent associées au mouvement Moorish, ont été accompagnées de détournements de sa photo impliquant des connotations racistes. Sur Twitter, Ouaddou a dénoncé ces attaques, partageant des exemples de contenus racistes du mouvement Moorish et qualifiant leurs idéologies de racistes, xénophobes et homophobes[9].
En 2020, une série d'attaques informatiques perpétrées par des hackers marocains a ciblé des sites algériens. Ces cyberattaques ont été marquées par l'utilisation du symbole du mouvement Moorish sur la page d'accueil des sites piratés[10].
Médias
modifierLe mouvement en question utilise divers moyens de communication digitale comme les réseaux sociaux et les sites web comme le média MoorishTimes[11].
Notes et références
modifier- « Face à la pression "moorish": le rétropédalage de la délégation de l'UE au Maroc , H24info », sur H24info, H24Info, (consulté le ).
- « Twitter, le terrain de jeu des Moorish, ces "patriotes" controversés! , H24info », sur H24info, H24Info, (consulté le ).
- « Le Maghreb en proie aux fièvres identitaires », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Maroc : les Moorish, radiographie d’un nationalisme connecté – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
- (ar) « هل أتاك حديث اليمين المغربي؟ | جريدة الصباح » [« Avez-vous été confronté à la droite marocaine ? »] , sur assabah.ma, (consulté le )
- (ar) nabil, « الصباح المغربية: فيروس اليمين المتطرف يصل المغرب ويطالب بالقومية المورية وبترحيل الأجانب » [« Le journal Assabah marocain rapporte l'arrivée du virus de l'extrême droite au Maroc, réclamant le nationalisme maure et l'expulsion des étrangers. »] , sur raialyoum.com, (consulté le )
- (en) « February 2021 Coordinated Inauthentic Behavior Report » [PDF], sur about.meta.com,
- (en) « Morocco: Freedom on the Net 2021 Country Report », sur Freedom House (consulté le )
- « Maroc : avalanche d’insultes contre un supporter de l’Algérie », sur TSA, (consulté le )
- « Des hackers marocains piratent des sites algériens », sur Le Desk (consulté le )
- « Mouvement Moorish: un nationalisme new-age ? », sur Telquel.ma (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Cristina Moreno Almeida, The Revival of Moorish Empire and the Moroccan Far Right, (lire en ligne)
- (en) Cristina Moreno-Almeida et Paolo Gerbaudo, « Memes and the Moroccan Far-Right », The International Journal of Press/Politics, vol. 26, , p. 882–906 (ISSN 1940-1612, DOI 10.1177/1940161221995083, lire en ligne)
- Abdessalam Jaldi et Abdelmounaim Fanidi, Les discours primordialistes sur les identités nationales dans la construction maghrébine, Policy Center for the New South, (lire en ligne), p. 20