Le massacre du Circeo[1] ou massacre du Circé (massacro del Circeo) est le nom donné au rapt, aux tortures, aux viols et au meurtre infligés à deux jeunes femmes par trois jeunes bourgeois néofascistes dans la nuit du 29 au à San Felice Circeo, une commune balnéaire connue pour le phare du Mont Circé, dans le Latium italien.

Decouverte et sauvetage de Donatella Colasanti

Déroulement

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Les victimes étaient deux jeunes amies, Donatella Colasanti (1958-2005) et Rosaria Lopez (1956-1975) issues des quartiers modestes de Rome qui ont rencontré par hasard trois jeunes fils de la bourgeoisie romaine, par ailleurs militants néofascistes, Gianni Guido, Angelo Izzo et Andrea Ghira[2]. Elles sont emmenées sous prétexte d'une fête dans la villa du père d'Andrea Ghira où elles seront frappées et torturées pendant trente-six heures. Alors que Rosaria Lopez meurt sous les sévices des trois bourreaux, Donatella Colasanti parviendra à feindre la mort et sera retrouvée dans le coffre d'une voiture le lendemain[3].

Impact médiatique

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L'onde de choc médiatique qu'a représenté cette affaire dans l'Italie de l'époque a marqué les esprits. Italo Calvino, Pier Paolo Pasolini[n 1] et plusieurs mouvements féministes participèrent activement à la médiatisation de ce procès des années de plomb en Italie, où les questions politiques de lutte des classes se mêlent à des interrogations féministes et sécuritaires[2],[6]. De nombreux films dans les années qui suivent font allusion à cette tragédie, par exemple dans des poliziotteschi comme Brigade spéciale, Violence à Rome ou Comme des chiens enragés[7]. Le roman d'Edoardo Albinati La scuola cattolica paru en 2016 ainsi que son adaptation cinématographique sortie en 2021 et réalisée par Stefano Mordini reviennent également sur ce crime.

Bibliographie

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Notes et références

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  1. Voir l’article « Crime en Europe » de Calvino publié dans le Corriere della Sera le 8 octobre 1975 (trad. fr dans Christophe Mileschi (dir.) et Martin Rueff (dir.), Italo Calvino, L'Herne, coll. « Cahiers de l'Herne » (no 144), (ISBN 9791031904269), p. 214-216) : « ce qui est épouvantable dans la Rome d’aujourd’hui, c’est que ces exercices monstrueux ont lieu dans un climat de permissivité absolue, sans le moindre défi lancé aux contraintes répressives, qu’ils se présentent avec la vulgarité truculente des bravades de bistrot, dans la certitude qu’ont des couches sociales pour lesquelles tout a toujours était facile de s’en sortir sans dommage, une certitude qui fait passer tout naturellement des passages à tabac à la sortie de l’école aux massacres dans les villas le week-end ». Voir aussi les articles de Pasolini, notamment sa « lettre ouverte » à Calvino publiée dans Il Mondo le 30 octobre (trad fr. dans Lettres luthériennes : petit traité pédagogique (ISBN 2-02-035938-3)) en réponse à l’article du 8 octobre[4]. Calvino reviendra sur cette polémique, quelques jours après l’assassinat de Pasolini, dans sa « Dernière lettre à Pasolini » publiée dans le Corriere le 4 novembre 1975 (trad. fr dans Mileschi et Rueff 2024, p. 301-302)[5].

Références

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  1. Cour européenne des droits de l'homme, « Affaire Maiorano et autres c. Italie » [PDF], (consulté le )
  2. a et b Eric Jozsef, « Le «mal absolu» revient hanter l'Italie », sur liberation.fr,
  3. (it) Nadia Francalacci, « Izzo, il massacro del Circeo e l'uccisione di Rossela Corazzin », sur Panorama (magazine italien),
  4. Isabella Checcaglini, « J'aurais voulu hurler, et j'étais muet », Lignes, vol. 18, no 3,‎ , p. 192–206 (ISSN 0988-5226, DOI 10.3917/lignes.018.0192, lire en ligne).
  5. Gianluigi Simonetti, « « Un lord anglais aux colonies » : Pasolini et Calvino », Critique, nos 925-926,‎ , p. 114–132 (ISSN 0011-1600, lire en ligne  , consulté le )
  6. Checcaglini 2005.
  7. (it) Roberto Chiti, Roberto Poppi et Enrico Lancia, Dizionario del cinema italiano : I film, Dizionari Gremese, , 417 p. (ISBN 978-88-8440-853-2)