Jean Sciou, alias « Faucon », est né à Locoal-Mendon (Morbihan) le et est mort à Nantes le , est un résistant français.

Jean Sciou
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Il est Chef de Région Bretagne-Manche du Réseau Confrérie Notre-Dame (dirigé par le Colonel Rémy) à partir de . Il est arrêté le à Paris, par la Gestapo, et blessé par balle lors de sa première évasion. Il est à nouveau capturé par la police allemande le à Paris puis déporté le à Buchenwald[1]. Il est ramené en France le par la police allemande pour supplément d’enquête. Il s’évade du train qui le ramenait vers l’Allemagne le à Mauves et part pour Londres le [2],[3].

Il a rédigé, dans un cahier manuscrit de 74 pages[4], consultable en ligne sur le site des Archives nationales, un rapport au Bureau central des renseignements et d’action à Londres sur la destruction de la Confrérie Notre-Dame dans lequel il relate ses activités de Chef de la Région Bretagne-Cotentin de à . Ce document, dont de très nombreux passages sont repris ou cités intégralement dans les sources secondaires[5],[6],[7], comporte en outre un témoignage précis sur les actes de torture commis par la Gestapo au 101 avenue Henri-Martin à Paris, sur les conditions d’acheminement vers le camp de Buchenwald, ainsi qu’une description de la vie des déportés à Buchenwald[8],[9].

Responsabilités à La Confrérie Notre-Dame

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Jean Sciou était clerc de notaire à Erdeven (Morbihan). Il entre aux F.F.C. (Forces françaises combattantes), sous l’indicatif 89.150 « Faucon »[10] en , à 22 ans. Après avoir été agent local de renseignement entre la Rivière d'Étel et Penthièvre (Morbihan), il devient chef du sous-réseau de renseignement Chevalière. Il s’adjoint le concours d’un Basque espagnol, Jacques Alda (pseudonyme : « Azkatasuna »[11]) et de Michel le Bris (pseudonyme : « Cassis »). En , Alphonse Tanguy (Alex), devenu chef de la C.N-D., confie à Jean Sciou le commandement de la Bretagne et du Cotentin. Faucon divise ce territoire en 17 U.C.R. (Unités de combat et de renseignement): Cherbourg et la Manche ; Saint-Malo ; Saint-Brieuc-Lannion ; Lannion-l'Aber Wrac'h ; Brest ; Quimper-Carhaix ; Quimperlé-Le Pouldu ; Lorient ; La Rivière d'Etel ; Quiberon-La Trinité ; Le Golfe du Morbihan-Vannes ; Saint-Nazaire ; Rennes ; le Centre Bretagne avec des éléments rattachés aux secteurs côtiers et établit une centrale radio en Bretagne fonctionnant avec quatre opérateurs à Quimperlé, Vannes, Rennes, et Saint-Brieuc, l'ensemble constitue le réseau C.N.D.-Cotre qui dispose de plus de 150 agents[12],[13],[14],[15],[16].

Arrestation par la Gestapo

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En , Faucon est arrêté par la Gestapo, place des Ternes à Paris[17],[18], peu après l’exécution d’Alex, mais parvient à s’échapper et est blessé par balle lors de son évasion[19],[20]. Il est à nouveau capturé[21],[22] par la Gestapo quelques jours plus tard, alors qu’il vient d’être opéré de sa blessure au bras, à la clinique des Sœurs Diaconesses à Paris et conduit au 101 avenue Henri-Martin pour subir un interrogatoire par Masuy[23],[24],[25]. Il témoigne dans son cahier des actes de torture perpétrés par Masuy contre lui et contre ses camarades – notamment le supplice de la baignoire –, méthode de torture élaborée par Masuy et qualifiée par ce dernier de « psychologie expérimentale »[26]. Il est envoyé à l’Hôpital de la Pitié où les blessés sont enchaînés dans leur cellule[27].

Déportation à Buchenwald

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En , il est conduit à Fresnes, puis à Compiègne, puis vers l’Allemagne avec d’autres camarades, notamment Olivier Courtaud (pseudonyme : « Jacot »). Jean Sciou décrit presque heure par heure, dans son témoignage, les conditions du très long voyage en train vers Buchenwald, dans un wagon à bestiaux où s’entassent 140 hommes[28]. Il relate l’arrivée au camp et donne également une description très précise du camp de Buchenwald, de son organisation hiérarchique, des conditions de vie épouvantables[29]. Il évoque la mort de nombreux déportés, anonymes ou connus comme Paul-Émile Janson ou André Helbronner.

Retour en France et évasion

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En , il est ramené en France pour « complément d’enquête »[30] et est conduit au siège de la Gestapo parisienne, rue des Saussaies, puis à la Gestapo de Rennes (Cité des étudiantes, avenue Jules Ferry) où il subit à nouveau un interrogatoire.

En , lors de son réacheminement vers Buchenwald, il parvient à s’évader du wagon avec deux camarades à hauteur de Mauves en pratiquant une ouverture dans le plancher[31], il rejoint Vannes où on lui donne de faux-papiers puis Quimperlé[32] où il rédige son témoignage qu'il emmène avec lui lorsqu'il part en Angleterre, vers le , avec le Colonel Passy[33].

Il est nommé chargé de mission de première classe avec assimilation au grade de Capitaine et rentre en France le .

Dernier témoignage

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Quelques mois avant sa mort, qui intervient en 1969 à Nantes, il rédige un dernier témoignage[34], complémentaire du précédent, dont le texte est également déposé aux Archives nationales. Ce témoignage a été recueilli par l'historien Roger Leroux. Les tout derniers mots de ce témoignage font état de l’incrédulité suscitée par la lecture, en août 44, du passage de son rapport concernant l’existence de chambres à gaz à Auschwitz : « Quand ils ont lu dans mon rapport que des centaines de milliers de Juifs étaient assassinés à Auschwitz, ils ne m’ont pas cru. On m’a dit à Londres : « Vous n’êtes pourtant pas de Marseille » »[9].

Décorations

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  • Chevalier de la Légion d'honneur
  • Croix de guerre avec palme
  • Médaille de la Résistance
  • Médaille des évadés
  • Médaille des déportés de la Résistance
  • Médaille du combattant volontaire de la Résistance
  • Croix du combattant

Royaume-Uni

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  • King's Medal for Courage in the Cause of Freedom

Pologne

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  • Médaille commémorative de la Résistance polonaise

Bibliographie

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  • Marcel Baudot, La Libération de la Bretagne, Paris: Hachette, 1974, 223 p.
  • Alain Guérin, Chroniques de la Résistance (Nouvelle édition), Paris: Place des Éditeurs, 2010, 1812 p. (ISBN 978-2-2580-8853-5)
  • Roger Huguen, La Bretagne dans la Bataille de l’Atlantique, 1940-1945 : La Stratégie du Bomber Command appliquée à la Bretagne, Spézet: Coop Breizh, 2003, 666 p. (ISBN 978-2-8434-6175-0)
  • Joseph Jégo, 1939-1945, rage, action, tourmente au Pays de Lanvaux, Plumelec: J. Jégo, 1992, 345 p. (ISBN 978-2-9505-5450-5)
  • Annik Le Guen, La Résistance au pays de Lorient, Port-Louis: A. Le Guen, 1991, 65 p.
  • Roger Leroux, Le Morbihan en guerre : 1939-1945, Mayenne: J. Floch, 1978, 671 p.
  • Jacques Péquériau, Simone Michel-Lévy: Héroïne et martyre de la Résistance PTT, Compagnon de la Libération, Besançon: Cêtre, 2007, 191 p. (ISBN 978-2-8782-3165-6)
  • René Pichavant, Clandestins de l'Iroise, 1942-1943. Récits d'Histoire, Tome 2, Douarnenez: Morgane, 1984, 526 p. (ISBN 978-2-9043-7401-2)
  • Rémy, Mémoires d'un agent secret de la France libre. Une affaire de trahison, Monte-Carlo: Solar, 1947, 409 p.
  • Rémy, Comment devenir agent secret, Paris: Albin Michel, 1963, 218 p.
  • Rémy, La Ligne de démarcation. Un acte de foi dans la patrie (vol. 16), Paris: Perrin, 1969, 312 p.
  • Rémy, La Ligne de démarcation. Une saga de la Résistance (vol. 17), ch. IV, « "Faucon", "Yvon", et quelques autres », Paris: Perrin, 1969, 285 p.
  • Rémy, Dix ans avec De Gaulle, 1940-1950, Paris: France-Empire, 1971, 415 p.
  • Rémy, Histoire de la Résistance en Lorraine & au Grand Duché de Luxembourg (vol. 1), Genève: Famot, 1974, 511 p.
  • La Gestapo en France 1, Historia, Hors-série no 26, 1972, 192 p.

Notes et références

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  1. « Miscellaneous Lists and Registers of German Concentration Camp Inmates, Nara, 2009, n° A3355 »
  2. « Archives du Comité d’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale – Résistance intérieure : mouvements, réseaux, partis politiques et syndicats. Répertoire numérisé détaillé (72AJ/35-72AJ/89, Confrérie Notre-Dame, I 72AJ/49/Dossier n° 1. Documents sur Jean Sciou, alias Faucon, communiqués par Roger Leroux, pièce 7b, notice biographique sur Jean Sciou »
  3. « Base de données du réseau CND-Castille élaboré par Yves Chanier »
  4. « Archives du Comité d’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale – Résistance intérieure : mouvements, réseaux, partis politiques et syndicats. Répertoire numérisé détaillé (72AJ/35-72AJ/89, Confrérie Notre-Dame, I 72AJ/49/Dossier n° 1. Documents sur Jean Sciou, alias Faucon, communiqués par Roger Leroux, pièce 7d. »
  5. Rémy, Mémoires d'un agent secret de la France libre. Une affaire de trahison, p. 43-44; 48; 69; 77; 83; 88-90; 99; 108; 137-138; 179; 202-206; 216; 232-235; 242; 267; 342-349
  6. Roger Leroux, Le Morbihan en guerre, 1939-1945, p. 187; 362; 429; 435
  7. Alain Guérin, Chroniques de la Résistance (Nouvelle édition), p. 480
  8. Rémy, Dix ans avec De Gaulle, 1940-1950, p. 197
  9. a et b Roger Leroux, Le Morbihan en guerre, 1939-1945, p. 429
  10. « Service historique de la Défense (Dossiers administratifs des Résistants) »
  11. Liberté en basque.
  12. Rémy, Mémoire d'un agent secret de la France libre. Une affaire de trahison, p. 88-90
  13. Roger Leroux, Le Morbihan en guerre, 1939-1945, p. 187; 360-361
  14. Roger Huguen, La Bretagne dans la bataille de l'Atlantique, p. 145
  15. Marcel Baudot, Libération de la Bretagne, p. 58
  16. Annik Le Guen, La Résistance au pays de Lorient, p. 41-42
  17. Rémy, Comment devenir agent secret, p. 90
  18. Roger Leroux, Le Morbihan en guerre, p. 362
  19. Rémy, Mémoires d'un agent secret de la France libre. Une affaire de trahison, p. 88-90
  20. Roger Leroux, Le Morbihan en guerre, 1939-1945, p. 362
  21. Roger Huguen, La Bretagne dans la Bataille de l'Atlantique, p. 145
  22. Annik Le Guen, La Résistance au pays de Lorient, p. 42-43
  23. Rémy, Mémoires d'un agent secret de la France libre. Une affaire de trahison, p. 202-267
  24. Jacques Péquériau, Simone Michel-Lévy, héroïne et martyre de la Résistance PTT, p. 72
  25. « La Gestapo en France 1 », Historia,‎ , p. 152-153
  26. Alain Guérin, Chroniques de la Résistance (nouvelle édition), p. 480-481
  27. Rémy, Journal d'un agent secret de la France libre. Une affaire de trahison, p. 267
  28. Rémy, La Ligne de démarcation (vol. 16), p. 115 sqq.
  29. Rémy, Histoires de la Résistance en Lorraine & au Grand-Duché de Luxembourg (vol. I), p. 65
  30. René Pichavant, Clandestins de l'Iroise, p. 378
  31. Roger Leroux, Le Morbihan en guerre, p. 427-430
  32. Joseph Jégo, 1939-1945, Rage, action, tourmente au Pays de Lanvaux, p. 69
  33. Roger Leroux, Le Morbihan en guerre, p. 429 sqq.
  34. « Archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale – Résistance intérieure : mouvements, réseaux, partis politiques et syndicats. Répertoire numérisé détaillé (72AJ/35-72AJ/89, Confrérie Notre-Dame, I 72AJ/49/Dossier n° 1. Documents sur Jean Sciou, alias Faucon, communiqués par Roger Leroux, pièce 7c »