Jean-Jacques de Felice
Jean-Jacques de Felice ( à Montmorency[3] - , Paris) est un avocat français, ancien vice-président de la Ligue des droits de l'homme de 1983 à 1996.
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Jean-Jacques Pierre de Felice |
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La Contemporaine (ARCH/0147, Arch 0147)[1],[2] |
Biographie
modifierJean-Jacques de Félice naît dans une famille protestante qui compte de nombreux pasteurs. Son père, Pierre de Félice, avocat, est un homme politique, secrétaire d'État, député, sénateur du Loiret (gauche républicaine) sous la IVe République. Sa mère était très profondément de culture protestante et l'a bien inscrit dans cette mémoire, comme de Félice le relatait lui-même[4]. Il doit au protestantisme son premier engagement auprès des jeunesses scouts unionistes, qui le conduisit à se préoccuper des problèmes de la jeunesse, qui au lendemain de la Seconde Guerre mondiale étaient importants. Devenu avocat pénaliste, ses premières défenses de jeunes défavorisés le conduisent vers un engagement plus politique : défendant des jeunes, enfants d'Algériens notamment, des bidonvilles de Nanterre, il est tout naturellement amené à défendre leurs pères, c'est-à-dire des militants du FLN, qui le sensibiliseront à leur lutte[4].
A l'époque de la guerre d'Algérie, cette défense de militants du FLN le fait connaître. Il plaide ensuite pour les paysans du Larzac en lutte contre l’extension du camp militaire, les indépendantistes Kanaks et Tahitiens, les mal logés aux côtés de l'abbé Pierre, les objecteurs de conscience, les étrangers en péril (il est membre du Gisti), les activistes italiens des Brigades rouges comme Marina Petrella et Cesare Battisti. Il défend Lucien Léger, condamné en 1966 à la réclusion criminelle à perpétuité, pour un meurtre d'enfant. La très longue détention de son client, 41 ans, fit dire à Jean-Jacques de Felice : « Il y a une durée de détention au-delà de laquelle la justice se mue en vengeance »[5].
Proche de l'historienne Madeleine Rebérioux, de l'helléniste Pierre Vidal-Naquet, Felice se disait « en contestation avec l'ordre établi »[6].
Le choix des causes défendues par Jean-Jacques de Félice montre un apparent paradoxe, l'avocat ayant à la fois défendu des militants qui ont recouru à la violence (Brigades rouges, Bande à Baader, ou bien les militants algériens de l'indépendance), alors qu'il s'est toujours réclamé du pacifisme et de la non-violence, ce qui explique son engagement aux côtés des objecteurs de conscience[4]. Le choix des causes défendues par l'avocat traduit un humanisme[7] illustré par son engagement dans des mouvements comme la Ligue des Droits de l'Homme, la Cimade, ou le Gisti[4].
Il a été secrétaire du Comité de liaison pour la lute contre l'apartheid en Afrique du Sud[8] et président du Mouvement d'action judiciaire[9].
Objecteur de conscience[10] et défenseur des réfractaires à l'armée, Jean-Jacques de Félice participe à Lyon à des débats et des manifestations du Groupe d'action et de résistance à la militarisation. En tête de la Marche de la paix du 19 juin 1971, il prend la parole et défile, avec des milliers de personnes, de Lyon au poste de commandement de la force de frappe nucléaire du Mont Verdun[11].
Jean-Jacques de Félice a déposé ses archives à La Contemporaine à partir de 2003[12].
Citation
modifier« Honneur à vous, les insoumis, les déserteurs, les objecteurs, les réfractaires qui avez eu le courage de « résister », de dire non, à la pacification, à la torture, aux répressions, aux camps d’internement, le courage de « désobéir aux ordres », à la loi même, aux violations des droits de l’homme, droits individuels et collectifs, droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple algérien. Honneur à vous, les insoumis qui avez su, par obéissance à des valeurs essentielles, désobéir aux ordres injustes. »
— Jean-Jacques de Felice, Préface de Les réfractaires à la guerre d’Algérie 1959-1962, Paris, Éditions Syllepse, 2005
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Klaus Croissant, Jean-Jacques de Felice, Procès en République fédérale allemande, Éditions Maspero, 1979 (ISBN 2707110868 et 9782707110862)
- Pierre Martial, Denis Langlois, Jean-Jacques de Félice, Objection mode d'emploi. Éditions Avis de recherche, 1984 (BNF 34758960)
- Erica Fraters, Réfractaires à la guerre d'Algérie avec l'Action civique non violente 1959-1963, préface de Jean-Jacques de Felice, Éditions Syllepse, 2005 (ISBN 2849500496 et 9782849500491)
- Sous la direction de Christine Courrégé, Le Dossier noir de l'instruction : 30 avocats témoignent / J.-J. Felice ; H. Leclerc ; Ph. Lemaire… (et al.). Éditions Odile Jacob, 2006 (ISBN 2738117511 et 9782738117519), aperçu en ligne sur Google Livres
Film documentaire
modifier- Bernard Baissat, Écoutez Jean-Jacques de Félice, avocat du peuple kanak, 2008, 80 minutes, voir en ligne.
- Centre d'Histoire sociale,Jean-Jacques de Félice, un avocat militant des droits de l'homme, 2015, 45 minutes, voir en ligne.
Liens externes
modifier- Un parcours d'avocat sur GISTI.org
Archives
modifier- Inventaire du fonds d'archives de Jean-Jacques de Felice conservé à La contemporaine[12].
Notes et références
modifier- « http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=FileId-607 »
- « http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=FileId-607 » (consulté le )
- État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
- Jean-Jacques de félice, avocat militant des droits de l’homme, Centre d’histoire sociale du XXe siècle, 29 janvier 2016
- Jean-Jacques de Felice, avocat et militant des droits de l'homme, est mort, lemonde.fr, 28/07/08
- /, L'humanite.fr
- Bassirou Barry, Liora Israël et Sylvie Thénault, « Jean-Jacques de Félice, avocat militant des droits de l'homme », Matériaux pour l’histoire de notre temps, vol. 115 - 116, no 1, , p. 2–5 (ISSN 0769-3206, DOI 10.3917/mate.115.0002, lire en ligne, consulté le )
- Jean-Jacques de Felice, « L'apartheid qu'il faut combattre », Action civique non-violente, no 23, , p. 3
- Alain Jaubert, Jean-Claude Salomon, Ian Segal et Nathalie Weil, Guide de la France des luttes, Paris, Stock, coll. « Stock 2 », , 384 p. (ISBN 2-234-00089-0 et 978-2-234-00089-6, OCLC 1255712), p. 39
- Marie Faugeron, « Désarmement », Action civique non-violente, no 20, , p. 2
- Maurice Balmet, Patrice Bouveret, Guy Dechesne, Jean-Michel Lacroûte, François Ménétrier et Mimmo Pucciarelli, Résister à la militarisation : Le Groupe d'action et de résistance à la militarisation, Lyon 1967-1984, Lyon, Atelier de création libertaire, , 324 p. (ISBN 9782351041215), p. 63
- Bassirou Barry, « Les archives de Jean-Jacques de Félice : témoignages d’un combat », Matériaux pour l histoire de notre temps, vol. N° 115 - 116, no 1, , p. 6 (ISSN 0769-3206 et 1952-4226, DOI 10.3917/mate.115.0006, lire en ligne, consulté le )