Inégalité triangulaire

inégalité caractéristique des distances

En géométrie, l'inégalité triangulaire est le fait que, dans un triangle, la longueur d'un côté est inférieure à la somme des longueurs des deux autres côtés. Cette inégalité est relativement intuitive. Dans la vie ordinaire, comme dans la géométrie euclidienne, cela se traduit par le fait que la ligne droite est le plus court chemin : le plus court chemin d'un point A à un point B est d'y aller tout droit, sans passer par un troisième point C qui ne serait pas sur la ligne droite.

Triangle.

De façon plus abstraite, cette inégalité correspond au fait que la distance directe est une valeur minimale de distance. Elle est aussi une propriété ou condition nécessaire à la définition d'une bonne distance. Cette distance est un choix possible en métrique mathématique, mais pas forcément le meilleur, suivant les cas et les usages.

Énoncés modifier

En géométrie modifier

Dans un plan euclidien, soit un triangle ABC. Alors les longueurs AB, AC et BC vérifient les trois inégalités suivantes :

  •   ;
  •   ;
  •  .

La conjonction de ces trois inégalités équivaut à la double inégalité :  .

La première de ces dernières inégalités traduit que dans un triangle, la longueur d'un côté est supérieure à la différence des longueurs des deux autres[1].

Le cas d'égalité dans la deuxième inégalité s'écrit :  .

Pour les nombres complexes modifier

En utilisant une représentation complexe du plan euclidien, on peut noter

  •  
  •  

On obtient cette formulation équivalente.

Pour  , on a :

  •   ;
  •  .

Généralisation aux espaces préhilbertiens modifier

Soit   un espace préhilbertien réel. On note   la norme associée au produit scalaire. Pour  , en utilisant l'inégalité de Cauchy-Schwarz et son cas d'égalité, on démontre alors[2] l'inégalité de Minkowski :

  •   ;
  •   (  et   positivement liés).

(Tout espace préhilbertien complexe   est un espace préhilbertien réel, pour le produit scalaire  , qui induit la même norme que le produit hermitien  .)

Point de vue axiomatique modifier

Soient E un ensemble et  . On dit que d est une distance sur E si :

  •  
  •  
  •  

La troisième propriété demandée à   pour être une distance est de vérifier l'inégalité triangulaire. Jointe à la première, elle entraîne :

  •  

et plus généralement, pour toute partie non vide A de E,   (voir « Distance d'un point à une partie »).

Réciproquement,  .

Tout espace vectoriel normé   — en particulier   — est naturellement muni d'une distance  , définie par  , pour laquelle la majoration   se réécrit :

  •  .

Inégalité triangulaire généralisée modifier

On peut itérer l'inégalité triangulaire pour un nombre fini d'éléments.

En géométrie, cela donne :

  , cas d'égalité pour   alignés dans cet ordre.

Pour les complexes, cela donne :

  , cas d'égalité si   :   réels strictement positifs pour  .

Pour un espace vectoriel normé :

 .

Cas d'égalité dans le cas préhilbertien : les   positivement liés deux à deux.

Inégalité triangulaire pour les intégrales modifier

Si   est une fonction intégrable au sens de Riemann (en particulier si elle est continue par morceaux) sur un intervalle  , à valeurs dans un espace vectoriel normé, alors [3] :

 

Cas d'égalité si   est continue à valeurs complexes : il existe une constante   de module 1 telle que   sur  .

Dans le cas réel, cela équivaut à ce que   soit de signe constant sur  .

Note modifier

  1. Laurent Schwartz, Analyse. I, Théorie des ensembles et topologie, Hermann, (ISBN 978-2-7056-6161-8 et 2-7056-6161-1, OCLC 439120175, lire en ligne), p. 131
  2. Voir par exemple ce paragraphe de la leçon sur les espaces préhilbertiens réels sur Wikiversité.
  3. Jacqueline Lelong-Ferrand, J.M. Arnaudiès, Cours de mathématiques, Analyse, t. 2, Dunod, , p. 416-417

Voir aussi modifier