Grand orgue de l'église Saint-Eustache

orgue construit en 1854 par Charles Barker & Charles Verschneider pour la maison Daublaine & Callinet dirigée par Pierre Alexandre Ducroquet ; partie instrumentale entièrement reconstruite par J.L. van den Heuvel en 1989

Le grand orgue de l'église Saint-Eustache est l'orgue situé en tribune en fond de nef, à l'intérieur de l'église Saint- Eustache, dans le premier arrondissement de Paris. Il est l'œuvre du facteur d'orgue néerlandais van den Heuvel en 1989.

Grand orgue de l'église Saint-Eustache
Buffet du grand orgue de l'église Saint-Eustache.
Buffet du grand orgue de l'église Saint-Eustache.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région historique Ile-de-France
Commune Paris I
Édifice Église Saint-Eustache
Latitude
Longitude
48° 51′ 48″ nord, 2° 20′ 42″ est
Facteurs
Construction
Reconstruction 1989 par van den Heuvel
Caractéristiques
Jeux 101
Claviers 5 (61 notes) et pédalier (32 notes)
Tuyaux ~8000
Rangs 147
Transmission Mécanique Barker
Tirage des jeux Électrique

Il est l'un des deux orgues de l'église, l'autre étant dans le chœur.

Historique

modifier

L'église possède un orgue depuis le XVIe siècle, mais on ne dispose que de très peu d'informations sur sa composition d'origine. L'église avait été pourvue d'un orgue avant 1582, date à laquelle Mathieu de la Croix, son premier titulaire, fut inhumé « à l'un des côtés où se célèbre la messe de onze heures ». Son facteur était Antoine Josseline. Mathieu de la Croix fut le parrain en 1572 de Pierre Chabanceau de la Barre, futur organiste du roi. Le père de l'enfant, également prénommé Pierre, prit la succession de Mathieu de la Croix pour peu de temps[source insuffisante].

L'orgue de facture classique de Saint-Germain-des-Prés lui est ensuite attribué (XVIIIe siècle ?).

Remanié en 1844 sous l'égide de Charles Spackmann Barker alors contremaître de la manufacture Daublaine & Callinet, il est accidentellement détruit par le feu, peu de temps après son inauguration, par Barker lui-même lors d'un accord le . Il est reconstruit de 1849 à 1854 par le même Barker aidé de Charles Verschneider, pour le compte de Pierre Alexandre Ducroquet qui venait de racheter la maison Daublaine & Callinet[1]. Dès l'année suivante, Hector Berlioz y dirige la première exécution de son Te Deum et en 1866, Franz Liszt y fait jouer sa Messe de Gran[2].

L'instrument, ayant beaucoup souffert des évènements de la Commune, est reconstruit en 1879 par Joseph Merklin, puis modifié à la demande de l'organiste Joseph Bonnet dans les années 1920 et 1930 par le facteur d'orgues Victor Gonzalez.

Le grand orgue de Saint-Eustache a été reconstruit presque intégralement par le facteur néerlandais van den Heuvel en 1989, à l'exception du buffet signé Victor Baltard (1854) qui est d'origine et de quelques jeux, dont les grands tuyaux de la montre qui datent de 1854.

Elles firent même l'objet d'une visite exceptionnelle de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni, après leur inauguration par Jacques Chirac, alors maire de Paris.

Description

modifier

En nombre de jeux (101 V/P), il est le cinquième plus grand orgue de France, derrière celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris (115 V/P), celui de l'église Saint-Vincent-de-Paul de Marseille (105 V/P), celui de la basilique cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille de Lille (104 IV/P) et celui de l'église Saint-Sulpice de Paris (102 V/P)[3]. Mais en dimensions et nombre de tuyaux, il est le premier, devant ces quatre mêmes orgues.

L'orgue fait 10 mètres de large pour 18 mètres de haut. Depuis 1989, l'orgue possède deux consoles : l'une, à traction mécanique avec machines Barker, se trouvant en tribune, l'une autre à traction électrique, se trouvant trouve dans la nef et mobile. Les consoles sont toutes deux composées de 5 claviers de 61 notes et un pédalier de 32 notes.
 

Parmi les caractéristiques rares de cet instrument, on remarque :

  • le grand plein-jeu basé sur le 32 pieds du grand orgue ;
  • les séries harmoniques allant jusqu'à la neuvième : en 32 pieds à la pédale (théorbe : 4 4/7, 3 5/9), en 16 pieds au grand-chœur, en 8 pieds au solo (harmoniques : 1 1/3, 1 1/7, 8/9), et jusqu'à la septième, en 8 pieds, au positif ;
  • le plein jeu harmonique 2-8 du grand-chœur ;
  • la batterie d'anches basée sur le 32 pieds au récit ;
  • l'ensemble de tubas 16, 8, 4, coudés vers la nef, au grand-chœur ;
  • les cinq rangs de chamades au solo, alimentés par de l'air à pressions croissantes (6 pressions différentes) ;
  • et aussi, parmi les couleurs exceptionnelles, la série de flûtes harmoniques (8, 4, 2 2/3, 2, 1 3/5, 1) au solo, qui est une innovation de Jean Guillou déjà introduite par lui-même avec grand succès dans les orgues du Chant d'Oiseau à Bruxelles et de la Tonhalle à Zurich.

C'est également Jean Guillou qui a eu l'idée d'ajouter la sesquialtera au grand-orgue : ce jeu apporte de nombreuses possibilités à la fois solistiques et en combinaison avec les mixtures.

La contre-bombarde 32 n'était pas prévue dans le devis, mais, considérant que le trombone 32 existant (avec ses résonateurs en bois de taille assez modeste) n'était pas suffisant pour un orgue de cette ampleur, les frères Van den Heuvel ont offert cette contre-bombarde 32 à la ville de Paris. L'orgue de Saint-Eustache se trouve ainsi être le seul orgue de France disposant de trois jeux d'anches de 32 pieds.

Composition de l’orgue

modifier
I Positif C–c4 II Grand-orgue C–c4 III Récit expressif C–c4 IV Grand-chœur C–c4 V Solo C–c4 Pédale C–g1
Quintaton 16′

Montre 8′

Salicional 8′

Unda-Maris 8′

Bourdon 8′

Prestant 4′

Flûte à fuseau 4′

Nasard 22/3′

Doublette 2′

Tierce 13/5′

Larigot 11/3′

Septième 11/7′

Fourniture V 2′

Cymbale II 1/3′

Douçaine 16′

Trompette 8′

Cromorne 8′

Clairon 4′

Montre 32′

Montre 16′

Principal 8′

Flûte à cheminée 8′

Violoncelle 8′

Grosse Flûte I–II 8′

Prestant 4′

Flûte 4′

Doublette 2′

Grande fourniture IV–VIII 22/3′

Plein-Jeu IV–V 1′

Sesquialtera II 22/3′

Grand cornet III–V

Bombarde 16′

Trompette 8′

Clairon 4′

Flûte à cheminée 16′

Principal 8′

Cor de nuit 8′

Flûte traversière 8′

Viole de gambe 8′

Voix céleste 8′

Octave 4′

Flûte octaviante 4′

Octavin 2′

Carillon III 22/3′+13/5′+1′

Plein-jeu VI 22/3′

Contrebasson 32′

Bombarde 16′

Trompette harmonique 8′

Basson-hautbois 8′

Voix humaine 8′

Clairon harmonique 4′

Violonbasse 16′

Bourdon 16′

Diapason 8′

Flûte majeure 8′

Violon 8′

Principal 4′

Grande quinte 51/3′

Flûte conique 4′

Grande tierce 31/5′

Quinte 22/3′

Grande septième 22/7′

Fifre 2′

Grande neuvième 17/9′

Plein-jeu harmonique II–VIII 2′

Clarinette 16′

Cor de basset 8′

Tuba magna 16′

Tuba mirabilis 8′

Cor harmonique 4′

Flûte harmonique 8′

Flûte octaviante 4′

Nasard harmonique 22/3′

Octavin 2′

Tierce harmonique 13/5′

Piccolo harmonique 1′

Harmoniques III 11/3′ +11/7′+8/9′

Ranquette 16′

Chalumeau 8′

Trompeteria II

Trompette en chamade I–III 8′

Principale basse 32′

Flûte 16′

Contrebasse 16′

Soubasse 16′

Grande quinte 102/3′

Flûte 8′

Violoncelle 8′

Grande tierce 62/5′

Quinte 51/3′

Flûte 4′

Flûte 2′

Théorbe II 44/7′+35/9′

Mixture V 4′

Contre-bombarde 32′

Contre-trombone 32′

Bombarde 16′

Basson 16′

Trompette 8′

Baryton 8′

Clairon 4′

Accessoires
  • Accouplements récit/positif, positif/GO, récit/GO, GC/GO, solo/GO, GC/GO alto, solo/GO soprano, solo/récit, positif/récit, solo/GC ;
  • Octaves graves GO, octaves grave récit, octaves graves GC, octaves graves solo ;
  • Tirasses positif, GO, récit en 8' et 4', GC en 8' et 4', solo ;
  • Division de pédale ajustable (2010) ;
  • Tremblants positif, récit, solo ;
  • Système MIDI et replay ;
  • Sostenutos positif, récit, solo (2010) ;
  • Combinateur Heuss sur chaque console (2010) : 20 combinaisons x 10 séries x 100 espaces : 20 000 combinaisons, séquentiel avant/arrière (aux manuels et aux pédaliers) ; sauvegarde des combinaisons sur clé USB ;
  • Pédale de crescendo avec 2 programmes programmables : tutti et crescendo orchestral ;
  • Transmission entre la console de nef et le buffet par fibre optique (2010).

Titulaires de l'instrument

modifier

Anciens titulaires

modifier

Titulaires actuels

modifier

Pour succéder à Jean Guillou, Thomas Ospital et Baptiste-Florian Marle-Ouvrard sont nommés sur concours le [5].

Notes et références

modifier
  1. « L’incendie de l’orgue Daublaine-Callinet de Saint-Eustache, à Paris en 1844 », sur Musica et Memoria (note 1).
  2. Thierry Delouche, La caisse des écoles au temps des messes solennelles célébrées en l'église Saint-Eustache, Aubagne, Groupe CCEE, , 60 p. (ISBN 978-2-35682-276-5), p. 37-38.
  3. Fabdev, « Inventaire national des orgues », sur inventaire-des-orgues.fr (consulté le )
  4. « Grand orgue de Saint-Eustache », sur Église Saint Eustache (consulté le )
  5. « Deux nouveaux organistes à l’église Saint-Eustache », Le Parisien,‎ (lire en ligne).