Fauve d'or : prix du meilleur album
Le Fauve d'or : prix du meilleur album est un prix décerné par le jury du Festival d'Angoulême, récompensant un album de bande dessinée publié en français l'année précédente. Décerné depuis 1976, il a connu de nombreuses formules (prix unique, séparation des œuvres étrangères et françaises, séparation des œuvres réalistes et humoristiques) et dénominations (Meilleure œuvre, Alfred du meilleur album, Alph-Art du meilleur album, prix du meilleur album).
Ce prix suscite souvent la polémique, car il récompense rarement un album ayant un grand succès public, particulièrement vers le début des années 2000. Les albums qu'il a distingués ont cependant souvent été, à leur époque, remarqués par la critique[1]. En 2024, le prix a récompensé 71 albums et 81 auteurs de quatorze nationalités différentes, dont six femmes. Onze de ces lauréats sont également grand prix de la ville d'Angoulême.
Histoire
modifierC'est lors de la troisième édition du festival, en 1976, que sont pour la première fois décernés des prix récompensant des albums, et non plus seulement des auteurs comme lors des deux années précédentes. Jusqu'en 1978, quatre albums sont récompensés chaque année, selon leur registre (comique ou réaliste) et l'origine de leurs créateurs (France ou étranger). Le nom de la récompense est alors « Meilleure œuvre... ». En 1979 et 1980, le prix n'est plus décerné.
En 1981, le prix revient sous le nom d'« Alfred du meilleur album ». De 1986 à 2001, une distinction est de nouveau opérée entre les albums français et les albums étrangers. En 1989, le prix devient l'« Alph'Art du meilleur album ». En 2004, il prend le nom plus formel de « prix du meilleur album », lequel nom devient, en 2008, « Fauve d'or : prix du meilleur album », l'emblème actuel (le "fauve") ayant était dessiné par Lewis Trondheim.
Un pari sur l'avenir
modifierCe prix est souvent décerné à des auteurs « encore en devenir[2] » : l'âge médian à la première récompense est de 38 ans. Annie Goetzinger l'a reçu à 25 ans en 1977, tandis que François Schuiten et Benoît Peeters en 1985 et François Boucq l'année suivante avaient 28 ans. Les lauréats les plus âgés sont Fred et Philippe de Pierpont, âgés de 62 ans en et , Joe Kubert, âgé de 71 ans en , et Shigeru Mizuki, âgé de 85 ans en février 2007 mais récompensé pour une œuvre réalisée en 1977. Neuf auteurs l'ont reçu deux fois : José Muñoz et Carlos Sampayo (pour leur série Alack Sinner), Hugo Pratt, Alan Moore, Art Spiegelman (pour Maus), Miguelanxo Prado, Baru, René Pétillon, Christophe Blain et Riad Sattouf.
Plusieurs auteurs ont reçu le grand prix de la ville d'Angoulême après avoir obtenu un ou plusieurs prix du meilleur album : Hugo Pratt (1976 et 1987 puis 1988), René Pétillon (1977 puis 1989), José Muñoz (1978 et 1983 puis 2007), Cosey (1982 puis 2017), François Schuiten (1985 puis 2000), Art Spiegelman (1988 et 1993 puis 2011), Baru (1991 et 1996 puis 2010), Bill Watterson (1992 puis 2014), André Juillard (1995 puis 1996), Philippe Dupuy et Charles Berberian (1999 puis 2008) et Riad Sattouf (2010 et 2015 puis 2023). Entre 2007 et 2017, sept des douze lauréats du grand prix avaient antérieurement remporté un prix du meilleur album, accréditant l'idée que ce prix récompense de futur grands auteurs. Prix du meilleur album français en 1994, Fred est le seul auteur à avoir reçu cette récompense après avoir été grand prix, ce qui avait été le cas en 1980[3].
Seules six femmes ont reçu le prix, en dépit de leur présence dans le milieu[4] : Annie Goetzinger (1977), Laurence Harlé (1988), Édith (1993), Helena Klakočar (2000), Marjane Satrapi (2005) et Emil Ferris (2019).
Les nationalités les plus primées sont la France (38 lauréats), les États-Unis (12), l'Espagne (7), l'Italie (6), le Royaume-Uni (5), la Belgique (5), l'Argentine (4) et la Suisse (2). L'Australie, le Canada, la Croatie, le Japon, les Pays-Bas et le Brésil ont chacun vu un de leurs auteurs récompensé.
Les maisons d'éditions les plus primées sont Casterman avec 17 prix (entre 1976 et 1998), Dargaud avec 8 prix (entre 1978 et 2013), Delcourt avec 7 prix (entre 1996 et 2024) et Albin Michel avec 5 prix (entre 1986 et 2001).
Liste des albums récompensés
modifierNotes et références
modifier- Jean-Marc Thévenet, préface à Groensteen 2003, p. 5.
- Groensteen 2003, p. 12.
- René Pétillon a reçu le prix du meilleur album français en 2001, douze ans après avoir reçu le Grand Prix, mais il avait déjà reçu le prix du meilleur album humoristique français en 1977.
- Groensteen 2003, p. 10.
- « Angoulême 2020 : le Fauve d'or est attribué à "Révolution", le Prix du Public France Télévisions à "Saison des roses" », sur francetvinfo.fr,
- Hélène Rietsch, « Festival international de la BD d’Angoulême : l’intégralité du palmarès 2021 », Sud Ouest, (lire en ligne).
- Tewfik Hakem, « BD : "Ecoute, jolie Marcia", meilleur album au festival d'Angoulême », sur France Culture, .
- Alexis Duval, « Festival d’Angoulême : le Fauve d’or 2024 attribué à « Monica », de Daniel Clowes », sur Le Monde, .
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- Festival international de la bande dessinée d'Angoulême
- Le Fauve (mascotte)
- Liste de prix de bande dessinée
Documentation
modifier- Thierry Groensteen (dir.), Primé à Angoulême : 30 ans de bandes dessinées à travers le palmarès du festival, Angoulême, Éditions de l'An 2, , 103 p. (ISBN 2-84856-003-7)
- Mattéo Sallaud, « BD : au festival d’Angoulême, le prix du meilleur album prend du poids chaque année », Sud Ouest, (lire en ligne)