Enrique Gil Robles

juriste espagnol et un théoricien traditionaliste espagnol

Enrique Gil Robles (1849-1908) est un juriste espagnol et un théoricien carliste. Publiquement, il est surtout connu comme le père de José María Gil-Robles y Quiñones. Dans le débat universitaire, il est essentiellement reconnu comme l'un des principaux idéologues du traditionalisme ; certains auteurs le considèrent également comme un théoricien majeur du droit naturel.

Enrique Gil Robles
Fonctions
Député aux Cortes
Pampelune
-
Professeur titulaire (en)
Biographie
Naissance
Décès
[1] (à 59 ans)
SalamanqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Eugenio Gil y Carrasco (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
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Famille et jeunesse

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Enrique Gil y Carrasco (es)

Du côté paternel, Enrique est issu d'une famille de modestes hidalgos de Léon. Son grand-père, Juan Gil, s'installa dans la ville de Villafranca del Bierzo, où il travailla comme administrateur des biens immobiliers appartenant au marquis de Villafranca et de ceux appartenant à l'Église catholique locale[2]. Bien que conservateur, pendant le Triennat libéral (1821–1823) Gil fut particulièrement actif en augmentant les avoirs de Villafranca par des achats massifs d'anciennes propriétés de l'Église, mises en vente lors de la première vague de désamortissement. Après la mort du marquis, l'audit de ses biens effectué par des agents de l'État révéla qu'il manquait 20 114 réaux[2]. En dépit des nombreux doutes qui subsistaient, Gil partit en disgrâce et s'installa à Ponferrada[3].

Le fils aîné de Juan, Enrique Gil y Carrasco (es), servit dans l'armée cristina pendant la première guerre carliste[4] et devint plus tard l'un des auteurs espagnols les plus connus du romantisme. Avant de partir en mission diplomatique en Prusse, il travailla comme percepteur d'impôts locaux ; la charge étant héréditaire, elle fut reprise par le fils cadet de Juan et futur père d'Enrique, Eugenio Gil y Carrasco (né en 1819). Eugenio démontra également un certain talent pour la littérature ; à la suite de la mort prématurée de son frère, il édita ses ouvrages et en publia quelques-uns lui-même. Ils étaient destinés à préserver la mémoire de son défunt frère, bien qu'Eugenio publiât également des poèmes, dont quelques uns dédiés à son fils[5]. Il épousa María Robles Burruezo[6], originaire de Malaga[7]. Le couple s'installa à Salamanque, où Eugenio continua comme administrador de rentas reales[7].

 
José María Gil-Robles y Quiñones

Il fut très tôt orphelin de mère[6]. Il obtint un baccalauréat en philosophie et lettres à l'institut d'éducation secondaire de Salamanque en 1864[7], étudia le droit à l'université de Salamanque mais obtint un diplôme en droit civil et canonique à l'Université centrale de Madrid en 1868[7]. À la fondation de l'institut d'enseignement secondaire de Ponferrada en 1870, il fut employé quelques années comme professeur intérim et commença à enseigner l'histoire universelle, l'histoire de l'Espagne la rhétorique et la poésie, au début des années 1870, assumant également la chaire de psychologie, logique et éthique[2]. Parallèlement, il poursuivit des études doctorales à Madrid ; il soutint sa thèse en 1872[7],[8]. En 1875 il devint professeur titulaire titulaire à l'institut de Ponferrada[7].

À l'âge de 45 ans, Enrique Gil Robles épousa Petra Quiñones Armesto[9], originaire de Ponferrada[6]. Le couple eut 3 enfants, nés entre 1894 et 1898 ; le fils aîné mourut quelques jours après sa naissance. Le deuxième et le plus jeune fils, José María, en tant que chef de la CEDA devint l'un des hommes politiques clés de la Seconde République espagnole ; en reconnaissance de la renommée nationale de son père, il adopta le nom de José María Gil-Robles y Quiñones[10]. Son fils, petit-fils d'Enrique, José María Gil-Robles y Gil-Delgado, devint un politicien important après la transition démocratique espagnole, succcessivement au sein des partis conservateurs Alianza Popular et Parti populaire, qui devint président du Parlement européen en 1997-1999[11].

Universitaire

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Cours des Escuelas Menores, Salamanque.

En 1874, Gil s'inscrivit au concours pour les chaires d'éléments de droit public et administratif espagnol, organisé par les universités d'Oviedo, de Valence et de Grenade. Sa candidature fut acceptée mais pour une raison mal établie il ne se présenta pas aux épreuves[7]. En juillet 1875, il participa au concours pour présider la chaire de droit politique et administratif dans son université d'origine, celle de Salamanque, à l'issue duquel il fut admis[7],[12] et nommé l'année suivante professeur catedrático numerario[7]. Il occupa ce poste pendant les 32 années suivantes, et jusqu'à 4 jours avant sa mort[13] (à un certain moment la chaire fut divisée en deux et Gil Robles continua à la tête du département de droit politique)[7].

À plusieurs reprises, Gil Robles tenta de quitter Salamanque. En 1881, il échoua en postulant pour la même chaire à Barcelone. Son recours en appel fut rejeté par le ministère, mais le candidat initialement admis démissionna si bien que Gil Robles fut finalement nommé. Peu de temps après, Gil démissionna également, alléguant des « circonstances imprévues », et reprit ses fonctions à Salamanque[14]. En 1882-1883, il postula pour la chaire de droit public sa candidature à l'université centrale de Madrid ; il échoua à la suite de modifications successives apportées à la procédure d'admission, qui pourraient avoir été effectuées dans l'intention d'empêcher sa nomination[7]. En 1883-1886, il postula à la chaire d'histoire du droit de la même université, mais ne fut pas admis pour des raisons légales ; de même, il y fut refusé en 1885 pour la chaire de littérature juridique et en 1886 pour celle de droit canonique. En 1891, il postula à nouveau pour la même chaire, encore une fois en vain. En 1901, il présenta sa candidature à la chaire d'études supérieures de droit pénal et d'anthropologie criminelle de l'université centrale et échoua de nouveau[15].

 
Retable de saint Jérôme à la chapelle des Escuelas Mayores de l'université de Salamanque.

Gil Robles consolida sa position académique au fil du temps. En 1884, il subit l'agression des milieux libéraux de la ville et de l'université de Salamanque[16] ; jusque dans les années 1880, certains disaient de lui qu'il était « presque inconnu » dans le milieu des juristes espagnols[17]. Acquérant une reconnaissance graduelle tout au long de sa carrière, il fut juge à plusieurs reprises dans de nombreux concours pour des chaires universitaires à travers l'Espagne et participa à des congrès juridiques nationaux[18]. Il jouit également d'une certaine popularité auprès des étudiants, qui appréciaient son style clair, sa courtoisie et sa bienveillance[19]. Devenu temporairement doyen de la faculté de droit[20], au début des années 1890, Gil Robles comptait déjà, avec Mariano Arés Sanz, parmi les universitaires les plus prestigieux de Salamanque[21] ; à la fin de la décennie il dominait avec d'autres néo-thomistes le milieu intellectuel salmantin et était en grande partie responsable de la réputation conservatrice de l'université[22]. Au tournant du XXe siècle, ce fut plutôt les nouveaux venus aux penchants pro-socialiste, comme Miguel de Unamuno, qui durent firent face à une ambiance très conservatrice[23]. Largement favorisés par l'arrivée de Pedro Dorado Montero (es), les progressistes gagnèrent du terrain dans les années 1900[21], bien que Gil Robles restât jusqu'à sa mort une figure emblématique de la ville[24].

 
Tratado de derecho.

Enrique Gil Robles ne fut pas un écrivain prolifique ; ses écrits se limitent œuvre majeure, quelques livrets, quelques articles dans des revues spécialisées et une poignée de manuscrits. Il est connu pour avoir contribué à un certain nombre de titres de presse[25],[26],[27],[28]. Ses travaux peuvent être ramenés à trois champs d'étude : théorie de l'État, théorie du droit et pédagogie. Il commença à écrire au début des années 1870 et ses œuvres les plus connues furent écrites et publiées entre 1891 et 1902.

L'œuvre la plus imposante de Gil Robles fut son Tratado de derecho político según los principios de la filosofía y el derecho cristianos[29], publié à Salamanque en deux volumes respectivement en 1899 et 1902. S'étendant sur plus de 1 100 pages, l'ouvrage se voulait un manuel exhaustif sur l'organisation de l'État en général et les principes du droit public en particulier, bien qu'il devînt finalement une synthèse du point de vue de l'auteur sur la politique, l'histoire et la religion. Deux autres publications, d'extensions bien inférieures mais beaucoup plus souvent citées, sont deux livrets : El absolutismo y la democracia[30] (1891, contenant son discours d'ouverture de l'année universitaire à l'université de Salamanque) et Oligarquía y caciquismo. Naturaleza. Primeras causas. Remedios. Urgencia de ellos (1901). Les deux furent formatés comme des cours consacrés aux problèmes de la politique espagnole de leur temps, le tout englobé dans un discours idéologique et philosophique plus large. Beaucoup moins connus sont ses premiers travaux sur la théorie de l'État de droit, ¿Qué condiciones debe reunir la Jurisprudencia para disfrutar de la autoridad de doctrina legal? (1888).

 
El catolicismo es liberal.

Parmi un certain nombre d'ouvrages liés à l'éducation, le plus important est El catolicismo liberal y la libertad de enseñanza (1896), un livre comparant les modèles éducatifs catholiques et libéraux ; il développa des thèses exposées plus tôt dans La Libertad Universitaria (1882)[31]. Des études moins partisanes et plus techniques sont Ensayo de metodologia juridical (1893), Guía para el estudio del Derecho administrativo (1899), Advertencia preliminar a las "Recitaciones de Derecho Canónico y disciplina Eclesiástica de España" de Julián Portilla Martín (1900), Indicador y programa para la explicación en cátedra y la preparación fuera de ella de la asignatura de derecho político español comparé avec el extranjero (1906), Método de enseñanza y programa de la asignatura de Elementos de Derecho político y administrativo español, Memoria acerca del método de enseñanza, plan, y programa de la asignatura de elementos de Derecho Político y Administrativo español et Razonamiento y programa de la asignatura de Historia general del Derecho español para las oposiciones de dicha Cátedra vacante en la Universidad Central (tous en manuscrit)[32].

Son œuvre écrite inclut également un petit nombre L'héritage d'articles savants sur la politique, l'éducation et le droit[33], une traduction de l'allemand (Friedrich Julius Stahl, Rechtsphilosophie ) et un nombre indéterminé de contributions à des périodiques locaux et nationaux. Aucune de ses œuvres ne fut rééditée jusqu'en 1961, où son copieux Tratado de derecho político bénéficia d'une seconde édition à l'initiative d'une maison d'édition madrilène[34].

Pensée

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Portrait de Juan Donoso Cortés par Germán Hernández Amores (1849).

Selon Rojas Quintana, la doctrine de Gil faisait partie du regénérationnisme et était en grande partie une réponse au désastre de 1898[35] ; la plupart des spécialistes affirment néanmoins que sa pensée était la continuation des travaux des traditionalistes du XIXe siècle, en particulier ceux de Donoso Cortés, qui se développa principalement en réaction à la révolution de 1868[36]. Gil Robles identifie le libéralisme comme source des maux de l'Espagne, car il est à l'origine de la destruction des structures traditionnelles et de leur remplacement par une oligarchie bourgeoise, qui exerce son pouvoir systématiquement au moyen de l'industrie et du commerce, et personnellement via le réseau des caciques[37]. Pour y remédier, il préconise un retour à l'esprit et, partiellement, aux institutions de l'Ancien Régime (es)[38] ; deux éléments clés de la vision de Gil sont la société « organique » et le roi souverain[39].

Selon Gil, les hommes ne sont pas également libres et souverains et appartiennent naturellement à des groupes différents[40]. Bien qu'étant des individus, ils s'expriment à travers leur activité dans diverses entités sociales et dans la structure globale, et c'est à ce titre seul qu'ils ont une valeur et méritent d'être considérés par la collectivité[41],[42],[43]. La société n'est donc pas conçue comme la somme de ses individus, mais comme une structure émanant de ces groupes ; la métaphore de la société comme un corps vivant constitué d'ensembles organiques vitaux donne lieu au concept de « société organique », une structure pluraliste et gradualiste[44]. Tous les groupes conservent leur autonomie interne[45] ; dans la nomenclature de Gil, elle était appelée « autarchie »[46] et faisait référence à la fonction d'autogouvernement[47] (ou d'autonomie). La société se compose de 3 couches : la classe noble, la classe moyenne et la classe ouvrière, chacune avec ses propres rôles et fonctions[48],[49], bien qu'il existe également d'autres stratifications horizontales et verticales permettant de différencier les divers groupes[50],[51],[39]. La démocratie[52] n'est pas un régime politique, mais un principe constitutif d'une telle société[53] ; qui implique la reconnaissance des rôles joués par divers groupes et de leur souveraineté interne[54], et de la légitimité de la société à exercer une éventuelle coercition sur les individus afin de maintenir le fonctionnement harmonieux du système[55]. La société est cohésionnée par l'interdépendance de ses composantes et non par un contrat social ; des contrats, par définition volontaires, temporaires et réversibles, rendraient absurde une telle communauté[39].

 
Thomas d'Aquin par Herrera el Mozo.

La représentation politique est assurée non par le suffrage universel[56], qui est anti-démocratique car il accorde une place indue à l'individu[57] et donne lieu à la corruption et à l'oligarchie politiques, mais via un schéma corporatiste[51],[39]. Le Parlement — « organiciste » ou « corporatiste » —[58],[59] doit accomplir des tâches de conseil et d'initiative législative[39]. Il devrait être composé de deux chambres : la chambre basse accueillant des entités territoriales et syndicales, et la chambre haute, composée de candidats sélectionnés et nobles[60].

L'idée d'État devrait être basée sur la monarchie du bas Moyen-Âge[38],: une structure en retrait[61] qui ne remplit que des rôles de base et cède la plupart des pouvoirs à ses composantes sociales[38][62],[58]. La montée en puissance de l'État dans la plupart des pays européens, y compris l'Espagne, à la fin du XIXe siècle, est interprétée comme une décomposition de la société, incapable de se gouverner elle-même. Dans une société saine, la structure étatique devrait être placée sous la supervision d'un souverain, une personne (monarchie) plutôt qu'une entité (polyarchie)[63], limité dans ses pouvoirs par l'« autarchie » des groupements sociaux, mais jouissant de la souveraineté politique –Gil Robles rejette séparation des pouvoirs en législatif, exécutif et judiciaire[64], bien qu'il distingue souverainetés sociale et politique–[65]. Il écarte la monarchie absolutiste, qu'il considère césariste[66], tout comme la monarchie constitutionnelle[67] mais considère qu'une régime autoritaire sous la forme d'une monarchie dictatoriale est acceptable en dernier recours[68],[66],[69].

Politicien

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Ramón Nocedal dans les années 1880.

On ignore comment Gil Robles se convertit au traditionalisme, la ville de Salamanque et sa province n'étant absolument pas des bastions carlistes, bien que le mouvement bénéficiât du soutien de certaines « notables ruraux »[70]. Il noua une relation étroite avec Ramón Nocedal , chef de file des « néo-catholiques ». Cofondateur de la Juventud Católica (« Jeunesse catholique ») locale en 1869[71], il prononça à partir de 1870 des discours à forte tendance traditionaliste dont la presse carliste se fit le relai[72]. Une nécrologie affirme qu'il avait « dirigé la brave jeunesse de Salamanque [...] luttant pour défendre l'Espagne de ses amours et de la religion de ses ancêtres », ce qui suggère qu'il aurait pu participer d'une manière ou d'une autre à la troisième guerre carliste[73].

Gil Robles demeura actif dans Juventud Católica et à la fin des années 1870 participa à son comité exécutif de Salamanque[74]. Il prépara en 1882 un grand pèlerinage traditionaliste à Rome [75],[76] et cosigna des lettres de soutien adressées aux hiérarques ecclésiastiques à l'initiative de Cándido Nocedal et son fils Ramón[77]. Gil participa également à des initiatives clairement carlistes, comme un projet de monument en hommage au général Zumalacárregui — héros de la première guerre carliste —en 1883[78], publié dans la presse carliste [79] ; au milieu des années 1880, il figurait déjà parmi les leaders du traditionalisme salmantin[80]. En 1886, une rumeur courut au sujet de sa candidature aux Cortès pour le parti carliste[81], mais la formation décida finalement de maintenir sa stratégie d'abstention.[réf. nécessaire]

 
Le prétendant carliste « Charles VII » en 1898.

Au cours de la scission survenue en 1888 au sein du carlisme, Gil Robles décida de rejoindre les intégristes dissidents dirigés par Nocedal[82], dont il signa le Manifeste de Burgos[83]. En 1889, Gil figurait parmi les organisateurs de leur Parti traditionaliste, sans toutefois intégrer son comité de direction[84]. En 1891, il se présenta comme candidat intégriste aux Cortes pour le district de Sequeros[85] ; il fut initialement déclaré vainqueur[86] mais le résultat du scrutin fut finalement révisé et ne renouvela pas sa candidature lors du scrutin suivant, en 1893. Il dirigea le comité électoral provincial pour les élections générales de 1896[87] mais ne se présenta pas lui-même. À cette époque, sa relation avec Nocedal se détériora[88]. Entre autres raisons[89], Gil Robles aurait été mal à l'aise avec la virulente campagne des intégristes menée contre le prétendant carliste[90]. Au début de 1899, Gil tenta d'organiser la réconciliation entre les carlistes traditionnels et les intégristes, mais sa proposition reçut un accueil glacial de Nocedal[91]. Plus tard dans la même année[92], ils rompirent toute relation et leurs altercations publiques fut acclamée par la presse républicaine[93].

Après avoir quitté l'intégrisme, Gil Robles retourna au carlisme traditionnel[94],[95] ; après des échanges épistolaires avec Don Carlos en 1899[96], il commença à publier dans le quotidien semi-officiel du mouvement, El Correo Español[90], bien que sans participer aux structures du parti. En 1901-1902, il continua un temps à travailler à la réconciliation avec les intégristes[97]. En 1903, il fut de nouveau candidat aux Congrès[98], avec cette fois une victoire presque assurée dans la circonscription de Pampelune dominée par les carlistes. Aux Cortès, il devint le porte-parole de la minorité carliste et jusqu'en 1905 fut assez fréquemment cité par la presse comme parlementaire actif sur toute une variété de questions[99] comme l'éducation[100], la question catalane[101],[102],[103],[104], l'ordre juridique[105], l'organisation du commerce[106], la politique étrangère[107], le règlement intérieur du Congrès[108] et la religion[109]. Il ne se représenta pas en 1905 et 1907, et ne s'impliqua que modérément dans la politique carliste interne, mais continua de publier dans El Correo[110][réf. nécessaire].

À Salamanque

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Tomás Cámara et Castro

À Salamanque, Gil Robles fut actif dans de nombreux domaines. En 1883, il entra à la Commission des réformes sociales[111] ; en 1887 il fut admis comme membre-correspondant à l'Académie de législation et jurisprudence de la ville[7] ; élu en 1893 au conseil municipal — ayuntamiento de notables —, il y dirigea le groupe conservateur[112] ; en 1894 il devint le vice-président local de la Liga de Productores[113] ; en 1902[114] il fut nommé au conseil universitaire de Salamanque[7] et d'autres institutions éducatives provinciales[21] ; l'année suivante, on lui proposa de représenter la province au Sénat en tant que délégué de l'université[115]. Il contribua aux périodiques traditionalistes salmantins, d'abord La Tesis[116], puis La Región et enfin La Información[117].

C'est cependant à travers deux conflits de longue durée avec d'autres personnalités locales que Gil Robles laissa sa marque sur la vie salmantine.

Les intégristes intransigeants se heurtèrent à la hiérarchie ecclésiastique espagnole, qui prônait la plate-forme de l'unité catholique, presque dès le début,[Quoi ?] ce qui conduisit finalement à l'annulation du pèlerinage de 1882 à Rome[76]. Localement le conflit s'aggrava avec l'arrivée en 1885 du nouvel évêque de Salamanque, Tomás Cámara y Castro, un hiérarque décrit comme possibiliste[118],[119], modéré et aperturista[120],[121]. Il s'opposa à la ligne fondamentaliste des périodiques traditionalistes locaux[122], donnant lieu rapidement à une guerre par presse interposée[121] ; le représentant le plus distingué des intégristes salmantins, soutenu par les jésuites locaux[123], était Gil Robles[124]. Le conflit culmina en 1892, lorsque l'épiscopat interdit aux catholiques locaux de lire La Región[125] et tous les périodiques édités par Manuel Sánchez Asensio et Gil Robles Robles[26]. Ce dernier riposta en faisant appel à Rome[126],[90], continua à se référer à l'évêque avec une ironie venimeuse[127] et s'opposa à lui jusqu'en 1895[128]. À la fin des années 1890, le conflit s'atténua lorsque Gil Robles s'éloigna de l'intégrisme et que Cámara en fit son allié dans une confrontation contre des universitaires libéraux.

 
Miguel de Unamuno.

Après la mort de Mariano Arés Sanz en 1891, le milieu académique salmantin était presque entièrement dominé par des conservateurs comme Gil Robles, Alejandro de la Torre Vélez et Nicasio Sánchez Mata[22]. Ce sont précisément les funérailles d'Arés qui produisirent la confrontation avec Miguel de Unamuno, alors jeune professeur de grec fraîchement débarqué à Salamanque[129]. Le discours de Gil en ouverture de l'année universitaire 1891-1892 suscita une nouvelle controverse, sous la forme de 5 articles d'Unamuno intitulés Un nocedalino desquiciado — un nocedalista désaxé —[130]. Rédigés dans un langage très agressif assez atypique dans les querelles publiques entre universitaires de l'époque, ils dénonçaient Gil Robles comme un réactionnaire ayant l'intention de galvaniser le Moyen Âge mort depuis longtemps ; Unamuno fustigea son adversaire, le qualifiant d'« inepte, médiocre et ignorant » et son discours de « en nage, artficieux, faux, maniéré et sans style »[131]. Plus tard, Unamuno baissa la tension de ses attaques, au moins sur le ton[132], mais les relations entre les deux hommes demeurèrent tendues[133]. Unamuno trouva bientôt un allié dans un autre universitaire nouveau venu, Pedro Dorado Montero, menacé en 1897 non seulement d'expulsion de l'université, mais aussi d'excommunication[134],[20],[135] ; tous deux continuèrent d'agglutiner le milieu académique local conservateur[136].

Réception et héritage

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À la fin de sa vie, Gil Robles devint un penseur traditionaliste de premier plan et obtint un poste universitaire prestigieux[137], sans toutefois atteindre la plus haute élite des universitaires de droit espagnols, comme en témoignent ses échecs à obtenir une chaire à Madrid[138].

Según Unamuno, Salamanque était à la fin du XIXe siècle l'un des foyers les plus actifs des luttes intestines du traditionalisme dont la figure la plus remarquable était Gil Robles, qui en vint à se référer dans un de ses écrits à certains évêques comme « adulateurs des pouvoirs persécuteurs de l'Église et haïs de leur peuple »[139].

Après sa mort[140] le souvenir de Gil Robles fut éclipsé puis relégué dans l'oubli par l'activité prolifique d'un autre théoricien carliste, Juan Vázquez de Mella[141]. Dans les années 1930, son image publique se réduisit à celle du père de José Maria Gil-Robles. Après la guerre, ni le régime ni aucun autre regroupement politique n'assuma explicitement l'héritage de Gil Robles. Lors de la résurgence de la doctrine carliste à la fin de l'ère franquiste, les principaux théoriciens du mouvement se focalisèrent sur la figure de Mella, ne faisant référence à Gil Robles que fortuitement, bien qu'il fût reconnu comme l'un des grands noms du traditionalisme. Après la transition, le traditionalisme tomba en désuétude dans l'opinion et un chercheur du début du XXIe siècle se réfère à Gil RObles comme « une figure inconnue, injustement oubliée »[142].

Dans le discours universitaire, en tant que théoricien du droit, Gil Robles est considéré comme un iusnaturalista secondaire appartenant à l'école néo-scolastique [143] ou néo-thomiste[144], redevable à Luigi Taparelli, José Prisco[145] et Luis Mendizabal Martín[146],[147], bien que certains auteurs apprécient son originale contribution[148]. En tant que théoricien de l'éducation, il est présenté comme le représentant de l'intégrisme catholique[149],[38], ennemi du krausisme et de l'hétérodoxie[59]. En tant que théoricien de l'État, il est qualifié de traditionaliste[150],[151],[152],González Cuevas 2008b, p. 1165[153], organiciste[154], « catholique traditionnel »[133] ou représentant du « corporatisme catholique »[155]. En tant que politicien, Gil est généralement qualifié de carliste ou d'intégriste[156]. En tant que personnage public, il est considéré comme un réactionnaire[157]. Selon son fils[158], il était « un démocrate au plus profond de son âme »[159],[160] ; José María Gil-Robles a reconnu avoir été politiquement redevable à son père[161], même si leurs visions de la démocratie chrétienne étaient totalement incompatibles[162].

 
Drapeau du carlisme à partir de 1935.

La contribution de Gil Robles au traditionalisme est diversement appréciée. Dans une synthèse historiographique de 2015, Bartizel ne l'évoque que marginalement[163] ; certains le voient simplement comme un « systématiseur » de la pensée antérieure[164],[165],[152] ; d'autres le considèrent comme un théoricien qui a remodelé les bases idéologiques du traditionalisme[166] et l'un des plus grands traditionalistes de tous les temps[167]. L'historien González Cuevas, spécialiste de la droite et du conservatisme, qualifie Gil Robles de « doctrinaire le plus systématique du traditionalisme du début du XXe siècle » et considère Mella comme son disciple[168],[169]. L'historien britannique Paul Preston le décrit comme une sorte de proto-fasciste, ce que Pedro González Cuevas conteste vigoureusement[170]. Mariano García Canales, discutant de sa contribution générale à la pensée de droite, malgré l'hostilité véhémente de Gil Robles envers l'État omnipotent, affirme que « les idées organicistes génériques qui ont émergé dans un mouvement général de reflux de l'individualisme, mis en avant de la question sociale, ont finalement facilité l'arrivée dans les années 20 de solutions corporatistes autoritaires ou totalitaires »[171],[172].

Notes et références

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  1. Diccionario Biográfico Español
  2. a b et c Pérez Valle 1951, p. 6.
  3. Pérez Valle 1951, p. 6-7.
  4. Pérez Valle 1951, p. 7.
  5. (es) Eugenio Gil, « Un ensueño - biografia », dans G. Laverde (ed.), Obras de Enrique Gil, Madrid (lire en ligne), spécialement le poème A mi hijo (« À mon fils »), p. XXXIII
  6. a b et c Rojas Quintana 2001, p. 214.
  7. a b c d e f g h i j k l et m Martín 2014.
  8. 1874 selon Rojas Quintana 2001, p. 214. « L'un des examinateurs, Francisco Giner de los Ríos, fut si impressionné par le jeune Gil Robles qu'il lui rendit visite plus tard le même jour pour lui offrir sa protection, que Gil refusa et son amitié, qu'il accepta et qui resta vive jusqu'à la mort de ce dernier, en dépit de leurs grandes divergences idéologiques. » (López Centeno 1908, p. 470)
  9. biogr. anecd. 1936, p. 3.
  10. et non José Maria Gil Quinoñes, comme l'aurait voulu le système traditionnel des noms espagnols ; pour une discussion détaillée au sujet de son changement de nom, voir biogr. anecd. 1936, p. 7
  11. (es) « Excmo. Sr. Dr. D. José María Gil-Robles Gil-Delgado », sur Real Academia de Ciencias Económicas y Financieras
  12. en 1873 selon Rojas Quintana 2001, p. 214
  13. López Centeno 1908, p. 470.
  14. Le concours s'étant déroulé durant la pause estivale, les cours de Gil à Salamanque ne furent pas interrompus Martín 2014.
  15. Il s'agissait d'une nouvelle chaire, créée avec la faculté de droit Martín 2014.
  16. (es) José María Hernández Díaz, Maestros y escuelas en la Salamanca contemporánea, Salamanque, (ISBN 8495327031), spécialement le sous-chapitre « Agresión a Gil Robles por un "cate" en la Universidad (1884) »
  17. Posada 1983, p. 268.
  18. par exemple en 1881 à Grenade, en 1886 et 1888 à Barcelone ou en 1902 à Séville Martín 2014, voir aussi (es) « Noticias varias », El Día,‎ (lire en ligne) et (es) « Congreso jurídico de Barcelona », El Día,‎ (lire en ligne)
  19. l'une de ses particularités était son obsession de connaître chaque étudiant personnellement ; pour une description de ses cours voir Rojas Quintana 2001, p. 216-217
  20. a et b Rojas Quintana 2001, p. 218.
  21. a b et c Posada 1983, p. 270.
  22. a et b (es) Luis Enrique Rodríguez-San Pedro Bezares, Historia de la Universidad de Salamanca, vol. 1 : Trayectoria histórica e instituciones vinculadas, Salamanque, (ISBN 9788478001163), p. 254
  23. Unamuno écrivit: « esta Salamanca era por entonces, cuando yo llegué acá, uno de los más activos focos – acaso el más activo – de las luchas intestinas de la derecha antiliberal » Chaguaceda Toledano 2005, p. 74
  24. Rabaté 1997, p. 15.
  25. Par exemple La Información, La Época, La Región, La Tradición, La Tesis
  26. a et b Andrés Gallego 1975, p. 41.
  27. Rabaté 1997, p. 170.
  28. (es) Carlos Manuel Sánchez Pérez, « Manuel Sánchez Asensio (1860-1919) a través de los periódicos que fundó y dirigió », Documentación de las Ciencias de la Información, no 30,‎ , p. 152
  29. « Traité de droit politique selon les principes de la philosophie et du droit chrétiens »
  30. « L'Absolutisme et la Démocratie »
  31. (es) Enrique Gil Robles, « La Libertad Universitaria », La Ciencia Cristiana, no 37,‎ , p. 144 et suivantes (lire en ligne)
  32. Díaz Díaz 1988, p. 462.
  33. par exemple (es) « Sobre el discurso de D. Antonio Cánovas en la Academia de Ciencias Morales y Politicas », La ciencia cristiana, Madrid,‎ , p. 5-12, 103-107, 409-417, 502-506, (es) « De Pedagogía », La España Moderna,‎ , (es) « Estudios socials sobre el código civil », Revista Católica de las cuestiones Sociales, no 97,‎
  34. Rojas Quintana 2001, p. 219.
  35. comme Rojas Quintana
  36. comme García Canales, González Cuevas ou Montoro Ballesteros
  37. Rojas Quintana 2001, p. 219-20.
  38. a b c et d Rojas Quintana 2001, p. 222.
  39. a b c d et e García Canales 2015, p. 26.
  40. Montoro Ballesteros 1970, p. 100.
  41. Gil développa le concept d'une relation duale, l'individu étant lié aux groupes auxquels il appartient et à la société tout entière
  42. García Canales 1977, p. 45.
  43. García Canales 2005, p. 25.
  44. González Cuevas 2008a, p. 32.
  45. García Canales 1977, p. 38, 43-44.
  46. Albert Márquez 2010, p. 99.
  47. Martorell Pérez 2009, p. 367.
  48. Montoro Ballesteros 1970, p. 93.
  49. Rojas Quintana 2001, p. 224.
  50. Les divisions horizontales sont essentiellement territoriales : famille, municipalité, province, etc., tandis que les verticales sont fonctionnelles comme les guildes (ou corporations), les associations, les partis, etc.
  51. a et b García Canales 1977, p. 46.
  52. le terme (democracia) était utilisé littéralement par Gil Robles
  53. Montoro Ballesteros 1970, p. 92.
  54. Montoro Ballesteros 1970, p. 93. « Llamemos, pues, democracia al total estado jurídico del pueblo, es decir, a la condición que resulta del reconocimiento, garantía y goce de todos los derechos privados, públicos y políticos que corresponden a la clase popular, la cual, si no es soberana, es también imperante y gobernante en proporción de su valor y fuerza sociales »
  55. Montoro Ballesteros 1970, p. 95. « el derecho que corresponde a la persona superior de una sociedad para obligar a los miembros de ella a los actos conducentes al fin social, en cuanto, por naturaleza o circunstancias, sean incapaces esos miembros de ordenarse a dicho fin o bien »
  56. qu'il qualifiait de « dictature de la plèbe » Montoro Ballesteros 1970, p. 99-100
  57. Montoro Ballesteros 1970, p. 95.
  58. a et b (es) Javier Ordoñez, « Utopía y distopía en el XIX español », dans Manuel Suárez Cortina (ed.), Utopías, quimeras, y desencantos: el universo utópico en la España liberal, Oviedo, (ISBN 9788481024821), p. 38-39
  59. a et b González Cuevas 2001, p. 119.
  60. García Canales 1977, p. 47.
  61. Rojas Quintana 2001, p. 220.
  62. Gil s'opposait radicalement à l'idée d'un État tout puissant, avançant la théorie de sociétés « autarchiques » contre le pouvoir institutionnel
  63. Il était influencé sur ce point par Karl Ludwig van Haller et Luigi Taparelli Montoro Ballesteros 1970, p. 96, 100
  64. Montoro Ballesteros 1970, p. 96, 98.
  65. González Cuevas 2008b, p. 1163.
  66. a et b Rojas Quintana 2001, p. 221.
  67. Gil distinguait entre deux types de monarchie constitutionnelle : la monarchie démocratique (l'Espagne selon la Constitution de 1869 ; son article 32 déclarait la souveraineté de la nation et assigné un rôle exécutif au roi) ou monarchie doctrinaire (l'Espagne selon la Constitution de 1876, dont l'article 18 déclarait que les pouvoirs résidaient conjointement dans le Roi et les Cortès) Montoro Ballesteros 1970, p. 101-102
  68. (es) Cristóbal Robles Muñoz, José María de Urquijo e Ybarra: opinión, religión y poder, Madrid, (ISBN 9788400076689), p. 73
  69. (es) Javier Esteve Martí, « El carlismo ante la reorganización de las derechas. De la Segunda Guerra Carlista a la Guerra Civil », Revista de Historia Contemporánea, no 13,‎ , p. 128-129
  70. Díez Cano 1986, p. 43-44. « medianos propietarios del campo, algunos comerciantes de relieve, pequeño artesanado y el añadido de unos profesionales liberales concentrados básicamente en la capital y en algunas cabezas de partido »
  71. Díez Cano 1986, p. 46.
  72. par exemple : (es) « Lo que se ve y lo que no se ve », La Regeneración,‎ , p. 2 (lire en ligne), (es) « Los hombres de nuestro campo », La Regeneración,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  73. López Centeno 1908, p. 469. « figuró á la cabeza de aquella brava y animosa juventud salmantina que, respondiendo corno á una solemne evocación del espíritu de nuestra raza, peleaba con denuedo en defensa de la España de sus amores y de la religión de sus padres »
  74. (es) « Boletín de la Juventud Católica de Madrid », El Siglo Futuro,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ), (es) « Movimiento católico », El Siglo Futuro,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ), (es) « La fiesta de la Inmaculada Concepción », El Siglo Futuro,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ) ; selon López Centeno 1908, p. 470, Cánovas lui offrit une place aux Cortès en tant que l'un des leaders de la Juventud Católica madrilène à condition qu'il renonce à revendiquer les droits du prétendant carliste « Charles VII », ce que Gil Robles aurait refusé
  75. (es) « Romería - Organización - Junta de Salamanca », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne) ; l'initiative fut peu de temps après abandonnée sous la pression des autorités épiscopales
  76. a et b (es) « Las citas del Illmo. Señor obispo de Segorbe », El Siglo Futuro,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  77. (es) « Adhesiones al venerable obispo de Plasencia », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne), (es) « El Siglo Futuro », El Siglo Futuro,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  78. (es) « Suscripción para eregir un monumento a D. Tomás Zumalacárregui », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne)
  79. essentiellement La Tradición (sous-titré «Dios, Patria y Rey», soit la devise carliste), publié à partir de 1886 Rabaté 1997, p. 170
  80. El Siglo Futuro 12.05.83, here
  81. (es) « Correspondencias particulares de «La Dinastía» », La Dinastía,‎ (lire en ligne)
  82. (es) Javier Real Cuesta, El carlismo vasco 1876–1900, Madrid, (ISBN 9788432305108), p. 113
  83. (es) « Carta de la isla de Chipre », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne)
  84. (es) « Organización del Partido Tradicionalista », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne)
  85. (es) « Provincias », La Unión Católica,‎ (lire en ligne) ; Sequeros était alors le district électoral le plus carliste de la province, dont il fournissait autour de 26 % des militants du parti Díez Cano 1986, p. 36
  86. (es) « En provincias », El Liberal,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  87. (es) « La reunión de Valladolid en los días 20, 21 22 de setiembre - Reseña », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne)
  88. autour de 1907 El Siglo Futuro cessa de publier ses articles et de faire de la publicité à ses livres
  89. La relation initialement cordiale entre Nocedal et Gil, établie à la fin des années 1860, commença vraisemblablement en 1891-1892, lorsque Nocedal refusa de faire appel à la Rote romaine pour protester contre les mesures épiscopales contre La Región Cuenca Toribio 1982, p. 168
  90. a b et c Cuenca Toribio 1982, p. 168.
  91. (es) « El eco », El Siglo Futuro,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  92. (es) « Telegramas de la Agencia Fabra », El Siglo Futuro,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  93. qui dénigra Gil en faisant référence à lui comme le « professeur de Salamanque pour le malheur de la jeunesse espagnole », (es) « Miseria de los neos - Contra Nocedal », El País (es),‎ , p. 1 (lire en ligne)
  94. Cuenca Toribio 1982, p. 153.
  95. (es) Historia del carlismo, Madrid,
  96. Gil écrivit en novembre 1899 : « Señor: No encuentro palabras bastante expresivas con que manifestar a V. M. La gratitud de que le soy deudor. El regio autógrafo con que V. M. se ha dignado honrarme, sería sobrada recompensa de los más ilustres y heroicos servicios a la Causa de Dios, de la Patria y del Rey, no habiendo tenido yo la dicha de prestarlos; mas obligado quedo a consagrarme a ella sin reserva ni restricción alguna, para que los renglones trazados de la real mano sean merecida ejecutoria de lealtad que transmitir sin mancha a mis hijos. Hora es ya de que no haya más que un programa y una hueste bajo la Cruz triunfadora de todas las desventuras y catástrofes bajo la Monarquía cristiana, que hoy, como después del Guadalete, es la única institución que flota sobre el naufragio", to which Carlos VII responded: "Mi querido Gil Robles: Quiero ponerte yo mismo dos letras, pues arrepentimientos y retractaciones como las tuyas prueban, además de un espíritu recto y elevado, un gran corazón. Cuento contigo, y quiera Dios que muchos de los engañados abran los ojos y sigan tan noble ejemplo, para bien de nuestra querida y tan desgraciada España. Tu afectísimo, Carlos », cité dans (es) Maximiliano García Venero, Historia de la Unificación, Madrid,
  97. (es) « Tristes contrastes », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne)
  98. déclinant ainsi l'offre qui lui était faite d'être nommé au Sénat en représentation des universitaires de Salamanque López Centeno 1908, p. 470
  99. On put lui reprocher d'être trop élégant et subtil pour un contexte comme celui des Cortès : « D. Enrique; es usted muy puro para vivir en este ambiente » López Centeno 1908, p. 470
  100. (es) « Crónicas parlamentarias. Sesión de ayer. Congreso », El Globo,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  101. (es) « Discusión del mensaje », El Liberal,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  102. (es) Evarist Olcina, El Carlismo y las autonomías regionales, Madrid, , p. 197.
  103. (es) Melchor Ferrer, Historia del legitimismo español vol. XXX, Sevilla 1979, p. 89, vol. XXX, Séville, , p. 89.
  104. Andrés Gallego 1975, p. 338.
  105. (es) « Cortes - Congreso », El Día,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  106. Par exemple en s'exprimant contre le travail le dimanche, voir (es) « El descanso dominical. Enmiendas al dictamen », El Día,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  107. (es) « La mañana en el Congreso », El Día,‎ , p. 3 (lire en ligne), cet épisode (l'envoi d'un navire de guerre espagnol en visite de courtoisie aux États-Unis) est discuté en détail dans Rojas Quintana 2001, p. 224-226
  108. (es) « ruegos y preguntas », El Siglo Futuro,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  109. (es) « Congreso. Sesión del día 11 », La Dinastía,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  110. par exemple (es) « Desde una cátedra », El Imparcial,‎ , p. 1 (lire en ligne), où il est décrit comme ferme partisan du tsar Nicolas II dans la révolution russe de 1905.
  111. Rabaté 1997, p. 107.
  112. Rabaté 1997, p. 157-158.
  113. et lutta en faveur de mesures protectionnistes pour freiner les importations étrangères, voir (es) « Liga de Productores de Salamanca. A las Córtes [sic] », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne)
  114. Ayant reçu le titre officiel de conseiller de l'instruction publique. En 1901, en reconnaissance de ces mérites dans le domaine de l'éducation, on lui proposa des postes importants dans l'administration, qu'il rejeta car il avait décidé de n'accepter aucune affectation en dehors de son parcours académique Martín 2014
  115. mais il refusa d'être candidat carliste au Congrès Rojas Quintana 2001, p. 218
  116. Un périodique intransigeant publié en 1885-1886 par Manuel Sánchez Asensio. Il y écrivit : « nous aurons du respect, de la tolérance et de la charité pour les personnes. Nous serons inflexibles et intransigeants avec les misères et les vices », ces derniers faisant référence au libéralisme Sánchez Pérez 2007, p. 152
  117. La Región fut publié à Salamanque entre 1890 et 1892, La Información entre 1892 et 1897 Sánchez Pérez 2007, p. 159
  118. Sánchez Pérez 2007, p. 153.
  119. Il déclara son acceptation de l'article 11 de la Constitution de 1876, qui établissait un nouveau modèle de relation entre l'État et l'Église, et adhéra à la doctrine papale de la théorie de la « thèse-hypothèse », pilier logique de la stratégie de l'unité catholique Posada 1983, p. 268-269
  120. partisan de l'ouverture
  121. a et b de Vega 1986, p. 51.
  122. Posada 1983, p. 269.
  123. Rabaté 1997, p. 169-170. « jesuitas de la Clerecía »
  124. surnommé «prohombre de camarilla jesuítica antiepiscopa» Sánchez Pérez 2007, p. 166
  125. (es) « Decreto », La Unión Católica,‎ (lire en ligne)
    « esta prohibición se extiende, mientras otra cosa no ordenáramos, á cualquier papel periódico que redactaren D. Manuel Sánchez Asensio ó D. Enrique Gil y Robles »
  126. Rabaté 1997, p. 179.
  127. Rabaté 1997, p. 183.
  128. (es) « Instántaneas », El Siglo Futuro,‎ (lire en ligne)
  129. En 1891, il signa une lettre soutenant l'idée de refuser les honneurs académiques funéraires à Arés, alléguant la loi qui empêchait les honneurs autres que ceux conformes à la religion de l'État Rabaté 1997, p. 136
  130. Rabaté 1997, p. 147-148.
  131. Rabaté 1997, p. 149.
  132. Rabaté 1997, p. 151.
  133. a et b Rojas Quintana 2001, p. 213.
  134. l'incident fut appelé «tercera cuestión universitaria» (« troisième question universitaire », l'expression cuestión universitaria faisant référence au problème de la conformité de l'enseignement supérieur avec la doctrine catholique) ; en 1897, des étudiants dénoncèrent Montero pour non adhésion aux principes religieux. Les autorités religieuses locales demandèrent l'expulsion de Dorada, mais le recteur refusa en se justifiant sur la base du principe constitutionnel selon lequel personne ne devrait être poursuivi pour ses opinions religieuses.
  135. Sánchez Pérez 2007, p. 164-166.
  136. Chaguaceda Toledano 2005, p. 74-75. Pour une vision d'ensemble du rapport au carlisme, complexe et ambigu, d'Unamuno, voir (es) Jordi Canal, « Un gran episodio nacional: Unamuno, el carlismo y las guerras civiles », dans Ana Chaguaceda Toledano (ed.), Miguel de Unamuno estudio sobre su obra (actas de las VII Jornadas unamunianas), vol. 4, Salamanque, (ISBN 9788478002931), p. 207-214 et (es) Jean-Claude Rabaté, « Miguel de Unamuno y el carlismo », Imágenes: el Carlismo en las artes. III Jornadas de Estudio del Carlismo, Estella,‎ , p. 13-28 (ISBN 9788423532278)
  137. Selon Francisco Giner de los Ríos, Gil « était l'écrivain et penseur ayant la plus solide formation de l'école catholique espagnole en ce qui concerne les sciences politiques » Posada 1983, p. 268-269, et son Tratado de Derecho Politico était supérieur à tout ce qui avait pu être écrit sur le sujet dans la littérature catholique hispanique Rojas Quintana 2001, p. 215
  138. il n'intégra jamais non plus la Real Academia de Jurisprudencia y Legislación
  139. (es) Miguel de Unamuno, « Comentario: Recuerdos vivos a don José María Gil Robles », Ahora,‎ , p. 5 (lire en ligne)
  140. il mourut d'une hémiparésie. Sa mort eut d'importants retentissements dans la presse de l'époque ; pour une revue des nécrologies de Gil, voir López Centeno 1908, p. 470 et suivantes
  141. Orella Martínez 2012, p. 36-37.
  142. Rojas Quintana 2001, p. 227. « figura desconocida, injustamente olvidado »
  143. (es) Índice Histórico Español, vol. XVIII, Barcelone, , chap. 65
  144. (es) Manuel Alberto Montoro Ballesteros, « Filosofia y estilo de vida: apunte biografico y perfil intelectual del profesor Mariano Hurtado Bautista », dans Antonio Perez Martin (ed.), Funciones y fines del derecho: estudios en homenaje al profesor Mariano Hurtado Bautista, Murcie, (ISBN 9788476843260), p. 23
  145. Pérez Luño 1973a, p. 134.
  146. Pérez Luño 1973a, p. 138, 140-141.
  147. (en) Enrique Pérez Luño, « Natural law theory in Spain and Portugal », The Age of Human Rights Journal, no 1,‎ , p. 1-24
  148. notamment son élaboration d'un « droit objectif » moniste (dirigé contre la dualité entre droit public et droit privé) Albert Márquez 2010, p. 99 et la distinction entre droit naturel divin — un attribut naturel de l'être —, et le droit naturel « adventice », apparaissant par l'activité humaine, distinction qui permet la projection historique du droit naturel et renvoyant à la doctrine de Francisco Suárez et sa différenciation entre lex (ius naturale praeceptivum) et dominium (ius naturale dominativum) Pérez Luño 1973a, p. 140-141; pour une discussion détaillée de la conception de Suárez (en) Natural Law, Constitutionalism, Reason of State, and War: Counter-reformation Spanish Political Thought, vol. 1, Madrid, (ISBN 9780820474274), p. 132
  149. Par exemple l'idée que l'éducation doit être gérée par l'Église, qui garantit ainsi l'unité et l'esprit de la nation
  150. Orella Martínez 2012, p. 449.
    « doctrinarios de tradicionalismo carlista »
  151. (es) Juan Rodríguez Ruiz et José María Benavente Barreda, « Tradicionalismo », dans Enciclopedia de la Cultura Española, Madrid, , p. 456-459
    « teorético del tradicionalismo »
    .
  152. a et b García Canales 2015, p. 25.
  153. Selon Díaz Díaz 1988, p. 462, Gil « offre une synthèse fructueuse et originale de néothomisme et de traditionalisme. L'historien militant du Parti carliste (refondé) Josep Carles Clemente, connu pour avoir donné une interprétation « néo-carliste » du mouvement carliste en le présentant comme un mouvement fondamentalement social (il relèverait selon lui du« socialisme auto-gestionnaire »), affirme que les traditionalistes étaient des intrus ayant infiltré le carlisme authentique, voir (es) José Carlos Clemente Muñoz, El carlismo en el novecientos español (1876-1936), Madrid, (ISBN 9788483741535), p. 56
  154. (es) José Manuel Roca, La derecha furiosa, Madrid, (ISBN 9788493447472), p. 161
  155. (es) Laureano López Rodó, Memorias, Madrid, (ISBN 9788478630097)
  156. (es) Alberto Gil Novales, Centenario de la "información de 1901" del Ateneo de Madrid sobre "oligarquía y caciquismo", Madrid, (ISBN 9788424509194), p. 140, Chaguaceda Toledano 2005, p. 74, Rabaté 1997, p. 114-115, (es) Luciano G. Egido, Salamanca, la gran metáfora de Unamuno, Salamanque, (ISBN 9788474812435), p. 19, (es) Dolores Gómez Molleda, Unamuno "agitador de espiritus" y Giner de los Ríos, Salamanque, (ISBN 9788460069089), p. 11, Posada 1983, p. 221, (es) José Javier López Antón, Arturo Campión entre la historia y la cultura, Pampelune, (ISBN 9788423517879), p. 106. Víctor Manuel Arbeloa (es) dit de lui qu'il fut « tantôt intégriste, tantôt carliste », dans (es) Víctor Manuel Arbeloa, « El quiebro del PSOE (1933-1934) », dans Del gobierno a la revolución, vol. 1, Madrid, (ISBN 9788415705642), p. 98-99
  157. (es) Ángel Menéndez Rexach, La jefatura del Estado en el derecho público español, Barcelone, , p. 199
    « postura inequívocamente reaccionaria »
    , (es) Víctor Ouimette, Los intelectuales españoles y el naufragio del liberalismo, 1923-1936, vol. 1, Madrid, (ISBN 9788481911770), p. 246
    « uno de los más reaccionarios [universitarios de Salamanca] »
    , (es) Manuel José Alonso García, Temas y protagonistas del pensamiento español del siglo XX, vol. 1, Madrid, (ISBN 9788492177417), p. 113
    « Católico reaccionario »
  158. qui fut orphelin de père à l'âge de 10 ans
  159. ce qui n'empêche pas José María from calling de qualifier son père d'« inébranlable carliste », ((es) José María Gil-Robles, No fue possible la paz, Barcelone, ). Il déclara aussi que seule l'absence d'un monarchisme explicite séparait la CEDA du traditionalisme
  160. García Canales 2015, p. 68.
  161. Durant l'un de ses discours au Congrès au début des années 1930, un carliste député s'exclama : « C'est du traditionalisme ! », à quoi Gil-Robles répondit que les carlistes ne détenaient pas les droits exclusifs sur le traditionalisme
  162. Gil Robles considérait les premières références papales à la démocratie comme une « action sociale bienfaisante », une sorte d'activité catholique et sociale, et en aucun cas l'acceptation du « peuple » comme souverain politique Montoro Ballesteros 1970, p. 105-107. Cette interprétation était assez répandue parmi les conservateurs catholiques confrontés pour la première fois à la nouvelle approche papale ((pl) Jacek Bartyzel, « Demokracja chrześcijańska a konserwatyści (w świetle nauczania papieskiego) », dans Śmiertelny bóg demos, Varsovie, (ISBN 9788389812148), p. 136-144). Selon une autre interprétation fréquente, Gil concevait la démocratie chrétienne comme la reconnaissance du fait que le peuple (hiérarchisé) partagé la souveraineté avec un monarque González Cuevas 2001, p. 119
  163. 7 mentions fortuites de Gil Robles dans Bartyzel2015 contre 67 mentions de Vázquez de Mella Martorell Pérez 2009, p. 370.
  164. Essentiellement celle de Jaime Balmes, Juan Donoso Cortés et Antonio Aparisi Guijarro
  165. García Canales 1977, p. 44.
  166. (es) Javier Ugarte Tellería, El Nacionalismo vasco: Mitos, conmemoraciones y lugares de la memoria, Madrid, (ISBN 9788497425513), p. 258
  167. Dans (es) Marcial Solana, El tradicionalismo político español y la ciencia hispana, Madrid, , Vázquez de Mella est mentionné 68 fois, Gil Robles 46 fois, Ramón Nocedal 25 fois, Menéndez Pelayo 25 fois et Aparisi Guijarro 23 fois Martorell Pérez 2009, p. 370
  168. González Cuevas 2008, p. 1163.
  169. Pour les différences essentielles entre Gil Robles et Vázquez de Mella, voir Bartyzel 2015, p. 140 et García Canales 2015, p. 26
  170. (es) Pedro Carlos González Cuevas, « En torno a la obra del hispanista Paul Preston », Catoblepas, no 91,‎ (lire en ligne)
    « sin duda, el historiador británico no ha leído ni a Enrique Gil Robles, ni a Juan Vázquez de Mella, ni a Víctor Pradera; y tiende, con su habitual ignorancia, a presentar el carlismo como una especie de remedo del fascismo, sin tener en cuenta el antiestatismo y antitotalitarismo característicos del tradicionalismo carlista »
  171. En allusion à la dictature de Primo de Rivera.
  172. García Canales 2015, p. 22.

Annexes

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Articles connexes

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Bibliographie

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Liens externes

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