Dépôt de gerbe à la femme du Soldat inconnu

manifestation féministe à Paris en 1970

La tentative de dépôt de gerbe à la femme du Soldat inconnu est la première action médiatique du Mouvement de libération des femmes (MLF), le à Paris. Le projet visait à déposer des fleurs en hommage à « la femme du Soldat inconnu », sur la tombe de celui-ci, au pied de l'Arc de triomphe à Paris. Cette action est réalisée par neuf femmes, dont Cathy Bernheim, Christine Delphy et Monique Wittig[1],[2],[3]. Elles sont cependant arrêtées par la police au cours de leur progression vers l'Arc de triomphe et le dépôt de gerbe n'a pas lieu.

La tombe du Soldat inconnu.

Contexte

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La manifestation est organisée en solidarité avec la grève générale des femmes américaines, qui se tient le , à l’occasion du cinquantième anniversaire de l'obtention du droit de vote des femmes aux États-Unis[4]. À New York, les manifestantes revendiquent l'égalité entre hommes et femmes et manifestent contre le « devoir conjugal »[5],[6].

Déroulement

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Les manifestantes se rassemblent place de l'Étoile le , dans la soirée selon Le Monde[7], aux alentours de midi selon le témoignage de Christine Delphy[6], vers 17 h 30 selon Causette[4]. Elles arborent quatre banderoles[6] sur lesquelles on peut lire « Un homme sur deux est une femme » ; « Solidarité avec les femmes en grève aux USA » ; ou encore « Il y a encore plus inconnu que le Soldat inconnu, sa femme »[4]. Christine Delphy porte une énorme gerbe de fleurs[6], entourée d'un large ruban violet : « À la femme inconnue du Soldat, les femmes en lutte »[4].

Des policiers les empêchent de déposer la gerbe et les entraînent dans le pilier gauche de l'Arc de triomphe, où se trouve un poste de police[4]. Elles sont ensuite transférées dans un poste de police en bas de l'avenue des Champs Élysées[8]. Elles chantent des chansons pendant leur garde à vue[6]. Christine Delphy raconte : « Ils ne savaient absolument pas quoi faire de nous, ils ne comprenaient pas. Certains se sentaient insultés par la banderole « un homme sur deux est une femme » : ils croyaient qu’on les traitait d’homosexuels »[6] Elles sont ensuite emmenées au commissariat du 8e arrondissement de Paris, dont elles sont rapidement libérées[8],[4]. Anne Zelensky indiquera en 2004 : « On violait un espace tellement sacré dans la patriarchie »[9].

Participantes

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Certains médias parlent d'une trentaine de femmes : il y en a neuf en réalité, dont la liste diffère selon les sources. Sont citées systématiquement Cathy Bernheim, Christine Delphy et Monique Wittig, mais aussi Christiane Rochefort et l’Américaine Namascar Shaktini[1], à l'époque connue sous le nom Margaret Stephenson[9], ou encore Monique Bourroux, Julie Dassin, Janine Sert, Emmanuèle de Lesseps et Anne Zelensky[10].

Traitement médiatique

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Cette action très symbolique est relayée par plusieurs journaux, pour certains comme L'Aurore[9] et France-Soir[4] en une. Une journaliste de L'Aurore en particulier aide à donner un écho à l'événement, l'actualité étant par ailleurs assez calme[6]. La journaliste Marianne Lohse de France-Soir précise que « plusieurs [manifestantes] sont jeunes et jolies »[11].

La télévision nationale réalise un court reportage sur la manifestation au Journal de 20 heures de l'ORTF[12].

Postérité

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La manifestation constitue la première action visible du MLF[13],[14],[15]. Elle est considérée comme l'acte de naissance du mouvement[16],[17],[18] qui participe à le faire connaître[19],[6] et entraîne une multiplication des adhésions[4]. En , l'assemblée générale qui se tient aux Beaux-Arts de Paris réunit plus de cent femmes[4].

Notes et références

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  1. a et b Sylvie Duverger (intervieweuse), Sarah Jagodzinski (intervieweuse) et Cathy Bernheim (interviewée), « "Les médias sont en soi un miroir déformant" - Entretien avec Cathy Bernheim », sur blogs.nouvelobs.com, .
  2. Françoise Picq, « MLF : 1970, année zéro », Libération, (consulté le ).
  3. Thomas Guien, « Libération de la femme: encore un effort? », L'Express, (consulté le ).
  4. a b c d e f g h et i Loiseau 2020.
  5. Sinard 2017.
  6. a b c d e f g et h Mailis Rey-Bethbeder (intervieweuse) et Christine Delphy (interviewée), « Christine Delphy, 50 ans après la création du MLF : « J’espère que les féministes ne vont pas rester bien polies, dans cette société, ça ne sert absolument à rien » », Le Monde, (consulté le ).
  7. « Les grèves sont restées très limitées », Le Monde, (consulté le ).
  8. a et b Camille Saint-Cricq, « Il y a cinquante ans, hommage à la femme du soldat inconnu », sur Les Nouvelles News, (consulté le ).
  9. a b et c Claire Devarrieux, « Chercher la flamme », Libération, (consulté le ).
  10. Anaïs Guillon, « 50 ans de libération des femmes : ce que nous devons au MLF », Elle, .
  11. Marianne Lohse, « Les manifestantes féministes de Paris : « Il y a plus inconnu que le Soldat inconnu : c'est la femme » », France-Soir,‎ , p. 1.
  12. « Dépôt d'une gerbe à la femme du soldat inconnu », elles@centrepompidou, sur ina.fr, Institut national de l'audiovisuel, .
  13. Laurent Greilsamer, « "Il est interdit d'interdire", l'esprit de mai », Le Monde, (consulté le ).
  14. Émilie Grangeray, « Benoîte Groult, le choix de la dernière heure », Le Monde, (consulté le ).
  15. Michèle Solat, « Le développement de la presse féministe », Le Monde, (consulté le ).
  16. Le HuffPost avec AFP, « Comment 9 féministes ont lancé le MLF le sous l'Arc de Triomphe », sur HuffPost, (consulté le ).
  17. « Cinquantième anniversaire du MLF : l'hommage à la femme du soldat inconnu », Terriennes, TV5 Monde, .
  18. Suzette Robichon, « Décès de Monique Wittig, figure phare du lesbianisme », Le Monde, (consulté le ).
  19. Antoine Flandrin, « Mai 68 : des femmes dans les rues, mais privées de parole publique », Le Monde, (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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