Chiroubles (AOC)
Le chiroubles[1] est un vin rouge français d'appellation d'origine contrôlée produit dans le département du Rhône. Son vin est issu uniquement du cépage gamay.
Chiroubles | |
Le vignoble de Chiroubles. | |
Désignation(s) | Chiroubles |
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Appellation(s) principale(s) | Chiroubles[1] |
Type d'appellation(s) | AOC-AOP |
Reconnue depuis | 1936 |
Pays | France |
Région parente | Vignoble du Beaujolais |
Localisation | Rhône |
Climat | Climat semi-continental |
Ensoleillement (moyenne annuelle) |
1 976 heures par an en moyenne, soit environ 164 jours par an |
Sol | sables granitiques |
Superficie plantée | 320 hectares en 2022[2] |
Nombre de domaines viticoles | 60 caves de vigneron(ne)s |
Cépages dominants | gamay N[3] |
Vins produits | rouges |
Production | 16 475 hectolitres en 2010[2] |
Pieds à l'hectare | Minimum 6 000 pieds par hectare[4] |
Rendement moyen à l'hectare | Maximum 52 hectolitres par hectare[4] |
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L'appellation couvre la commune de Chiroubles, dans le vignoble du Beaujolais. Elle est l'un des dix crus de ce vignoble, qui sont du nord au sud : le saint-amour, le juliénas, le chénas, le moulin-à-vent, le fleurie, le chiroubles, le morgon, le régnié, le brouilly et le côte-de-brouilly.
Chiroubles est une appellation exclusivement sur coteaux granitiques à une altitude moyenne de 410 mètres. Ce qui fait de son terroir, un terroir d'altitude.
Histoire
modifierLe chiroubles est reconnue par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) comme appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis le décret du [5].
Étymologie
modifierChiroubles doit presque tout au granite, cette roche dure altérée par le temps. Les pierres issues de la dégradation du sous-sol ont été regroupées en tas par les générations successives d’habitants de ce village. En patois local, ces amas de pierres aux arêtes vives s’appellent des « piarris ». En vieux français, ce sont les « chirats ». De chirat à Chiroubles, il n’y a qu’un pas pour expliquer l’origine du nom de cette commune Beaujolaise.
Situation géographique
modifierLa commune de Chiroubles est située dans le département du Rhône, dans la partie nord du vignoble du Beaujolais, à 11 km de Beaujeu, à 13 km de Belleville, à 14 km de l'A6 et à 50 minutes de Lyon.
Orographie
modifierLe vignoble est situé à une altitude de 270 à 600 mètres, ce qui fait de ce cru le plus élevé du Beaujolais. Cette altitude est cependant atténuée par une exposition exceptionnelle. Dans un amphithéâtre orienté globalement au sud-est, les températures sont plus clémentes et le vignoble mieux abrité du vent que d'autres sites d'altitude égale.
Géologie
modifierSables légers, maigres et filtrants, issus de la désagrégation du granite.
Climatologie
modifierLe climat de ce terroir viticole est de type semi-continental avec des influences méditerranéennes : les étés sont chauds et ensoleillés et les hivers rigoureux, la sensation de froid est renforcée par la bise.
Les hivers sont relativement secs et dépourvus de neige en plaine (toutefois de fortes précipitations ne sont pas exclues). Les frimas sont courants et les températures varient généralement d'une dizaine de degrés au plus pendant la journée. Les étés sont généralement chauds et secs : l'amplitude des températures en journée atteint parfois une vingtaine de degrés et les températures maximales dépassent parfois les 35 degrés. Le mois d'août est parfois frais avec quelques orages et une légère brise qui disperse les polluants de l'air. Le mois d'août 2019 étant au contraire très chaud et sec avec 35 degrés de température maximale. Le vent souffle souvent à la suite d'une compression de l'air dans le sillon rhodanien.
Vignoble
modifierCe vignoble se situe entre les appellations fleurie et morgon, sur la commune de Chiroubles. C'est la plus haute appellation parmi les dix crus du Beaujolais (au pied du col de Durbize).
Lieux-dits et climats
modifierLes lieux-dits sont les suivants :
- Bel-Air
- Chatenay
- Fontenelle
- Javernand
- Grille Midi
- Les Bonnes
- Les Pontheux
- Les Roches
- Rochefort
- Tempère
Encépagement
modifierLe cépage essentiel est le gamay noir à jus blanc ; trois autres sont autorisés comme cépages accessoires, limités à 15% au sein de chaque parcelle : l'aligoté, le chardonnay et le melon.
Le gamay, cépage exclu de Bourgogne par Philippe II de Bourgogne, (il le surnommait le « très déloyal plant ») a trouvé dans les sables granitiques de Chiroubles un terroir à sa mesure. Il y donne des vins fins, très aromatiques, élégants et équilibrés, alliant amplitude et fraîcheur qui peuvent se conserver plusieurs années. Les meilleurs vins de gamay sont obtenus, à l’opposé du pinot noir, sur des sols acides et granitiques. Le vin issu du gamay possède une couleur rouge nuancée de violet. Il possède généralement un caractère fruité (fruits rouges, fruits noirs) et est relativement pauvre en tanins, ce qui en fait un vin gourmand et gouleyant. C'est un cépage peu vigoureux, faible mais fertile et dont la production doit être maîtrisée car il a tendance à s'épuiser[6]. Son débourrement précoce le rend également sensible aux gelées de printemps. Il se montre parfois sensible au millerandage lorsque les conditions climatiques sont défavorables au moment de la floraison[6]. Le gamay présente l’avantage de produire une petite récolte sur les contre-bourgeons.
Culture de la vigne
modifierLa taille est courte, en gobelet, éventail ou cordon, simple, double ou charmet avec 3 à 5 coursons à 1 ou 2 yeux. La conduite ancienne traditionnelle était en gobelet à densité élevée (entre 9 000 et 11 000 pieds par hectare). Aujourd'hui, le besoin de mécaniser le vignoble conduit les viticulteurs à planter à densité plus faible, mais supérieure à 6 000 pieds par hectare[4].
L'écartement entre rangs ne peut excéder 2,3 mètres et entre ceps sur le rang, il doit être au minimum de 0,80 m. Pour les vignes non palissées en gobelet, l'écartement maximum entre rangs ne doit pas excéder 1,5 m. Des allées peuvent être aménagée en arrachant un rang de vigne. L'allée ne doit pas excéder 3 m et doit bénéficier d'un couvert végétal spontané ou semé. Les tournières doivent bénéficier d'un couvert végétal permanent. La hauteur de feuillage entre la limite inférieure du feuillage et la hauteur de rognage doit dépasser 0,6 fois l'écartement entre rangs et un palissage est obligatoire si l'écartement entre rangs dépasse 1,5 m.
La taille courte est obligatoire. Traditionnellement en gobelet, la taille en cordon ou la taille « charmet » (inventée par M. Charmet en sud-Beaujolais, intermédiaire entre la taille en cordon et celle en éventail) sont aujourd'hui pratiquées. La taille est limitée à huit yeux porteurs de grappe après épamprage et un bras à deux yeux peut être ajouté en vue de rajeunir la souche[4].
Vendanges et rendements
modifierLe rendement est limité à un maximum de 52 hectolitres par hectare. Le rendement réel est toujours en dessous du maximum autorisé par le cahier des charges, par exemple le rendement moyen pour l'ensemble de l'appellation lors des vendanges 2010 est de 47 hectolitres par hectare[7].
Les vendanges sont faites à la main, les grappes de raisin devant arriver intactes dans les cuves. Le premier jour des vendanges (appelé « levée du ban des vendanges ») varie selon la maturité des baies, qui dépend lui-même de l'ensoleillement reçu : les années relativement chaudes les raisins sont vendangés tôt, les années relativement froides les vendanges sont plus tardives.
Années | Débuts des vendanges | Années | Débuts des vendanges | Années | Débuts des vendanges |
---|---|---|---|---|---|
2008 | 15 septembre | 2013 | 24 septembre | 2018 | 27 août |
2009 | 27 août | 2014 | 8 septembre | 2019 | 9 septembre |
2010 | 13 septembre | 2015 | 24 août | 2020 | 20 août |
2011 | 24 août | 2016 | 17 septembre | 2021 | 13 septembre |
2012 | 7 septembre | 2017 | 27 août | 2022 | 17 août |
Vins
modifierVinification
modifierMacération carbonique
modifierLe mode de vinification du beaujolais explique beaucoup le type de vins très particulier qui y est produit. On l'appelle la macération carbonique : le raisin est encuvé entier et la cuve est fermée pendant quelques jours. La saturation de la cuve empêche les raisins de respirer, les obligeant à un mode de fonctionnement anaérobie. Cette évolution à l'intérieur du grain de raisin s'apparente à un début de fermentation. Elle produit un peu d'alcool et des précurseurs d'arômes. Ensuite, le raisin est foulé et une fermentation traditionnelle se poursuit.
Pour les dix crus du Beaujolais, surtout pour ceux destinés à être élevé pendant une année et à être gardé quelques années de plus en bouteille, la vinification est semi-carbonique, à mi-chemin de la macération carbonique et de la vinification bourguignonne. Le raisin est récolté manuellement, encuvé entier sans éraflage. La fermentation débute comme pour une macération carbonique, mais au moment où le marc destiné au primeur est décuvé et pressé, les cuves destinées au vin de garde sont pigées et la macération se poursuit jusqu'à épuisement presque complet des sucres. Le vin est ensuite écoulé, le marc pressé et la fermentation malolactique peut s'enclencher tant que la température n'est pas trop descendue.
Macération préfermentaire à chaud
modifierÀ partir de 1994, l'ITV-SICAREX du Beaujolais a mis au point la macération pré-fermentaire à chaud ou MPC[9]. Cette technique consiste à chauffer la vendange à 60−70 °C pendant quelques heures. La température fragilise la pellicule du raisin. Elle libère couleur et précurseurs d'arômes. Cette technique permet d'extraire plus d'arômes, plus de tannins et plus de couleur. Pour être bénéfique, elle nécessite plus que pour une macération classique, une vendange à la maturité optimale. Les vins donnés par cette vinification ont une couleur plus intense, pourpre sombre à nuance violacée. À la dégustation, ils présentent un arôme puissant mais monolytique de cassis[10].
Gastronomie
modifierCe vin s'accorde avec les volailles, la charcuterie et les spécialités lyonnaises[11].
Économie
modifierCommercialisation
modifierLes vins bénéficiant de l'appellation peuvent être repliés sur les appellations régionales beaujolaises (beaujolais et beaujolais-villages), mais aussi bourguignonnes, c'est-à-dire qu'ils peuvent être commercialisés sous les appellations bourgogne, bourgogne grand ordinaire, bourgogne ordinaire, bourgogne passe-tout-grains, bourgogne aligoté et crémant de Bourgogne (dont l'aire de production s'étend sur le Beaujolais, selon les deux décrets du [12]).
Liste de producteurs
modifierUne trentaine de producteurs adhèrent à « Maison du Cru Chiroubles », association des vignerons pour la promotion du cru Chiroubles.
Domaines produisant l'AOC chiroubles :
- Château de Javernand
- Château de Raousset
- Domaine Brunet Bernard
- Domaine Charvet Ludovic
- Domaine Chapuy
- Domaine Cheysson
- Domaine Dufoux
- Domaine des Glycines
- Domaine La Combe au Loup
- Domaine Passot
- Domaine Plaforet Michel
- Domaine Plateau de Grille-Midi
- Domaine du Pressoir Fleuri
- Domaine Savoye Christophe
- Domaine Thivolle
- ...
Notes et références
modifier- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
- Collectif, Le guide Hachette des vins 2012, Paris, Hachette livre, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237699-1), p. 164.
- Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
- Secrétariat général du gouvernement français, « Décret no 2009-1343 du 29 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Brouilly », « Chénas », « Chiroubles », « Côte de Brouilly », « Fleurie », « Juliénas », « Morgon », « Moulin-à-Vent », « Saint-Amour » et « Régnié » », sur legifrance.gouv.fr.
- « Décret du 11 septembre 1936 portant délimitation de l'aire de production des vins d'appellation "chiroubles" », sur legifrance.gouv.fr, publié au JORF du 4 octobre 1936, page 10513.
- Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées, Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France, Le Grau-du-Roi, ENTAV, , 357 p. (ISBN 2-9509682-0-1).
- Le rendement réel est calculé en divisant le volume de la production par la surface exploitée, soit 16475 / 350 = 47,07 hectolitres par hectare. Source : Guide Hachette des vins, op. cit..
- « Histoire du vignoble du Beaujolais »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur sommelier-a-domicile.com.
- http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=838157.
- www.reussir-vigne.com Explication de la MPC sur le site de Réussir-vigne consulté le 19 décembre 2009.
- « Que manger avec un Chiroubles ? », sur vin-vigne.com (consulté le ).
- Décret du 16 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Bourgogne », « Bourgogne grand ordinaire », « Bourgogne ordinaire », « Bourgogne Passe-tout-grains » et « Bourgogne aligoté » et décret no 2009-1269 du 19 octobre 2009 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Crémant de Bourgogne ».
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Louis Orizet, Mon beaujolais, La Grisière, 1976.
Articles connexes
modifier- Le vignoble de Bourgogne, le vignoble du Beaujolais
- Le gamay, la macération carbonique
- Le beaujolais, le beaujolais-villages
- Les autres crus de Beaujolais : brouilly, chénas, côte-de-brouilly, fleurie, juliénas, morgon, moulin-à-vent, régnié et saint-amour.
Liens externes
modifier- Chiroubles sur le site des vins du Beaujolais.