Bombyx disparate
Lymantria dispar
Lymantria dispar, appelé le Bombyx disparate sous sa forme de papillon ou la Spongieuse sous sa forme de chenille, est une espèce de lépidoptères de la famille des Erebidae et de la sous-famille des Lymantriinae.
Cet insecte est considéré comme un ravageur des forêts de feuillus, notamment les chênaies, dans l'hémisphère nord. Les dégâts sont dus aux chenilles qui se nourrissent des feuilles de nombreuses essences d'arbres. C'est une espèce envahissante en Amérique du Nord[1].
Noms vernaculaires
modifierLe Bombyx disparate, le Disparate, la Spongieuse, le Zigzag[2].
Description
modifier- Imago
Le dimorphisme sexuel est accusé : il concerne la taille, la couleur et l'ornementation des ailes[3].
- Chenille et chrysalide
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Chenille stade III de Lymantria dispar
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Chenille de Bombyx disparate
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Vue de l'avant
Répartition
modifierAmérique du Nord, Europe, Afrique du Nord et Asie centrale.
Cette espèce est répandue de nos jours dans tout l'hémisphère nord. Lorsqu'elle fut introduite en Amérique en 1869, par Étienne Léopold Trouvelot, elle s'y multiplia en devenant un véritable fléau. En Europe, elle s'attaque aux chênaies et parfois aux arbres fruitiers des régions chaudes. Elle pullule certaines années et les troncs des arbres sont alors littéralement recouverts de pontes protégées par les poils clairs que la femelle prélève de son abdomen.
Cette espèce a été introduite en Caroline du Nord en 1993. Il a fallu dépenser 19 millions de dollars pour l'éradiquer dans un délai de quatre ans[4].
Biologie
modifierAlimentation
modifierLes plantes hôtes larvaires sont nombreuses : Betula, Crataegus, Larix, Picea, Malus, Populus, Prunus, Quercus, Salix, Ulmus.
Reproduction
modifierIl n'y a qu'un cycle de reproduction par an[5].
La femelle dépose ses œufs en août par paquets d'une centaine à mille deux cents sur les branches et les troncs d'arbres mais on peut en trouver en n'importe quel endroit abrité et pour les papillons des régions portuaires, il arrive qu'elle ponde sur des navires. Au moment de la ponte, les œufs sont couleur chamois mais ils se décolorent au cours des mois d'hiver. L'œuf est la forme hivernale de l'insecte. Il peut supporter le gel sans problème et plus l'hiver aura été froid, plus vite les œufs écloront aux premiers rayons chauds du soleil du printemps.
Avant d'abandonner ses œufs, la femelle les recouvre de poils qu'elle prélève au niveau de son abdomen. Beaucoup de prédateurs trouvent ces poils irritants et ils assurent ainsi une certaine protection. Six à huit mois plus tard, les œufs écloront et donneront naissance aux chenilles.
Les jeunes chenilles, dans leur premier stade, au printemps, ont la particularité de pouvoir se laisser transporter par le vent. Dès le 2e stade, les chenilles sont très voraces et polyphages. En début de journée, elles grimpent au sommet des arbres sur lesquels elles se trouvent afin de s'y nourrir, puis redescendent se protéger au bas du tronc durant la nuit[6]. Fin juin ou juillet, elles vont former des chrysalides entourées de fils de soie fixés aux rameaux et au feuillage des plantes-hôtes[5]. Les papillons vont émerger en juillet-août.
La lutte s'appuie sur la prévision des infestations[7] et sur l'utilisation raisonnée des insecticides microbiologiques ou le piégeage de masse avec les pièges à phéromones sexuelles de synthèse.
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Une chenille attaquée par une larve de Grand calosome
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Une femelle et sa ponte
Attaques virales
modifierLa chenille du Bombyx disparate est fréquemment infectée par un virus de type Baculovirus qui présente une forme de phénotype étendu inhabituelle : afin de se propager plus largement (par anémochorie), le virus empêche la chenille de descendre de l'arbre selon son cycle habituel. Le virus peut-être utilisé en tant qu'agent de lutte biologique. Une étude réalisée par des chercheurs de l'Université d'État de Pennsylvanie en 2011 explique que la chenille descend de l'arbre pour muer et découvre que le virus en question produit une enzyme qui désactive l'hormone responsable de la mue de la chenille. En désactivant le gène (egt) du virus qui crée cette enzyme, les chenilles reprennent leur cycle normal[6].
Défoliation
modifierIntroduite en Amérique du nord au moins depuis 1869, Lymantria dispar (tout comme Malacosoma disstria autochtone) est connue pour les impressionnantes défoliations (et invasion de certains espaces situés à proximité des arbres) qu'elle y cause périodiquement (et plus localement en Europe, notamment en France[9]; ou en Afrique du Nord, notamment au Maroc[10] et en Tunisie[11]). Les pullulations de chenilles sont responsables de l'apparition de grandes zones où les arbres sont plus ou moins dépourvus de feuilles. Dans ces zones la lumière solaire peut provisoirement pénétrer le couvert jusqu'au sol, au profit de la strate herbacée)
Normalement les arbres survivent à plusieurs années consécutives de défoliation, car leurs feuilles repoussent rapidement dès l'été et l'invasion ne se reproduit pas plus de quelques années consécutives au même endroit. Les cernes du bois sont simplement plus étroits pour ces années là. Si ces phénomènes coïncident avec de fortes sécheresses récurrentes ou touchent des arbres déjà fragilisés (par exemple par une maladie) la forêt peut en pâtir, avec des mortalités significatives d'une ou plusieurs essences[12] (mais la situation pourrait être encore plus grave si les arbres n'avaient pas été défoliés, car encore pourvus de feuilles, leur évapotranspiration aurait été plus élevée de mai à août, au détriment de la réserve en eau du sol).
Les pics démographiques sont normalement suivis d'une augmentation du nombre de prédateurs ou de certains microbes et virus affectant ce papillon, favorisés par la promiscuité et le nombre de leurs hôtes (ex : Entomophaga maimaiga (en) en Amérique du Nord[13]).
Systématique
modifierL'espèce Lymantria dispar a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758, sous le nom initial de Phalaena dispar.
Synonymie
modifier- Porthetria dispar Linnaeus, 1758 Protonyme
- Ocneria dispar (Linnaeus, 1758)
Liste des sous-espèces
modifierSelon Catalogue of Life (28 mars 2015)[14] :
- Lymantria dispar asiatica Vunkovskij?, 1926
- Lymantria dispar japonica Motschulsky, 1860
- Lymantria dispar kolthoffi Bryk, 1949
- Lymantria dispar koreibia Bryk, 1949
- Lymantria dispar postalba Inoue, 1956
- Lymantria dispar tsushimensis Inoue, 1956
- Lymantria dispar umbrosa Butler, 1881
- Lymantria dispar dispar
Le Bombyx disparate et l'Homme
modifierAviation
modifierSon nom anglais Gypsy Moth est le nom du premier avion (un De Havilland Moth) ayant relié Londres à Darwin en Australie[15], le nom du voilier (Gypsy Moth IV)[16] avec lequel Francis Chichester a effectué son tour du Monde en solitaire en 1966 ainsi que le nom d'un personnage de l'Univers Marvel (Phalène[17] en français).
Télévision
modifierLa chenille du papillon sert d'inspiration au costume de Athena Sorgelikis dans l'épisode 1 de la première saison de Drag Race Belgique[18].
Notes et références
modifier- (GISD 2008)
- MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 10 novembre 2020
- L.N. Perette, F. Spill et M. Rauch, Les Papillons de la Réserve de la Biosphère des Vosges du Nord, Eguelshardt, Cicogna, 33 (N. sp.), , 324 p. (ISBN 978-2-9533006-1-1), p. 198-199
- (fr) « Espèces envahissantes », CEC.org
- Le cycle
- (en) How gypsy moth is kept high to die sur Nature News
- Prévision des infestations
- Exemple : Fichier:Défoliation Malacosoma disstria Hübner USDA Forest Service - Region 8 - Southern , USDA Forest Service, Bugwood.jpg
- Stouvenot Marie, « « Une véritable horreur » : en Corse, les chenilles ont mangé les feuilles des chèvres », sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le )
- Fraval A (1984) de la qualité et de la quantité de l'alimentation sur les fluctuations des populations de Lymantria dispar L.(Lep. Lymantriidae) en forêt de la Mamora (Maroc). Agronomie, 4(9), 819-828.
- Jamâa M.L.B, M’nara S, Villemant C & Khaldi A (2002) Lymantria dispar L.(Lepidoptera, Lymantriidae) en Tunisie : état actuel des connaissances et perspectives de recherche. In Sponsors of the Meeting (Vol. 25, No. 5, pp. 101-108)
- (en) Davidson C B, Gottschalk K.W, & Johnson J.E (1999) Tree mortality following defoliation by the European gypsy moth (Lymantria dispar L.) in the United States: a review. Forest Science, 45(1), 74-84. [PDF]
- (en) Andreadis, T. G., & Weseloh, R. M. (1990). Discovery of Entomophaga maimaiga in North American gypsy moth, Lymantria dispar. Proceedings of the National Academy of Sciences, 87(7), 2461-2465.
- Catalogue of Life Checklist, consulté le 28 mars 2015
- « Amy Johnson, pionnière de l'aviation », sur www.avionslegendaires.net
- (en) « Gypsy Moth History », sur www.gipsymoth.org
- (en) « Skein, Gypsy Moth, Sybarite », sur marvel.com
- Sarah Kasbi, « Drag Race Belgique: récap’ des plus beaux looks aperçus sur le podium », sur Flair.be, (consulté le )
Annexes
modifierRéférences taxonomiques
modifier- (fr) Référence INPN : Lymantria dispar (Linnaeus, 1758) (TAXREF)
- (en) Référence FUNET Tree of Life : Lymantria dispar
- (en) Référence Animal Diversity Web : Lymantria dispar (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Lymantria dispar Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence Fauna Europaea : Lymantria dispar (Linnaeus, 1758) (consulté le )
- (en) Référence GISD : espèce Lymantria dispar (consulté le )
- (fr + en) Référence ITIS : Lymantria dispar (Linnaeus, 1758) (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Lymantria dispar (taxons inclus) (consulté le )
Autres liens externes
modifier- (de) Lepiforum.
- Lépi'Net.
- Site insectes-net.
- Papillons de Poitou-Charentes.
- « Lymantria dispar, le Bombyx disparate », sur Le Courrier de l'environnement, INRA (consulté le )
- Le bombyx disparate - INRAE
Bibliographie
modifier- Michael Chinery, Insectes de France et d'Europe occidentale, Paris, Flammarion, , 320 p. (ISBN 978-2-08-128823-2), p. 150-151
- D.J. Carter et B. Hargreaves, Guide des chenilles d'Europe, Paris, Delachaux et Niestlé, , 311 p. (ISBN 978-2-603-00639-9), p. 228-229
- Walliner, W. E., L. M. Humble, R. E. Levin, Y. N. Baranchikov, and R. T. Carde. (1995) Response of adult lymantriid moths to illumination devices in the Russian far east. Journal of Economic Entomology 88:337–342.