Antigone (Cocteau)
Antigone est une pièce de théâtre de Jean Cocteau (1889-1963) écrite à Paris en 1922, d'après Sophocle.
Antigone | |
Auteur | Jean Cocteau |
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Genre | tragédie mythologique grecque |
Nb. d'actes | 1 |
Date d'écriture | 1922 |
Musique de scène | Arthur Honegger |
Lieu de création en français | 20 décembre 1922 |
Compagnie théâtrale | Théâtre de l'Atelier, Paris |
Metteur en scène | Charles Dullin |
Scénographe | Pablo Picasso |
Rôle principal | Génica Athanasiou, Charles Dullin, Antonin Artaud |
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Résumé
modifierAntigone est la fille d’Œdipe et de Jocaste, les anciens souverains de Thèbes au destin tragique à la suite de l’inceste que le couple a connu. Elle est aussi la sœur de deux frères, Étéocle et Polynice, qui se sont entre-tués pour accéder au trône. À la suite de cette bataille fratricide, c’est leur oncle Créon, frère de Jocaste, qui à ce titre devient le nouveau roi. Ce dernier décrète que seule la dépouille d’Étéocle sera honorée tandis que le corps de Polynice, condamné à ses yeux pour traitrise, sera abandonné au soleil et donné en pâture aux charognards avec ce terrible avertissement que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit sauf Antigone : « Je suis née pour partager l’amour et non la haine » dit-elle à sa sœur, Ismène, laquelle par peur de ce terrible châtiment refuse de braver la sentence de leur oncle. Les gardes du roi arrêtent Antigone durant son action et la livrent à Créon tandis que son fils Hémon plaide pour sauver sa fiancée, s’appuyant sur la rumeur publique hostile aux intentions du roi. Le désespoir du fils laisse craindre la vengeance du père qui condamne pour rébellion sa nièce Antigone à être enterrée vivante. Le devin Tirésias arrive à combattre l’obstination de Créon qui ordonne la délivrance. Mais c’est trop tard le tyran constate, en faisant ouvrir le tombeau qu’Antigone s’est pendue à une corde faite de ses voiles, tandis que son fils Hémon, volontairement enfermé auprès de sa fiancée, la serre dans ses bras. C’est alors que les dieux vont punir Créon par un double suicide, celui de son fils Hémon et celui de sa femme Eurydice, maudissant père et époux. Trop tard ! Créon, trop tard ! les dieux se sont vengés !
« Contraction » de la pièce
modifierAvec cette courte pièce en un acte, Jean Cocteau créera, ce qu’il appelait « une contraction » de la version originale de la tragédie grecque de Sophocle dont la date de création se situe en 441 avant J.-C. En effet, Cocteau aimait à dire qu’« un artiste original ne peut pas copier. Il n’a donc qu’à copier pour être original. » L’originalité de la contraction de Cocteau se fait sentir par des effets de style direct et familier, si bien que cette adaptation redonne vie au mythe d’Antigone. L'esprit tragique conféré à la pièce de Sophocle s'y retrouve également, de même que tous les personnages y sont décrits dans leur malheur tout insidieux. Antonin Artaud y joua le rôle de Tirésias (le devin aveugle), et la pièce est dédiée à Génica Athanasiou, à laquelle fut confié le premier rôle. L'Antigone de Cocteau souligne le goût prononcé de l'auteur pour les sujets mythologiques repris par la suite : Orphée en 1926, La Machine infernale en 1934 et Œdipe-Roi en 1937, tandis que Jean Anouilh en 1944 proposera à son tour une autre vision d’Antigone[1].
Création de la pièce en 1922
modifier- Création le au Théâtre de l'Atelier à Paris
- Mise en scène de Charles Dullin (1885-1949), texte de Jean Cocteau, décors de Pablo Picasso, costumes de Gabrielle Chanel, masques de Jean Cocteau, musique d'Arthur Honegger
Distribution
modifier- Génica Athanasiou (Antigone)
- Ève Longuet (Ismène)
- Francine Mars (Eurydice)
- Charles Dullin (Créon)
- Henri Allibert (Hémon)
- Antonin Artaud (Tirésias)
- Jean Cocteau (le chœur)
- Arnaud (le garde)
- Geymond Vital (le messager)
Transpositions musicales
modifierArthur Honegger, adapte Antigone en tragédies musicales (3 actes) composé entre 1924 et 1927[2]. La création a lieu le au théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Les décors sont également de Picasso et les costumes de Chanel[3].
La création française a lieu à l'Opéra de Paris en 1943[4].
La pièce connue un accueil mitigé en Belgique comme en France[5]. Peu jouée, elle n'a fait l'objet que d'un enregistrement sonore dirigé par Maurice Le Roux en 1960.
Adaptations à la télévision
modifier- 1967 : Antigone, téléfilm français réalisé par Jean-Claude de Nesle, adaptation de la pièce de Jean Cocteau (d'après Sophocle)
Notes et références
modifier- Sous la direction de Michel Décaudin, Jean Cocteau. Théâtre complet, Paris, Gallimard-NRF Bibliothèque de la Pléiade, (ISBN 2-07-011540-2)
- Paul Collaer, Antigone d'Arthur Honegger : tragédie lyrique en trois actes, Paris, Editions Maurice Sénart, , 56 pages
- Marcel Delannoy, Honegger, Paris, Slatkine, , 250 pages
- Pierre Meylan, Honegger : son œuvre et son message, Lausanne, L'Âge d'homme, , 205 pages
- Jacques Tchamkerten, Arthur Honegger, Drize, Papillon collection "Mélophiles", , 263 pages