Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers

Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers, né à Paris le , mort également à Paris le , est un prêtre catholique français, deuxième supérieur général de la Compagnie de Saint-Sulpice (1657-1676), successeur de Jean-Jacques Olier.

Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers
Portrait d'Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 55 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Père
Claude Le Ragois de Bretonvilliers (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

modifier

Il était le second des trois fils de Claude Le Ragois de Bretonvilliers (Orléans, 1582- † ), financier, receveur sur les aides en 1628, secrétaire au conseil du roi en 1633, réputé comme l'un des hommes les plus riches de la France du XVIIe siècle[1] (constructeur à partir de 1637 de l'Hôtel de Bretonvilliers sur l'Île Saint-Louis, l'un des hôtels particuliers parisiens les plus prestigieux du siècle ; également, à partir de 1633, d'un hôtel Le Ragois de Bretonvilliers à Richelieu)[2]. Sa mère était née Claude-Élisabeth Perrot de Fercourt, d'une très ancienne famille de la magistrature. Le fils aîné s'appelait Jean[3], le benjamin Bénigne[4], il y avait une sœur appelée Marie[5]. La famille était établie à l'actuel 4, rue de Buci avant de déménager dans la somptueuse demeure de l'Île Saint-Louis.

Après des études de droit, licencié en droit canon, il rencontra Jean-Jacques Olier, et entra le au séminaire fondé par ce dernier, qui se trouvait alors rue Guisarde. Ordonné prêtre en mars 1646, il fut particulièrement proche du directeur de la Compagnie, qui vit très tôt en lui son potentiel successeur[6].

Le jeune prêtre fit bénéficier la Compagnie de l'immense fortune de sa famille. Son père avait fait construire entre 1635 et 1645 le château d'Avron (qui appartint ensuite au frère aîné Jean jusqu'à sa mort le [7]) ; ce lieu fut ouvert d'emblée à M. Olier et à ses séminaristes, qui venaient y faire des séjours au calme, et à la mort de son frère, Alexandre (devenu d'ailleurs seigneur d'Avron, de Villemomble et de Noisy-le-Sec) en fit don officieusement à la Compagnie[8].

En 1652, à la suite d'une attaque cérébrale qui le laissa en partie paralysé, M. Olier dut réduire ses activités ; le Père de Bretonvilliers lui racheta la cure de Saint-Sulpice. Après la mort du fondateur, le , le choix de son successeur ne fit pas débat parmi les membres de la Compagnie. Entre-temps, en 1655, le Père de Bretonvilliers avait racheté à Antoine de Sève, aumônier du roi, ami de M. Olier, une propriété située à Issy et ayant appartenu à Marguerite de Valois ; il la légua à la Compagnie, et c'est encore de nos jours le site du séminaire Saint-Sulpice.

Au cours de son mandat, le Père de Bretonvilliers eut à s'occuper des affaires de la « Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France » (à laquelle il appartenait comme M. Olier) : son fondateur, M. de La Dauversière, mourut complètement insolvable le  ; le Père de Bretonvilliers paya de ses deniers toutes les dettes de la société (130 000 livres environ), et la Compagnie de Saint-Sulpice devint propriétaire de l'île de Montréal ()[9]. Il y eut ensuite un contentieux entre la Compagnie et l'évêque François de Montmorency-Laval, qui lui réclamait encore 20 000 livres, au sujet de quoi le Père de Bretonvilliers obtint un jugement favorable du conseil privé du roi en 1667. Quand François Dollier de Casson, nouveau supérieur des sulpiciens de Montréal (alors Ville-Marie), entreprit l'édification d'une église Notre-Dame en 1672, M. de Bretonvilliers y alla encore de ses deniers personnels pour 3 000 livres tournois.

Il a écrit (vers 1670) une Vie de M. Olier (en 4 volumes in-4) et tenu un Journal, deux textes qui se trouvent en manuscrits dans les archives du séminaire Saint-Sulpice.

Bibliographie

modifier
  • Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice, 3 vol. in-8, Paris, 1900.
  • Lionel Groulx, « Un seigneur en soutane », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. XI, 1957, p. 201-217.

Notes et références

modifier
  1. « Un nommé Le Ragois, d'une honnête famille d'Orléans, se mit dans les affaires, fut secrétaire du Conseil, et fit une prodigieuse fortune ; c'est lui qui a bâti cette belle maison à la pointe de l'Île Notre-Dame, qui, après le Sérail, est le bâtiment du monde le mieux situé. C'était un assez bon homme et assez charitable, mais je ne crois pas qu'on puisse gagner légitimement six cent mille livres de rente, comme on dit qu'il avait. À la vérité, je crois qu'il y avait du méchant bien parmi cela [...] » (Gédéon Tallemant des Réaux, Historiettes, « Madame de Bretonvilliers et Lambert »).
  2. Le frère de Claude, Séraphin Le Ragois de Bretonvilliers, eut pour fille Marie Le Ragois, épouse de Jean Le Nain de Tillemont, et mère de l'historien janséniste Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont.
  3. Jean Le Ragois de Bretonvilliers († 1er novembre 1654) fut maître des requêtes de l'hôtel du Roi.
  4. Bénigne Le Ragois de Bretonvilliers (1622-† 15 janvier 1700) fut président à la Chambre des comptes de Paris.
  5. Marie Le Ragois de Bretonvilliers († 28 mars 1677) épousa Louis-Dominique de Bailleul, marquis de Châteaugontier (1622-† 11 juillet 1701, fils du surintendant des finances Nicolas de Bailleul), président à mortier au Parlement de Paris.
  6. « Il [M. de Bretonvilliers] mérita par ses vertus et surtout par sa dévotion à la Reine du Ciel d'être l'objet spécial de l'affection de M. Olier, qui l'appelait ordinairement son cher enfant, et qui s'appliqua avec d'autant plus de soin à le former que Dieu lui avait fait connaître qu'il serait un jour son successeur » (Correspondance de M. Olier, éditée et copieusement annotée par Eugène Lévesque, Paris, Gigord, 1935, I, p. 260, note).
  7. « Jean Le Ragois de Bretonvilliers était probablement du Tiers-Ordre de saint François. Depuis quelque temps il s'était retiré du monde pour vivre plus chrétiennement » (Correspondance de M. Olier, II, p. 26, note 9).
  8. À sa mort en 1676 la Compagnie considéra « qu'elle ne pouvait accepter ce legs princier et le restitua à sa famille » (Irénée Noye, archiviste de Saint-Sulpice).
  9. Marie-Claire Daveluy, « Bibliographie de la Société de Notre-Dame de Montréal (1639-1663) accompagnée de notes historiques et critiques », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 16, n°2, 1962, p. 294-307.

Liens externes

modifier