Élections législatives partielles vanuataises de 1988 et 1989

Des élections législatives partielles se tiennent au Vanuatu le et le pour pourvoir vingt-trois sièges vacants, dont vingt-deux rendus vacants par une crise politique.

Élections législatives partielles vanuataises de 1988 et 1989
23 sièges sur 46,
majorité absolue à 24 sièges
Participation
40 % en diminution 43
Vanua'aku Pati – Walter Lini
Sièges obtenus 40 en augmentation 14
Union tan – Vincent Boulekone
Sièges obtenus 6 en augmentation 6
Union des partis modérés – Maxime Carlot
Sièges obtenus 0 en diminution 20
premier ministre
Sortant Élu
Walter Lini
Vanua'aku Pati
Walter Lini
Vanua'aku Pati

Contexte

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Les élections législatives de novembre 1987 sont remportées par le Vanua'aku Pati au pouvoir, qui remporte vingt-six des quarante-six sièges au Parlement de Vanuatu. Walter Lini, Premier ministre de Vanuatu depuis l'indépendance du pays en 1980, demeure ainsi chef du gouvernement. L'Union des partis modérés, menée par Vincent Boulekone, remporte les vingt autres sièges et demeure l'opposition parlementaire. Maxime Carlot remplace Vincent Boulekone comme chef de l'UPM et donc comme chef de l'opposition peu après[1],[2].

En 1988, cinq députés emmenés par Barak Sopé quittent le Vanua'aku Pati et créent le Parti progressiste mélanésien. Ces cinq députés sont expulsés du Parlement le par le président du Parlement, Onneyn Tahi, à la demande du gouvernement Lini, invoquant une loi de 1983 qui rend vacants les sièges de députés qui changent de parti politique en cours de législature. Barak Sopé ainsi que Maxime Carlot qualifient alors Walter Lini de « dictateur », et dix-huit des vingt députés de l'UPM boycottent le Parlement. Le , ayant été absents du Parlement trois jours consécutifs, ces dix-huit députés sont expulsés à leur tour par Onneyn Tahi, qui considère qu'ils ont démissionné de leur mandat. En septembre, la Cour suprême confirme la légalité de la destitution de ces vingt-trois députés, ouvrant la voie à la tenue d'élections partielles[3]. Les deux seuls députés UPM qui ne sont pas expulsés sont Vincent Boulekone et Gaetano Bulewak, qui ont refusé la stratégie de boycott de l'UPM. Exclus par contre du parti, ils re-fondent l'Union tan[4],[5].

Tenue des élections partielles

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Les élections partielles pour les dix-huit sièges rendus vacants par l'expulsion des députés de l'Union des partis modérés se tiennent le , l'expulsion des cinq députés dissidents du Vanua'aku Pati ayant été suspendue par décision de justice. L'UPM et le Parti progressiste mélanésien (PPM) les boycottent. Seuls le Vanua'aku Pati et l'Union tan présentent des candidats. Pour neuf des sièges, il n'y a qu'un seul candidat[6],[7]. Le taux de participation dans les circonscriptions où il y a des candidats à départager n'est que de 40 % environ, les partisans de l'opposition suivant la consigne du boycott[8].

L'expulsion de Barak Sopé et de ses quatre collègues députés ayant finalement été confirmée par la justice, des élections partielles pour ces cinq sièges vacants se tiennent le . Là aussi, seuls le Vanua'aku Pati et l'Union tan y participent, ces élections étant boycottées par l'UPM et le PPM[9].

Résultats

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À l'issue de ces scrutins, le gouvernement de Walter Lini dispose d'une majorité écrasante des sièges au Parlement. Le seul parti d'opposition présent est l'Union tan de Vincent Boulekone. Les résultats sont les suivants[10],[9].

Par parti

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Parti Dirigeant Sièges remportés en 1988-1989 Total des sièges au Parlement Changement par rapport à 1987
Vanua'aku Pati Walter Lini 19 40 +14
Union tan Vincent Boulekone 4 6 +6
Union des Partis modérés Maxime Carlot 0 (boycott) 0 -20

Par circonscription

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Ambae

 : un siège à pourvoir
député sortant : Samson Bue (UPM)

Candidat Parti Voix % Résultat
Tarisevuti Wilson VP 1368 élu
Vira Jeremiah Lingi Union tan 228

Ambrym

 : un siège à pourvoir
député sortant : Amos Andeng (UPM)

Candidat Parti Voix % Résultat
Andrew Welwel VP 1311 élu
Talsil Olsen Kai Union tan 479

Îles Banks et Torres

 : un siège à pourvoir
député sortant : Luke Dini (UPM)

Candidat Parti Voix % Résultat
George Baet VP 1342 80,8 % élu
Francis Din Union tan 318 19,2 %

 : un siège à pourvoir
député sortant : Charles Godden (PPN)

Candidat Parti Voix % Résultat
Cecil Sinker VP 1473 élu
Gorqon Ben Union tan 302

Éfaté

 : deux sièges à pourvoir
députés sortants : Andes Jacques Carlot (UPM) et Joel Mansale (UPM)

Candidat Parti Voix % Résultat
Tele Taun VP 771 élu
Thomas David Tanarango VP 474 élu
Andes Carlot sans étiquette 110

Espiritu Santo / Malo / Aore

 : quatre sièges à pourvoir
députés sortants : Harry Karaeru (UPM), René Luc (UPM), Andrew Molieno (UPM), Serge Vohor

Il n'y a que trois candidats, qui sont donc tous déclarés élus sans vote.

Candidat Parti Voix % Résultat
Keith Daniel Union tan - - élu (sans vote)
Sarki Robert VP - - élu (sans vote)
James Vuti VP - - élu (sans vote)

 : un siège restant à pourvoir

Un siège n'ayant pas été pourvu en décembre 1988, une nouvelle élection partielle est organisée. Il y a un seul candidat, qui est donc déclaré élu sans vote.

Candidat Parti Voix % Résultat
Vatou Louis Union tan - - élu (sans vote)

Épi

 : un siège à pourvoir
député sortant : Jimmy Simon (PPM)

Il y a un seul candidat, qui est donc déclaré élu sans vote.

Candidat Parti Voix % Résultat
Tangat Yapet VP - - élu (sans vote)

Luganville

 : un siège à pourvoir
député sortant : Alfred Maseng (UPM)

Candidat Parti Voix % Résultat
Kalo Nial VP 647 élu
Vatou Louis Union tan 201
Norman Roslyn sans étiquette 43

 : un siège à pourvoir
député sortant : William Edgell (PPN)

Candidat Parti Voix % Résultat
Russon Seth VP 545 élu
Tamos Petro Union tan 170

Malekula

 : deux sièges à pourvoir
députés sortants : Adrien Malere (UPM) et Paul Telukluk (UPM)

Candidat Parti Voix % Résultat
Daniel Nato VP 2414 élu
Tawi John Wesley VP 1191 élu
Liatlatmal Ignace Union tan 228

 : un siège à pourvoir
députés sortants : Lingtamat Anatole (PPM)

Candidat Parti Voix % Résultat
Waniel Emile VP 2985 élu
Liatlatmal Ignace Union tan 126

Port-Vila

 : trois sièges à pourvoir
députés sortants : Maxime Carlot (UPM), Maria Crowby (UPM) et Willie Jimmy (UPM)

Il n'y a que trois candidats, qui sont donc tous déclarés élus sans vote.

Candidat Parti Voix % Résultat
Joseph Jacobé Union tan - - élu (sans vote)
Kalkot Mataskelekele VP - - élu (sans vote)
Kalanga Sawia VP - - élu (sans vote)

 : un siège à pourvoir
député sortant : Barak Sopé (UPM)

Candidat Parti Voix % Résultat
Brothy Thomas Faratia VP 757 élu
Haul Gilbert Union tan 184

Tanna

 : trois sièges à pourvoir
députés sortants : Iaris Naunun (UPM), Keasipai Song (UPM) et Kawai Thompson (UPM)

Il n'y a que trois candidats, qui sont donc tous déclarés élus sans vote.

Candidat Parti Voix % Résultat
Jack Iauko VP - - élu (sans vote)
Noanikam Jimmy Union tan - - élu (sans vote)
Gideon Kota VP - - élu (sans vote)

Tongoa / îles Shepherd

 : un siège à pourvoir
député sortant : Fred Timakata (Vanua'aku Pati)

Ce siège est vacant en raison de l'élection du député Fred Timakata comme président de la République.

Candidat Parti Voix % Résultat
Etchin Shem Masoerangi VP 731 élu
Pakoa Ezekiel Union tan 33

Le , quatre jours après les élections partielles, le président de la République George Sokomanu déclare le Parlement dissous et annonce que des élections anticipées se tiendront en . Le gouvernement Lini considère cette dissolution comme étant anticonstitutionnelle et n'en tient pas compte. Le , le président Sokomanu nomme un « gouvernement par intérim » mené par son neveu Barak Sopé. Le même jour, le gouvernement Lini ordonne et obtient l'arrestation de Sokomanu, de Sopé et d'autres membres de ce prétendu gouvernement. Le , la Cour suprême de Vanuatu (en) déclare anticonstitutionnelles les actions du président Sokomanu, la Constitution de Vanuatu ne permettant pas au président de la République de dissoudre le Parlement de sa propre initiative, ni de nommer un gouvernement qui n'aurait pas la confiance du Parlement[6].

En février 1989, la justice condamne le président Sokomanu à six ans de prison pour incitation à la mutinerie et pour conspiration séditieuse. Barak Sopé et Maxime Carlot sont chacun condamnés à cinq ans de prison, et Willie Jimmy à trois ans de prison[8].

En , le Premier ministre Lini est contraint de démissionner à la suite d'une fronde interne à son parti, et à une motion de censure à son encontre au Parlement. Donald Kalpokas, nouveau chef du Vanua'aku Pati, devient Premier ministre en amont des élections de décembre[11].

Références

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  1. Vanuatu : élections du 30 novembre 1987, Union interparlementaire
  2. (en) MILES, William F.S., Bridging Mental Boundaries in a Postcolonial Microcosm: Identity and Development in Vanuatu, Honolulu : University of Hawaii Press, 1998, (ISBN 0-8248-2048-7), p.24
  3. (en) "Sope's desperate gamble falters", Pacific Islands Monthly, septembre 1988, p.10
  4. Vincent Boulekone, « La politique du Tan-Union » dans Howard Van Trease et Michelle Craw (dir.), La politique mélanesienne: Stael Blong Vanuatu, université du Pacifique Sud, 1995, pp.207 et suivantes
  5. (en) Roland Rich, Luke Hambly et Michael G. Morgan, Political Parties in the Pacific Islands, Australian National University Press, 2008, p.123
  6. a et b (en) "Political crisis in Vanuatu", Australian Foreign Affairs Record, décembre 1988, pp.541-542
  7. (en) "Poll will set Vanuatu's power base", The Canberra Times, 12 décembre 1988, p.6
  8. a et b (en) "Sope, Sokomanu guilty of mutiny and sedition", Pacific Islands Monthly, mars 1989, p.10
  9. a et b Résultats des élections partielles de 1989, Journal officiel de la République de Vanuatu, 18 décembre 1989, pp.1-2
  10. Résultats des élections partielles de 1988, Journal officiel de la République de Vanuatu, 19 décembre 1988, pp.1-2
  11. « Vanuatu : élections du 2 décembre 1991 », Union interparlementaire