Oswald Englebin

politicien belge

Oswald Englebin, né le à Seneffe et mort le à Courcelles, est un industriel et homme politique belge rexiste, bourgmestre du Grand Charleroi.

Oswald Englebin
Fonctions
Bourgmestre
Grand Charleroi
-
Échevin
Grand Charleroi
-
Bourgmestre
Trazegnies
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 50 ans)
CourcellesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Oswald-Harice-Grégoire EnglebinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Parti politique

Biographie modifier

Oswald Englebin, né le 27 décembre 1893 à Seneffe, est le fils de Harice Englebin, dessinateur et ingénieur technicien et de Lauréa Denuit. Dès sa jeunesse, il se destine au commerce en gros et, dans ce but, fait des études commerciales.

Une blessure lors de son service militaire en 1914, l'empêche de participer à la Première Guerre mondiale. Dans l'entre-deux-guerres, Oswald Englebin se marie à Flore Philippe originaire de Chapelle-lez-Herlaimont dont les parents sont commerçants, propriétaires des Papeteries de Trazegnies. Il gère cette entreprise familiale[1] et dans le privé est passionné de colombophilie.

Carrière politique modifier

En mai 1940, la Belgique est envahie par l'Allemagne et Charleroi est soumis aux autorités d'occupation qui imposent leur loi.

Oswald Englebin est secrétaire du « Secours d’Hiver » de Trazegnies créé fin 1940 avant de devenir bourgmestre rexiste de Trazegnies en [2].

À la création du Grand-Charleroi en , il en devient échevin chargé de l'agriculture[3]. En novembre 1942, il est membre de la Commission d'Assistance Publique (CAP) du Grand-Charleroi et président de la sous-commission ravitaillement[4]. À la suite de l'assassinat de Prosper Teughels par la résistance, il est nommé bourgmestre et prête serment au Roi et à la Constitution le . Il conserve en même temps le département du ravitaillement.

L'essentiel de son travail est consacré à des œuvres de solidarité. Il met peu d'entrain à traquer les réfractaires au travail obligatoire, laissant même son fils puiser dans les réserves de timbres de ravitaillement pour les aider. Cette « tiédeur », reprochée par les rexistes, lui fait craindre une action de ces derniers contre lui. Quand il donne, durant l'année 1944, à l'échevin Henri Merlot des satisfactions refusées jusqu'alors, c'est comme s'il cédait à des menaces rexistes. Ce double jeu lui sera fatal[5].

Au cours de ce printemps 1944, il se rend de nombreuses fois sur les lieux sinistrés par les bombardements alliés notamment à Charleroi, Monceau-sur-Sambre et Marchienne-au-Pont.

C'est également au premier semestre de 1944 qu'il a le tort de s'afficher clairement au côté de l'autorité occupante et de ses collaborateurs lors de manifestations publiques[6]. Il reçoit une première fois Léon Degrelle à l'hôtel de ville de Charleroi le 2 mars 1944 où il exprime son admiration pour le chef de la Légion Wallonie et pour les exploits de ses soldats[7]. Le 1er avril 1944, il reçoit officiellement à Charleroi la SS Sturmbrigade Wallonie de retour de la bataille de Tcherkassy[3] et en présence de nombreux dignitaires allemands. À l'hôtel de ville de Charleroi, il exprime dans une courte allocution à Léon Degrelle, à ses invités allemands et rexistes ses remerciements pour l'honneur qu'ils faisaient à la ville de Charleroi. Suit une cérémonie sur la Place Charles II de remise de décorations et des discours de Léon Degrelle et du général SS Sepp Dietrich[8].

Le , peu après 12 h 30, tandis qu'il regagne son domicile à Trazegnies en compagnie de sa femme, de son fils et d'un garde du corps[9], il est contraint de ralentir lorsqu'il arrive à hauteur d'un véhicule en panne à l'orée du bois de Rognac à Courcelles. Cinq hommes, jusque-là affairés autour du capot, se retournent, font feu et tuent les occupants du véhicule (Oswald Englebin, sa femme et son fils) à l'exception du gendarme.

Cet assassinat, dont l'identité et les motivations des auteurs ne sont pas clairement établies[10], sera à l'origine de la tuerie de Courcelles durant laquelle 26 civils seront tués en représailles[11]. De plus, les Allemands, après avoir permis les exactions des tueurs rexistes, exécuteront, le , 20 otages choisis parmi des porteurs d'arme[12].

Selon les désirs du défunt, mais contre la volonté de la direction du parti qui voulait des funérailles publiques et solennelles, celles-ci furent organisées le 21 août 1944 dans l'intimité. On y vit cependant de nombreuses personnalités rexistes[12].

Notes et références modifier

  1. « Les funérailles de M. Englebin et de sa famille auront lieu lundi », Journal de Charleroi,‎ , p. 1 (lire en ligne  ).
  2. Plisnier 2009, p. 164 ; 166.
  3. a et b Plisnier 2009, p. 166.
  4. « L'installation de la Commission de l'Assistance Publique du Grand-Charleroi », Journal de Charleroi,‎ , p. 2 (lire en ligne  ).
  5. Plisnier 2009, p. 171-172.
  6. L.S., « Après la conférence de Jean-Harold Paquis et de Jean Azema à Charleroi, les deux brillants conférenciers de Ici-Paris vont collaborer au "Journal" », Journal de Charleroi,‎ , p. 2 (lire en ligne  ).
  7. « Léon Degrelle à Charleroi », Gazette de Charleroi,‎ , p. 2 (lire en ligne  ).
  8. « La brigade SS Wallonie défile à Charleroi et à Bruxelles : Cent cinquante Légionnaires sont décorés par Léon Degrelle à Charleroi », Gazette de Charleroi,‎ , p. 1 (lire en ligne  ).
  9. Le gendarme Duquesne, qui sera l'unique survivant
  10. Maerten 2008
  11. Pascal Lorent, « Courcelles - Le 18 août 1944, les rexistes vengeaient l'assassinat d'Englebin en exécutant vingt otages », Le Soir,‎ , p. 25 (lire en ligne)
  12. a et b Plisnier 2009, p. 172.

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Christian Joosten, « On a tué le maïeur » : Les bourgmestres rexistes assassinés et la Résistance, Charleroi, Ville de Charleroi, coll. « Charleroi Archives » (no 9), , 10 p. (lire en ligne [PDF]).
  • Alfred Lemaire, Le crime du 18 août ou les journées sanglantes des 17 et 18 août 1944 dans la région de Charleroi, Couillet, Imprimerie Maison d'Éditions S.C., , 400 p.
  • Fabrice Maerten, « Tuerie de Courcelles », dans Paul Aron et José Gotovitch (dir.), Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, Bruxelles, André Versaille éditeur, , 560 p. (ISBN 978-2-87495-001-8), p. 119-120
  • Flore Plisnier, « L’ordre nouveau et le rexisme dans la région de Charleroi : Seconde partie : L’ordre nouveau à Charleroi durant la Seconde Guerre mondiale », Documents et rapports, Société royale d’archéologie, d’histoire et de paléontologie de Charleroi, t. LXIV,‎
  • Flore Plisnier (préf. Fabrice Maerten), Ils ont pris les armes pour Hitler : la collaboration armée en Belgique francophone, Bruxelles, La Renaissance du livre, coll. « Espace temps », , 253 p. (ISBN 978-2-507-00361-6).
  • Pierre-Jean Schaeffer, Charleroi 1830-1994, Histoire d'une Métropole, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Quorum, , 466 p. (ISBN 2-930014-42-3)