Jimmy Stevens

homme politique vanuatais (années 1910-1994)

Jimmy Tubo Patuntun Steven[1],[2], dit Jimmy Stevens, né selon lui-même un 15 juin[3] dans les années 1910[4] (peut-être en 1916)[5] et mort le au village de Fanofo sur l'île d'Espiritu Santo[1],[5], est un dirigeant revivaliste ni-Vanuatu. Fondateur du Nagriamel, le premier mouvement politique de l'histoire du Vanuatu, il se veut défenseur de la coutume autochtone locale, prône la décentralisation politique, et mène en 1980 un mouvement sécessionniste sur l'île de Santo, pour lequel il purge dix ans de prison.

Jimmy Stevens
Fonctions
Premier ministre du Vemarana

(3 mois et 3 jours)
Prédécesseur fonction créée
Successeur fonction abrogée
Député à l'Assemblée représentative des Nouvelles-Hébrides
Circonscription Santo rurale
Biographie
Date de naissance dans les années 1910
Date de décès (à 77 ans ?)
Lieu de décès Fanofo
Nationalité vanuataise
Parti politique Nagriamel
Enfants Frankie Stevens et autres

Biographie

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Né dans le condominium des Nouvelles-Hébrides, colonie franco-britannique, il serait le fils d'une mère autochtone des îles Banks et d'un père issu du mariage d'une Polynésienne de la noblesse tongienne et d'un officier naval britannique[6]. Il est employé comme ouvrier agricole par une compagnie européenne sur son île natale d'Espiritu Santo, et a dans le même temps pour « principale activité » le « trafic de marchandises » à son propre compte[7]. Au début des années 1960, à l'initiative du militant et chef autochtone Paul Buluk qui proteste contre les expropriations de terres autochtones, il co-fonde et dirige le mouvement Nagriamel. Ce dernier demande la restitution des terres de l'île aux autochtones, et prône un retour à un mode de vie pré-colonial, fondant une commaunauté appelée Fanofo « dans un coude de la rivière Sarakata »[8].

En 1968, il est condamné à six mois de prison pour avoir tenté d'étendre le territoire du village de Vanafo sur les terres d'une entreprise coloniale[9]. En 1971, se faisant appeler « chef Moïse », il envoie une pétition aux Nations unies, demandant son intervention pour la défense de la propriété autochtone des terres[2]. Au milieu des années 1970, face à la volonté du Parti national des Nouvelles-Hébrides d'obtenir une indépendance de la colonie sous la forme d'un État unitaire et centralisé, Jimmy Stevens et le Nagriamel se rapprochent du Mouvement autonomiste des Nouvelles-Hébrides, parti politique francophile basé à Espiritu Santo[10]. En 1973, avec d'autres membres de Nagriamel, il crée le Vemarana, qu'ils envisagent comme la branche politique de Nagriamel, tandis que le mouvement Nagriamel se concentrerait sur la défense des coutumes autochtones locales. La maison de Georges Cronsteadt à Sarakata est choisie comme bureau du Vemerana[11].

À partir de 1975, Jimmy Stevens reçoit le soutien financier et logistique de la Fondation Phœnix du milliardaire américain Michael Oliver, qui l'aide à déclarer en décembre une « Fédération des Communautés auto-gouvernées du Nagriamel » et à se doter d'une Constitution, d'un drapeau, d'une monnaie, de passeports, et d'une radio nationale. Cette déclaration d'indépendance du Nagriamel reste toutefois lettre morte à ce stade[12]. Jimmy Stevens est élu à l'Assemblée représentative des Nouvelles-Hébrides à l'occasion d'une élection partielle le , mais l'Assemblée reste dominée par les élus du Parti national[13],[14]. Après la large victoire du Parti national (rebaptisé Vanua'aku Pati) aux élections législatives de 1979, qui signifie l'indépendance à court terme des Nouvelles-Hébrides sous un gouvernement anglophone centralisé, Jimmy Stevens déclare en que l'île d'Espiritu Santo deviendra indépendante séparément, et ordonne aux fonctionnaires coloniaux britanniques (mais pas français) de quitter l'île[15].

Avec notamment Alfred Maliu, Timothy Welles, Georges Cronsteadt et Albert Ravutia, il proclame la « république de Vemarana » le , et s'en déclare Premier ministre. Le Vemarana « conn[aît] deux mois d’indépendance effective » ; le les Nouvelles-Hébrides deviennent indépendantes avec le nom de république de Vanuatu, et le gouvernement vanuatais anglophone mené par Walter Lini fait appel à la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour réprimer la république sécessionniste. Des soldats de la Force de Défense de Papouasie-Nouvelle-Guinée sont déployés à Espiritu Santo à partir du . Le 30 août, Eddie Stevens, le fils aîné de Jimmy Stevens, âgé de 24 ans, est abattu par des soldats papou-néo-guinéens « lors de la fusillade du véhicule dans lequel il circulait en compagnie de deux colons ». Jimmy Stevens est arrêté le lendemain, ce qui met fin à la république de Vemarana, et est condamné en novembre à quatorze ans et demi de prison. « Plus ancien prisonnier politique du Pacifique sud » selon Le Monde, il est libéré de prison en 1991 car très malade, et meurt en 1994[16],[1],[17],[18],[19]. Il est inhumé à Fanofo[20], et des représentants du gouvernement de Maxime Carlot assistent à ses obsèques[5].

Il laisse quelque cinquante enfants (dont plus de la moitié adoptés), issus de relations avec de nombreuses femmes différentes[4],[20]. Parmi eux, Frankie Stevens est député et ministre durant la première moitié des années 1990.

Références

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  1. a b et c « VANUATU La mort de Jimmy Stevens, le chef des sécessionnistes de l'île de Santo », Le Monde, 1er mars 1994
  2. a et b (en) "Jimmy Moses takes his land problems to the UN", Pacific Islands Monthly, avril 1971, p.53
  3. Marc Tabani, « Histoire politique du Nagriamel à Santo, Vanuatu », Journal de la Société des Océanistes, vol. 113, n°2, 2001, p.174
  4. a et b (en) Barbara A. West, "Jimmy Stevens", Encyclopedia of the Peoples of Asia and Oceania, Infobase Publishing, 2010, p.866
  5. a b et c (en) "Obituary: Jimmy Stevens", The Independent, 4 mars 1994
  6. (en) Marcellin Abong et Marc Tabani, Kago, Kastom and Kalja: The Study of Indigenous Movements in Melanesia Today, Cahiers du Credo, 2018, p.194
  7. Marc Tabani, « Histoire politique du Nagriamel à Santo, Vanuatu », op. cit., p.153
  8. ibid.
  9. Marc Tabani, « Histoire politique du Nagriamel à Santo, Vanuatu », op. cit., p.154
  10. Marc Tabani, « Histoire politique du Nagriamel à Santo, Vanuatu », op. cit., p.157
  11. (en) Jimmy Stevens, "The Nagriamel Movement", dans Howard Van Trease (dir.), Melanesian Politics: Stael Blong Vanuatu, université du Pacifique Sud, 1995, (ISBN 9820201195), p.227
  12. Marc Tabani, « Histoire politique du Nagriamel à Santo, Vanuatu », op. cit., p.158
  13. (en) "New Hebrideans clear the arena for the next round", Pacific Islands Monthly, janvier 1977, p.19
  14. (en) "Santo still 'National'", Pacific Islands Monthly, décembre 1976, p.16
  15. Marc Tabani, « Histoire politique du Nagriamel à Santo, Vanuatu », op. cit., p.159
  16. Marc Tabani, « Histoire politique du Nagriamel à Santo, Vanuatu », op. cit., pp.160-161
  17. « Vanuatu - Mort du fils de Jimmy Stevens », Sud Ouest, 31 août 1980
  18. (en) "Jimmy Stevens is free", Pacific Islands Monthly, septembre 1991, p.12
  19. (en) "A memory of the Coconut War: Rebel Leader Jimmy Stevens Freed", The Economist, 31 August 1991
  20. a et b (en) David Stanley, South Pacific Handbook, 2000, p.839

Liens externes

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  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste  :