Jean Espariat

maire d'Aix-en-Provence

Jean Espariat (Aix-en-Provence, Aix-en-Provence, ) était un avocat français qui fut le premier maire de la ville d'Aix-en-Provence. Il fut aussi commissaire du Roi pour la création du département des Bouches-du-Rhône, président du Tribunal civil du district d’Aix, député à l'Assemblée Législative, procureur général sous l'Empire et chevalier de la Légion d'honneur. Il est resté célèbre pour son intervention courageuse ayant évité un massacre entre le régiment de Vexin et celui de Royal-Marine le .

Jean Espariat
Illustration.
Espariat calmant les oppositions entre soldats de Vexin et Royal-Marine.
Fonctions
1er maire d'Aix-en-Provence

(9 mois et 1 jour)
Successeur Toussaint-Bernard Émeric-David
Député à l'Assemblée législative

(1 an)
Biographie
Nom de naissance Jean Espariat
Date de naissance
Lieu de naissance Aix-en-Provence
(Bouches-du-Rhône)
Date de décès (à 79 ans)
Lieu de décès Aix-en-Provence
(Bouches-du-Rhône)
Nationalité Drapeau de la France Française
Profession Avocat, magistrat, législateur

Jean Espariat
Maire d'Aix-en-Provence

Biographie

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Avocat au parlement de Provence

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D'abord placé comme apprenti pendant 8 ans auprès de son père, le maître orfèvre aixois Charles Espariat (1715-1785), Jean Espariat fit ensuite des études de droit dans sa ville natale. En 1767, il fut présenté par Jean-Joseph Pascalis devant le parlement de Provence pour y prêter son serment d'avocat[1]. L'année suivante, il devint docteur en droit de l'Université d'Aix.

Il était un ami intime de l'avocat et historien Charles-François Bouche qui fit comme lui de la politique à la fin de l'Ancien Régime.

Premier maire de la ville d'Aix-en-Provence

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Membre du Conseil de ville de la capitale provençale à plusieurs reprises au cours des années qui précédèrent la Révolution française, Jean Espariat fut proclamé premier maire d'Aix le au soir avec 663 voix sur 858 votants, contre le président de la chambre des Comptes, Aides et Finances de Provence, M. d'Albert de Bormes[2]. En revanche, l'élection des onze officiers municipaux fut plus laborieuse et nécessita quatre jours[3].

Au printemps 1790, Jean Espariat était l’un des trois commissaires du Roi délégués à la formation du département des Bouches-du-Rhône avec l'abbé de Quinson, prévôt de l’église d’Arles, et Antoine Balthazar Joachim d'André, député à la Constituante.

Jean Espariat administra Aix dans un contexte agité et dut endurer les attaques répétées des Antipolitiques (menés par l'abbé Rive, révolutionnaire forcené) qui formaient la faction la plus avancée de la Gauche.

Considéré comme un homme d'ordre modéré[4], le maire Espariat se rendit célèbre le en s’interposant courageusement, décoré de son écharpe, entre un régiment patriote, le régiment de Vexin et un régiment royaliste, le Royal-Marine, alors que ceux-ci allaient s'entre-massacrer sur le cours Saint-Louis à Aix[5]. Se jetant entre les deux régiments, il s'écrie : « Non, citoyens, je ne serai point témoin d'un aussi horrible spectacle, non, je n'aurai pas la douleur de voir mes frères s'exterminer entre eux. Faites feu, et la première victime sera celui qui voulait rétablir la concorde[6] ». Des estampes restituent cet acte héroïque. De cette manière, Espariat sauvegarda la paix civile à Aix durant quelques mois encore.

Il fut élu juge-président du Tribunal civil d'Aix à l'automne 1790 et se démit de ses fonctions de maire alors que des massacres se préparaient à Aix. À l’époque de ces massacres, qui emportèrent notamment son collègue l’avocat Pascalis, Espariat avait, depuis le [7], remis ses pouvoirs au vice-maire Toussaint-Bernard Émeric-David[8] qui eut certaines difficultés à justifier ces débordements tant le corps municipal d'Aix sembla passif en cette occasion.

Député à la Législative

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Les électeurs envoyèrent Jean Espariat, alors président du Tribunal civil du district d’Aix, à l’Assemblée législative pour le département des Bouches-du-Rhône en . Député de la Plaine, Espariat prit notamment la parole pour condamner les crimes d'Avignon et demander le renvoi des responsables devant la Haute Cour de justice. Il se montra ordinairement soucieux de préserver l'ordre public en Provence, mais c'était à la commission des finances qu'il se rendit le plus utile.

Un administrateur modéré

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À l'expiration de son mandat législatif, le , Jean Espariat revint à Aix et reprit ses anciennes fonctions judiciaires. Il fut emprisonné plusieurs mois sous la Terreur[9]. À la faveur de la Réaction thermidorienne, il fut nommé administrateur du département des Bouches-du-Rhône en 1795 puis destitué quelques mois plus tard par Fréron qui jugeait cette administration trop réactionnaire. Il se cacha alors plusieurs mois dans les Cévennes pour échapper aux représailles.

À travers les différentes fonctions exécutives, législative et judiciaires qu'il exerça sous la Révolution, Jean Espariat paraît soucieux de préserver l'ordre public et d'assurer la transformation des anciennes institutions françaises. Partisan d'une monarchie constitutionnelle mais déçu par les excès de la Révolution, il mit ensuite ses compétences juridiques au service d'institutions et de régimes susceptibles de garantir une certaine stabilité politique.

Procureur général sous l'Empire

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En 1796, Jean Espariat fut nommé commissaire du Directoire auprès des tribunaux civil et criminel du département des Bouches-du-Rhône. Le coup d'État du 18 fructidor an V entraîna à nouveau sa destitution. Il retrouva ses fonctions judiciaires sous le Consulat: Bonaparte le nomma commissaire du gouvernement près le tribunal spécial de la justice criminelle des Bouches-du-Rhône en 1803. Dans le cadre de cette fonction, Espariat fut chargé de requérir pour l'application de la loi et de poursuivre l'exécution des jugements rendus par le tribunal. Il conserva ces attributions à l'avénement de Napoléon Ier sous le titre de procureur général impérial près la Cour de justice criminelle et spéciale du département des Bouches-du-Rhône. À ce titre, Il assista au sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris à la fin de l'année 1804[10].

Ses fonctions judiciaires prirent fin vers 1810. Il se retira alors de la vie publique et mena une existence discrète entre sa maison de la rue du Trésor à Aix et des bastides provençales héritées de sa famille. Il était membre ordinaire de la Société des sciences, agriculture, arts et belles lettres d'Aix.

Il fut l'un des premiers chevaliers nommés dans l'Ordre de la Légion d'honneur en 1804[11]. Divers documents lui attribuent aussi un titre de chevalier de l'Empire.

Il mourut le dans sa ville natale[11].

Famille

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Jean Espariat était issu d’une ancienne famille de Provence dont la branche aixoise s'était enrichie sous l'Ancien Régime dans le commerce du luxe (soierie, orfèvrerie…). Son filleul, le banquier Jean-Joseph-Sextius Espariat, fut poursuivi devant la Chambre de pairs lors du Scandale des marchés d'Espagne sous la Restauration.

Son cousin germain, Jean-Baptiste Espariat (1753-1829), était le grand-père de Caroline-Félicie Peytavin (1821-1898), gouvernante des Enfants de France sous le Second Empire, épouse de l'amiral Bruat et mère de la dernière duchesse de Padoue. Il était aussi apparenté à l'évêque de Fréjus Louis-Charles-Jean-Baptiste Michel (1761-1845), à l'homme de lettres Lionel des Rieux (1870-1915), à l'explorateur Bernard d'Attanoux (1853-1921), etc.

Rue Espariat à Aix-en-Provence

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Une rue historique de sa ville natale porte le nom d'Espariat en son souvenir. Cette rue est la réunion de deux rues qui, avant 1811, se nommaient « rue des Salins » pour la partie haute et « rue du Saint-Esprit » pour la partie basse. C'était à cette époque une des portes d'entrée dans la ville d'Aix-en-Provence. Au bas de la rue, en effet, se dressait la porte des Augustins qui permettait de pénétrer dans l'ancienne ville comtale d'Aix[12]. Jean Espariat vécut entre 1791 et sa mort dans la rue du Trésor, qui est une perpendiculaire à l'actuelle rue qui porte son nom.

Annexes

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Notes et références

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  1. Geoges Guibal, Mirabeau et la Provence, vol. 2, Paris, Thorin, , p. 363
  2. Pascalis : étude sur la fin de la Constitution provençale, 1787-1790, Charles de Ribbe, Aix-en-Provence, 1854, p. 310.
  3. « La vie politique et administrative », Les Bouches-du-Rhône : encyclopédie départementale, Paul Masson (éd.), Raoul Busquet, Joseph Fournier, t. 5, 1929, p. 6.
  4. Histoire d'une ville. Aix-en-Provence, Scéren, CRDP de l'académie d'Aix-Marseille, Marseille, 2008, p. 99.
  5. Étienne Antoine Benoit Rouard, Notice sur la bibliothèque d'Aix, dite de Méjanes, Paris, Aix-en-Provence, 1831, p. 259.
  6. Cité in Aix ancien et moderne, J.-F. Porte, Aix-en-Provence, 1833, p. 79.
  7. Charles de Ribbe, op. cit., p. 262.
  8. À la suite de la démission d'Espariat, le député Bouche est élu à la mairie, mais il refuse le poste, qui échoit finalement à Émeric-David.
  9. J.-F. Porte, Aix ancien et moderne, Aix-en-Provence, 1833, p. 79.
  10. Relation Historique des Cérémonies,
  11. a et b Aix ancien et moderne, op. cit., p. 80.
  12. « La ville comtale d'Aix » Généprovence.com.

Sources et bibliographie

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  • « Jean Espariat », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Archives parlementaires; documents issus des archives municipales d'Aix-en-Provence ; archives privées. (Sources primaires)
  • Encyclopédie départementale des Bouches-du-Rhône, Paul Masson, éd. 1913.
  • Pascalis, étude sur la fin de la Constitution provençale, 1787-1790 de Charles de Ribbe, éd. 1854.
  • Les débuts de la Révolution en Provence de Jules Viguier, éd. 1895.
  • Mémoires de Barbaroux de Charles Jean Marie Barbaroux, éd. 1936.
  • Étude sur l'héroïsme civil d'E. Charavay, éd. 1881.

Articles connexes

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Liens externes

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