Marcel Dieu

bouquiniste, essayiste, éditeur, militant antimilitariste et socialiste libertaire belge
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Marcel Dieu dit Hem Day, né le à Houdeng-Gœgnies et mort le à Evere (Bruxelles), est un bouquiniste, essayiste, éditeur, militant antimilitariste et socialiste libertaire belge.

Marcel Dieu
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En 1933, avec Léo Campion, il est le premier objecteur de conscience belge à renvoyer son livret militaire.

Son œuvre éditoriale est considérable : brochures diverses, biographies de militants, nombreux articles dans la presse libertaire internationale, conférences, participation à de nombreux meetings pour la paix, le droit d'asile, etc.

Biographie

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Anticonformiste et révolté dès son adolescence, il se déclare végétarien alors que son père est boucher.

Après la Première Guerre mondiale, il prend une part active à la reconstruction du mouvement libertaire et participe le au premier congrès de l'Union anarchiste de Belgique (réunissant fédération wallonne et flamande).

Il collabore, dès 1922, au journal L'Émancipateur[1] suivi par Le Combat[2] (dont il sera le gérant).

Fin 1925, le congrès anarchiste le désigne comme secrétaire-trésorier, il y fait adopter la résolution antimilitariste qui préconise la grève générale pour répondre à toute mobilisation.

Il est très actif dans la campagne pour sauver Sacco et Vanzetti.

En 1927, est créé le Comité International de Défense Anarchiste. Hem Day en est nommé secrétaire (tâche qu'il assumera jusqu'en 1939).

Sa boutique de bouquiniste à Bruxelles (Aux joies de l'esprit), et le reste de sa maison, deviennent alors un refuge pour de nombreux proscrits (de toutes nationalités). Francisco Ascaso, Buenaventura Durruti et Gregorio Jover[3] y séjourneront avant de retourner en Espagne en 1931, ainsi que Louis Mercier-Vega en 1939.

Il publiera également entre 1927 et 1928 le journal Rebelle[4].

Selon Pol Defosse dans son Dictionnaire historique de la laïcité en Belgique, Hem Day est initié franc-maçon en 1932 à la loge Vérité du Droit Humain, obédience mixte[5].

Malgré son opposition à toute forme de guerre, Hem Day part en 1937 pour l’Espagne afin de participer à la révolution sociale. À Barcelone il participe aux émissions de radio de la CNT-FAI, et visite le front. Il revient convaincu de l’inutilité de la violence dans la révolution et devient un farouche partisan de la non-violence[6].

Le , à l'invitation du Cercle d'Études Populaires de Nimes, il donne une conférence : Le Fascisme contre l'intelligence : Franco contra Goya[7]. Il est expulsé de France par les autorités.

Empreint de la pensée pacifiste d'Han Ryner[8], ami d'E. Armand et de Sébastien Faure, il poursuit durant la guerre son action de solidarité.

En 1945, il adhère à l'Internationale des résistant(e)s à la guerre.

Premier objecteur de conscience

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En 1933, une figure de proue du parti Libéral belge, Albert Devèze, ministre de la Défense Nationale, dépose un projet de loi interdisant toute propagande pacifiste et toute diffusion d'idées antimilitaristes. Sans attendre, Hem Day et Léo Campion renvoient leurs livrets militaires[9].

La réponse ne tarde guère, un mois après, le ministre rappelle les deux hommes sous les armes par mesure de discipline, ils doivent rejoindre leur unité. Ce qu'ils refusent de faire. Ils sont arrêtés quelques jours plus tard[10].

Hem Day est arrêté dans la rue. Le , il comparaît avec Léo Campion devant le Conseil de Guerre. De nombreuses personnalités sont venues les soutenir, dont Han Ryner et Isabelle Blume. Les témoins refusent de prêter serment en disant « Je jure de dire la vérité, toute la vérité, ainsi m'aide Dieu. » Devant l'insistance du Président, ils prononcent la formule en se tournant vers Hem Day puisqu'il s'appelle en réalité Marcel Dieu[11].

Hem Day déclare d'emblée : « Je suis ici, non en accusé, mais en accusateur ! ». Personne n'attend une condamnation, mais seulement une joute oratoire, les notes relatives au service militaire des prévenus sont bonnes et tout ce que l'on peut leur reprocher, est d'avoir refusé de répondre à un rappel imposé à titre de sanction. Prenant la parole, tour à tour, les accusés se transforment en accusateurs et ridiculisent les autorités judiciaires et militaires.

Paul-Henri Spaak, futur homme politique de tout premier plan et notamment secrétaire général de l'OTAN, plaide pour les accusés : « La guerre à présent, ce sont les colonies, le pétrole, le prestige de tel gouvernement. La guerre aujourd'hui, c'est le résultat de tous les impérialismes. » Il s'interroge ensuite sur le concept de patriotisme pour les millions de chômeurs et de sans-abris engendrés par la crise[11].

Le verdict est lourd : 2 ans de prison pour lui et 18 mois pour Campion.

L'affaire risque de tourner au cercle vicieux puisque, une fois leur peine purgée, les condamnés allaient être rappelés et refuseraient immanquablement à nouveau de se soumettre à cette injonction et seraient à nouveau condamnés... De nouvelles protestations s’élèvent et en appel, la peine est réduite pour chacun des condamnés.

Mais, ceux-ci refusent toute sanction et, avec un autre objecteur, Lionel de Vlaminck, entament une grève de la faim[12].

L'opinion publique, craignant que la plaisanterie ne tourne au tragique, exige une libération immédiate. Les avocats des accusés, Deublet et Spaak, et d'autres citoyens renvoient leurs livrets militaires. Des anciens combattants sont prêts à les imiter[13]. La pression exercée est si forte que le sort du gouvernement s'en trouve menacé. Autorités et ministres ne savent comment se tirer de l'impasse. Par une formule saugrenue, ils tentent de sauver la face : Campion et Hem Day sont renvoyés de l'armée car indignes de figurer plus longtemps dans ses rangs. Ils sont chassés de l'armée pour cause d'avoir été condamnés pour ne pas vouloir y rester !

Toute cette agitation aboutit donc à la libération des trois objecteurs de conscience[14],[13] et, également, à l'abandon du projet Devèze.

Un livre, édité en 1968, reviendra, documents à l'appui, sur cette affaire[15].

Éditeur libertaire

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Pensée et Action, no 1, 20 septembre 1945.

De 1932 à 1939, il édite la revue Pensée et Action[16]. La publication étant interrompue pendant la guerre, il la fait reparaître en 1945[17].

En 1953, elle prend le titre Les Cahiers de Pensée et Action[18].

Jusqu'à sa mort[19], Hem Day publie des dizaines d'ouvrages sous l'intitulé des Éditions Pensée et action (Paris-Bruxelles)[20]. Pour lui, « On ne le dira jamais assez, l’anarchisme, c’est l’ordre sans le gouvernement ; c’est la paix sans la violence. C’est le contraire précisément de tout ce qu’on lui reproche, soit par ignorance, soit par mauvaise foi. »[21]

Après sa disparition, sa bibliothèque et ses archives seront remises à la grande Bibliothèque de Bruxelles.

Œuvres

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  • Aperçu de la question religieuse en Espagne, Action rationaliste belge, 1932[22].
  • Bakounine et sa Confession, suivi de La légende de la dictature chez Bakounine, La Brochure mensuelle, no 155-156, 1935[23].
  • Érasme, F. Piton, Bibliothèque de l'artistocratie, no 67, 1936[24].
  • Le Fascisme contre l'intelligence : Franco contra Goya (conférence ), Éditions du Cercle d'Études Populaires (Nimes), 1937[7].
  • Alerte, voici les gaz !, Éditions Pensée et action, 1938[25].
  • Étienne de La Boétie, R. Debresse, Bibliothèque de l'artistocratie, no 103, 1939[26].
  • Souvenirs sur Han Ryner, Les Amis de l'artistocratie, Bibliothèque de l'artistocratie, no 123, 1946[27].
  • Non-violence et action directe, Éditions Pensée et action, 1948[28].
  • L'objection de conscience et la loi en Belgique, Section belge de l'Internationale des résistant(e)s à la guerre, 1949[29]
  • Ernestan (1898-1954) : sa vie, son œuvre, Éditions Pensée et action, 1955[30].
  • Ernestan : essai de bibliographie, Éditions Pensée et action, 1955[31].
  • Ernestan (1898-1954) : sa vie, son œuvre, Éditions Pensée et action, 1955[32].
  • Avec André Prudhommeaux, Ernestan (1898-1954) et le socialisme libertaire, Paris-Bruxelles, Pensée et Action, 1955.
  • Deux Frères de bonne volonté Élisée Reclus et Han Ryner, Éditions les Amis de Han Ryner et Pensée et action, 1956[33].
  • Élisée Reclus en Belgique : sa vie, son activité, Éditions Pensée et action, 1956[34].
  • Un en-dehors, Manuel Devaldès, 1875-1956, Paris-Bruxelles, Pensée et Action, 1957, notice.
  • Bible de l'objecteur de conscience et de raison, Éditions Pensée et action, 1957[35].
  • Louise Michel, Jules Verne, de qui est "Vingt mille lieues sous les mers" ? suivi de Louise Michel, poète, Éditions Pensée et action, 1959[36].
  • Bibliographie de Louise Michel : 1830-1905, Éditions Pensée et action, 1959[37].
  • Francisco Ferrer : un précurseur, Éditions Pensée et action, 1959.
  • Essai de bibliographie sur l'œuvre de Francisco Ferrer, Éditions Pensée et action, 1960[38].
  • Gérard de Lacaze-Duthiers : l'artistocratie en action, Éditions Pensée et action, 1960[39].
  • Gérard de Lacaze-Duthiers : le pacifiste, Éditions Pensée et action, 1960[40].
  • Ferdinand Domela Nieuwenhuis : vie et pensée, Éditions Pensée et action, 1960[41].
  • Essai de bibliographie sur l'œuvre de Sébastien Faure, Éditions Pensée et action, 1961[42].
  • Essai de bibliographie sur l'œuvre de Gérard de Lacaze Duthiers, Éditions Pensée et action, 1960[43].
  • Individualisme d'harmonie chez Han Ryner, Paul Avrich Collection (Library of Congress), Éditions Pensée & action, 1963[44].
  • E. Armand, Sa vie, sa pensée, son Œuvre, Paris-Bruxelles, Éditions Pensée et action, 1964.
  • Bibliographie de Hem Day, Éditions Pensée et action, 1964[45].
  • Bibliographie de Michel Bakounine, Éditions Pensée et action, 1966[46].
  • Autour d'un procès avec Léo Campion, Éditions Pensée et action, 1968[47].
  • Zo d’Axa, mousquetaire ; patricien de l’an-archie, Éditions Pensée et action, 1968.
  • Essai d'une bibliographie littéraire consacrée à la mine et aux mineurs, Lallaing, Impr. du "Musée du soir", sans date[48].
  • Histoire du chant de L'Internationale, Le Combat syndicaliste, 1970[49].

Traductions

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  • Hem Day, Erich Mühsam, Éditions Pensée et action, 1939[50] (publié d'abord en français en 1934[51]).
  • Hem Day, Eugen Relgis, Vladimiro Muñoz, Dos hermanos de buena voluntad, Eliseo Reclus y Han Ryner, Ediciones "Solidaridad", Montevideo, Uruguay, 195-[52].

Préfaces

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  • Ernestan, Valeur de la liberté. Le Socialisme contre l'autorité. Socialisme et humanisme., Paris, La Ruche ouvrière, 1966[53].

Articles

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Notes et références

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  1. L'Éphéméride anarchiste notice
  2. L'Éphéméride anarchiste notice.
  3. L'Éphéméride anarchiste notice
  4. L'Éphéméride anarchiste notice
  5. books.google.be - texte intégral
  6. Mundaneum - notice
  7. a et b WorldCat - notice.
  8. L'Éphéméride anarchiste notice
  9. Marcel Campion et Hem Day, « Dans le courrier de M. Devèze », Le Libertaire,‎ , p. 3
  10. Alternative Libertaire notice.
  11. a et b Jean-François Füeg, « Deux anarchistes devant le Conseil de Guerre. Hem Day - Léo Campion 1933 », sur calameo.com (consulté le )
  12. « Les objecteurs de conscience belges font la grève de la faim », L'Œuvre,‎ , p. 3
  13. a et b Georges Pioch, « La vie qui passe ou qui s'attarde », La Volonté,‎ , p. 1-2 (lire en ligne  )
  14. « Belgique », Le Libertaire,‎ , p. 3
  15. WorldCat - notice.
  16. Cgeacf notice
  17. L'Éphéméride anarchiste notice.
  18. Nicolas Inghels, Le mouvement anarchiste en Belgique francophone de 1945 à 1970, Université libre de Bruxelles, 2002, Pensée et Action.
  19. Cgeacf notice.
  20. WorldCat - notice.
  21. Hem Day, Violence - Non-violence - Anarchie, L'Unique, no 54-55-58, 1951, cité par Xavier Bekaert dans Anarchisme. Violence. Non-Violence. Petite Anthologie de la révolution non-violente chez les principaux précurseurs et théoriciens de l'anarchisme, Éditions du Monde libertaire & Éditions Alternative libertaire (Belgique), 2000, page 27 [lire en ligne].
  22. WorldCat - notice.
  23. WorldCat - notice.
  24. WorldCat - notice.
  25. BNF - notice
  26. WorldCat - notice.
  27. WorldCat - notice.
  28. BNF - notice
  29. Sudoc - notice.
  30. BNF - notice
  31. BNF - notice
  32. Bibliothèque nationale de France notice
  33. BNF - notice
  34. BNF - notice
  35. BNF - notice
  36. BNF - notice
  37. BNF - notice
  38. BNF - notice
  39. BNF - notice
  40. BNF - notice
  41. BNF - notice
  42. BNF - notice
  43. BNF - notice
  44. WorldCat - notice.
  45. BNF - notice
  46. BNF - notice
  47. WorlCat : notice
  48. BNF - notice
  49. WorldCat - notice
  50. WorldCat - notice.
  51. WorldCat - notice.
  52. WorldCat - notice.
  53. BNF - notice
  54. René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, thèse de doctorat, université d’Aix-Marseille, 1987, 3503 pages, L’Encyclopédie anarchiste.

Voir aussi

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Bibliographie

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Travaux universitaires
  • Nicolas Inghels, Histoire du mouvement anarchiste en Belgique francophone de 1945 à aujourd'hui, revue Dissidences, , texte intégral.
  • Nicolas Inghels, Le mouvement anarchiste en Belgique francophone de 1945 à 1970, Mémoire de Licence en Histoire contemporaine, sous la direction de José Gotovitch, Université libre de Bruxelles, 2002, texte intégral & texte intégral.
Articles

Articles connexes

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Liens externes

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