Forteresse Kirk-Kiz

monument historique ouzbek

La forteresse Kirk-Kiz (en ouzbek : Qirq-Qiz ; en russe : Кырк-кыз), parfois écrit Kyrk-Kyz, Qyrq-Qyz ou Qirq-Qiz selon les sources, est un fort datant du IXe siècle situé près de Termez, en Ouzbékistan.

Forteresse Kirk-Kiz
Vue de l'intérieur depuis le haut de la muraille en 2009.
Présentation
Type
Forteresse
Destination initiale
Incertain
Destination actuelle
Ruine (patrimoine)
Style
Sogdien et post-sogdien
Architecte
Inconnu
Matériau
Terre battue, briques sèches, argile
Construction
Envergure
54 à 55 mètres
Patrimonialité
Objet d'un patrimoine culturel matériel significatif de l'Ouzbékistan (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
Commune
Namouna, près de Termez
Coordonnées
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Ce monument historique est généralement qualifié de forteresse, de fort voire de citadelle, mais les chercheurs ont émis plusieurs hypothèses sur son utilisation et son histoire. L'origine de son nom, signifiant « Quarante filles », est également incertaine, plusieurs légendes étant évoquées à ce sujet.

Légendes liées à son nom modifier

Il n'existe pas d'explication certaine à propos du nom de cette forteresse, qui signifie « Quarante filles »[1]. Certaines sources traduisent d'ailleurs le nom par « Quarante vierges »[2]. Plusieurs légendes sont évoquées à ce propos.

Une des histoires parle de quarante guerrières mongoles, parfois désignées comme les filles d'un seigneur local[1]. Certains récits indiquent qu'elles maniaient le sabre et qu'elles étaient emmenées par une belle amazone nommée Gavhar[2] ou Gulaim[3] selon les versions. Ce groupe de guerrières aurait défendu la forteresse durant quarante jours et quarante nuits[2], peut-être contre des raids de tribus nomades[3]. À la fin de la bataille, Gavhar, gravement blessée, aurait défié le chef ennemi en tête-à-tête, ce dernier étant alors tellement impressionné par la beauté et la bravoure de la combattante qu'il lui aurait demandé pardon avant d'ordonner à son armée de faire demi-tour[2].

Une autre version raconte qu'un padishah, alors à la tête de Termez, avait quarante filles[2]. L'arrivée d'un sage soufi sema la panique chez les mollahs que ce noble consultait, car le sage avait une meilleure connaissance qu'eux des enseignements du prophète Mahomet[2]. Les mollahs répandirent alors des rumeurs diffamatoires sur le sage, que le padishah finit par condamner à mort par le feu[2]. Les cendres du sage auraient alors été versées dans l'Amou-Daria au moment où les quarante filles se baignaient, puis celles-ci s'avérèrent toutes enceintes, ce qui déclencha la colère de leur père, qui ordonna de les enfermer dans le fort, où elles donnèrent naissance à quarante garçons[2].

Une autre légende affirme que le nom fait référence aux quarante mères à l'origine des Kirghizes[1].

Il existe également une légende expliquant que quarante servantes nubiles y gardaient l'âme de l'Asie centrale[1].

Histoire et description modifier

 
Vue de l'extérieur.

La forteresse Kirk-Kiz est située vers le village de Namouna, dans le district de Termez[2], à 3 kilomètres de la ville principale[3].

La construction de la forteresse Kirk-Kiz a débuté au IXe siècle. Il a sans doute servi de résidence de campagne aux dirigeants mongols de la dynastie des Samanides aux IXe et Xe siècles[1], ou simplement de résidence d'été de l'émir[2]. En étant à l'écart de Termez, elle permettait sûrement aux dignitaires d'échapper à la population dense et à l'air suffocant de la ville en bénéficiant des jardins et des aryks situés autour[4]. D'autres hypothèses ont été avancées par les chercheurs au sujet de son utilisation, par exemple une khanqah[4], un caravansérail[3],[4], voire une simple construction civile[3]. Le nombre d'ouvertures et la faiblesse des éléments de fortification suggèrent que son objectif principal n'était pas défensif[4].

Il s'agit sûrement d'un kouckh, c'est-à-dire un fort caractéristique de la période féodale sogdienne ou post-sogdienne[1]. Son style architectural combine des influences préislamiques et islamiques[1]. Elle est construite en terre battue[2] et en briques sèches[3], le tout étant enduit d'argile jaunâtre[4]. Les formes se sont arrondies avec le temps et l'érosion[2]. L'enceinte est une muraille carrée de 55 mètres de côté (ou 54 mètres selon les sources[3],[4]), avec quatre entrées[4], dont une entrée principale située au nord[1]. Des fenêtres y sont percées et des tours en renforcent les coins[3].

L'intérieur est constitué de cinquante pièces, reliés par un ensemble de couloirs sinueux et en partie voûtés[1]. L'ensemble est divisé en quatre parts de taille égale par des allées qui se croisent au centre[3]. Le tout était initialement organisé sur deux étages autour d'une cour centrale, l'étage et les toits n'ayant pas été conservés[1]. La cour, également carrée, mesure 11,5 mètres de côté[3],[4]. Les avis des chercheurs divergent sur l'existence passée d'un dôme au-dessus de cette cour[3].

Parmi les pièces, figurent des chambres à coucher et une mosquée à six coupoles[1]. Les deux quarts situés au nord montrent des plans identiques au sol, avec cinq pièces débouchant sur un couloir[3]. La partie au sud-ouest propose quasiment la même disposition, avec une pièce plus grande, comprenant trois piliers[3], servant probablement de mikhmankhana, c'est-à-dire de salon[4].

Outre les voûtes et arches, la décoration intérieure est assez pauvre[4]. Des traces de peinture sont encore visibles sur les voûtes[2]. L'identité des architectes du lieu est inconnue[2].

Notes et références modifier

  1. a b c d e f g h i j et k Calum MacLeod et Bradley Mayhew (trad. de l'anglais), Ouzbékistan, Genève, Olizane, coll. « Découverte », , 3e éd., 349 p. (ISBN 978-2-88086-361-6), p. 230-231.
  2. a b c d e f g h i j k l m et n « Forteresse Kirk-Kiz », sur centralasia-travel.com (consulté le ).
  3. a b c d e f g h i j k l et m (en) « Fortress Kirk Kiz, Termez », sur advantour.com (consulté le ).
  4. a b c d e f g h i et j (en) « Kirk Kiz Khanaka », sur orexca.com (consulté le ).

Voir aussi modifier

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