Aztréonam

composé chimique

L'aztréonam est un agent antibactérien de la classe des monobactames. Il est le premier représentant des monobactames, qui appartiennent à la famille des bêta-lactames. Cet antibactérien est utilisé en milieu hospitalier dans le cadre d'infections sévères.

Aztréonam
Image illustrative de l’article Aztréonam
Représentation plane de l'Aztréonam
Identification
Nom UICPA Acide (Z)-2-[[[(2-amino-4-thiazolyl)[[(2''S'',3''S'')-2-méthyl-4-oxo-1-sulfo-3-azétidinyl] carbamoyl]méthylène]amino]oxy]-2-méthylpropionique
No CAS 78110-38-0
No ECHA 100.071.652
No CE 278-839-9
Code ATC J01DF01
DrugBank DB00355
PubChem 54116
SMILES
InChI
Apparence Solide
Propriétés chimiques
Formule C13H17N5O8S2  [Isomères]
Masse molaire[1] 435,433 ± 0,025 g/mol
C 35,86 %, H 3,94 %, N 16,08 %, O 29,39 %, S 14,73 %,
pKa -0,7 ; 2,75 ; 3,91
Précautions
Directive 67/548/EEC

Écotoxicologie
DL50 >10 000 mg·kg-1 souris oral
1 963 mg·kg-1 souris i.v.
3 906 mg·kg-1 souris s.c.
2 897 mg·kg-1 souris i.p.
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 100 % (injection intramusculaire)
Liaison protéique 56 %
Métabolisme hépatique
Demi-vie d’élim. 1,7 heure
Excrétion

rénale


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L’aztréonam est obtenu par synthèse totale. Les avantages de cette molécule sont une distribution extravasculaire et tissulaire rapide et l’absence d’accidents d’entérites pseudomembraneuses par respect du microbiote intestinal humain.

Pharmacodynamie

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Mécanisme d'action

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L'aztréonam fait partie de la famille des β-lactamines[2],[3] et partage donc un mécanisme d'action commun avec les autres molécules de cette classe. Son effet repose sur l'inhibition de la synthèse du peptidoglycane bactérien, la structure recouvrant la membrane plasmique. Cela mène d'une part un effet bactériostatique (endiguant la croissance bactérienne) et d'autre part à un effet bactéricide (mort de la bactérie) via l'activation d'enzymes lytiques.

Spectre antibactérien

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L'aztréonam possède un spectre étroit limité aux bactéries à gram négatif. Il peut donc être utilisé sur les entérobactéries Proteus spp., Shigella spp., Escherichia coli mais aussi sur Pseudomonas aeruginosa, Haemophilus influenzae ainsi que sur Neisseria gonorrhoeae. La prescription de cette molécule doit s'appuyer sur l'antibiogramme.

Résistances

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Les bactéries gram positif ainsi que les anaérobies possèdent une résistance naturelle à cette molécule. Il existe cependant des résistances acquises malgré la grande stabilité des monobactames vis-à-vis des β-lactamases. Les entérobactéries productrices de BLSE (β-lactamase à spectre élargi) et certaines céphalosporinases sont capables d'inactiver l'aztréonam.

Pharmacocinétique

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La biodisponibilité par voie orale est quasiment nulle et impose l'administration par voie parentérale. L'aztréonam diffuse dans tous les tissus à l'exception du liquide cérébrospinal (LCS) — contre-indiquant l'utilisation en cas de méningite bactérienne — et dans les sécrétions bronchiques. Sa demi-vie est courte (1,6 à 2 heures) ce qui nécessite de répéter régulièrement les injections. L'excrétion est majoritairement rénale sous forme inchangée. Cette dernière caractéristique permet son emploi dans les infections urinaires.

Indications thérapeutiques

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L’aztréonam, administré par voie intramusculaire ou intraveineuse, est indiqué dans les situations suivantes[4],[5] :

  • les infections graves des voies urinaires hautes et basses ;
  • les infections sévères à bactéries gram négatif sensibles : infections bronchopulmonaires, septicémies, infections de la peau et parties molles, infections intra-abdominales, infections gynéco-obstétricales. Les méningites à méningocoque ne sont pas une indication.

L'utilisation d'un autre agent antibiotique de manière concomitante est souvent d'usage afin de couvrir les bactéries à gram positif. On peut l'associer avec les aminosides ou la pipéracilline.

L'aztréonam existe également en poudre pour nébuliseur (dénomination commerciale : Cayston[6],[7]) permettant son administration par voie inhalée. Il est utilisé dans le traitement des infections pulmonaires chroniques dues à Pseudomonas aeruginosa chez le patient atteint de mucoviscidose.

Contre-indications

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La seule contre-indication est l'hypersensibilité à l'aztréonam. La grossesse et l'allaitement ne sont pas des contre-indications[8].

Effets indésirables

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L'aztréonam et les molécules de la famille des β-lactames présentent généralement une bonne tolérance. La monographie liste les effets indésirables connus. Ils incluent entre autres des troubles digestifs et hématologiques transitoires[4].

Allergies

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Il n'y a aucune allergie croisée avec les autres β-lactames : pénicillines, céphalosporines

Compatibilité

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L’Azactam peut être dilué dans la plupart des solutions de perfusion en particulier chlorure de sodium 0,45 et 0,9 %, glucose 5 et 10 %, mannitol 5 et 10 %.

Caractéristiques physicochimiques

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Synthèse

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L'aztréonam peut être synthétisé à partir de l’acide 3-aminomonobactamique (3-AMA).

  • Spectroscopie UV : les spectres UV dans l’eau et le méthanol sont très différents (voir spectre UV de l’aztréonam 10 μg·mL-1 dans la phase mobile en annexe). Les caractéristiques UV de l’aztréonam sont pH dépendantes. Un point isobestique est présent à 250 nm.
  • Solubilité : la solubilité du zwitterion de l’aztréonam est limitée à pH 1-3 mais avec l’ionisation de la fonction carboxyle, elle augmente à pH supérieur à 3.

Stabilité

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Les deux produits de dégradation principaux sont l’isomère E et le produit de dégradation provenant de l’ouverture du noyau bêta-lactame. Les autres produits de dégradation décrits sont la forme désulfonée et des oligomères.

La réaction d’isomérisation Z-aztréonam = E-aztréonam est la plus importante. Cette réaction est 100 fois plus importante que la réaction parallèle Z-aztréonam → produits, celle-ci étant elle-même 4 fois plus importante que la réaction E-aztréonam → produits[9].

L’aztréonam est utilisé à une concentration de 5 mg·L-1 et 20 mg·L-1. La formulation inclut du glucose 5 % ou du chlorure de sodium 0,9 %. L’aztréonam à une concentration de 10 mg·L-1 et 20 mg·L-1 dans du NaCl 0,9 % est stable pendant 48 heures à 25 °C et pendant 7 jours à °C[10]. Le temps nécessaire pour atteindre 10 % de décomposition d’une solution d’aztréonam à 20 g·mL-1 dans du NaCl 0,9 % conservée à °C est 267 jours[11]. L’aztréonam à 10 mg·L-1 dans du NaCl 0,9 % est stable jusqu’à 30 heures à température ambiante et 94 heures au réfrigérateur[12]. Une étude de stabilité de solutions d’aztréonam (5 mg·L-1 et 20 mg·L-1) dans du glucose 5 % et du chlorure de sodium 0,9 % dans des diffuseurs en polyisoprène valide une durée de 24 heures à 37 °C et de 8 jours au réfrigérateur[13]. Une autre étude rapporte une stabilité de 48 heures à température ambiante dans des seringues en polypropylène[14].

Notes et références

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  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. « Aztréonam - Infections », sur Manuels MSD pour le grand public (consulté le )
  3. « Aztréonam : substance active à effet thérapeutique », sur VIDAL (consulté le )
  4. a et b « Azactam 1 g, poudre et solution pour usage parentéral - Résumé des caractéristiques du produit », sur base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr Base de données publique des médicaments, (consulté le )
  5. « AZACTAM® »   [PDF], sur le site de la HAS
  6. « Résumé des Caractéristiques Produits : Cayston », sur ec.europa.eu Commission européenne (consulté le )
  7. « Fiche info Cayston », sur base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr Base de données publique des médicaments, (consulté le ).
  8. « Centre de Référence des Agents Tératogènes : Aztréonam », sur www.lecrat.org Centre de Référence des Agents Tératogènes (CRAT), (consulté le )
  9. Zajac M, Jelinska A, Cielecka--Piontek J, Bakler « Stability of Aztreonam in Azctam » Il Farmaco 60 2005, 569-603
  10. JAMES M., RILEY C., Stability of intraveinous admixtures of aztreonam and ampicilline, Am J Hosp Pharm 1985, 42: 1095-1100
  11. MACLAUGHLIN J., SIMPSON C., The stability of reconstituted aztreonam, Practice research 1990 n° 1233, 328-334
  12. BELLIVEAU P., NIGHTINGALE C., QUINTILLIANI R., Stability of aztreonam and ampicilline sodium-sulbactam sodium in 0,9% sodium chloride injection, Am J Hosp Pharm 1994, 51 : 90 1-4
  13. VINKS A., TOUW D., VAN ROSSEN R., HEIJERMAN H., BAKKER W., Stability of aztreonam in a portable pump reservoir used for home intravenous antibiotic treatment, Pharm world sci 1996, 18 (2), 74-77
  14. MARBLE D.A., BOSSO J.A., TOWNSEND R.J., Compatibility of clindamycine phosphate with aztreonam in polypropylene syringues and with cefoperazone sodium, cefonicid sodium, and cefuroxine sodium in partial-fill glass bottles, Drug intelligence and clinical pharmacy 1988, 22 (1), 54-7

Voir aussi

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Liens externes

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  • Azactam sur Meddispar (Ordre national des pharmaciens)
  • Fiche de la Commission de Transparence: Azactam
  • Fiche de la Commission de Transparence: Cayston
  • (en) Toxicité de l'aztréonam sur Toxnet